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Trans HPF Month


Parce que notre communauté est une communauté bienveillante qui condamne les propos transphobes de JK Rowling, les bénévoles d'HPFanfic, du Héron et du forum vous proposent un mois en soutien aux personnes trans : nuits à thèmes sur le forum, prompts de la part des équipes de modération, ateliers d'écriture sur ce sujet, mise en avant de ces textes dans l'encart réservé aux sélections sur la page d'accueil... Cliquez ICI pour en savoir plus et nous rejoindre !

De Les équipes d'HPF le 31/05/2023 19:49


132ème Nuit d'HPF


Chers membres d'HPF,


Nous vous informons que la 132e édition des Nuits d'HPF se déroulera le samedi 10 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les Nuits d'écriture en vous inscrivant ici !


Pour en savoir plus sur les Nuits, on vous explique tout sur ce topic.


A très bientôt !



De L'équipe des Nuits le 29/05/2023 11:41



Bonjour à tous et à toutes,

Les modératrices d'HPFanfiction vous informent que la liste de personnages a été étoffée de deux noms :

- Isla Black

- Personnage mystère, si vous voulez maintenir l'identité de votre personnage secrète jusqu'à la fin !

 

 


De L'équipe de modération d'HPFanfiction le 17/05/2023 17:11


131ème Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,


Nous vous informons que la 131e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 19 mai à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !


Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.


A très bientôt !



De L'équipe des Nuits le 02/05/2023 19:01


Sélections du mois


Félicitations à AlbusDumbledore, Amnesie et Samantha Black qui remportent la Sélection CrossOver !

Pour le mois de avril, venez lire la Sélection Concours HPF ! Vous pouvez découvrir onze histoires courtes, écrites dans le cadre des concours du forum, et voter jusqu'au 30 avril ici.

Qui veut lire sur Susan Bones, sur Gwendoline la Fantasque, sur Charlie Weasley, sur la Tante Muriel... ? Qui veut lire sur tous les Personnages secondaires et tertiaires de la saga ? La sélection du mois de mai ! Vous avez jusqu'au 30 avril pour proposer des textes (vos deux fanfictions favorites, ou votre favorite si elle fait plus de 5000 mots) sur ce thème. Pour ce faire, rendez-vous ici ou bien répondez directement à cette news.


De L'équipe des Podiums le 11/04/2023 11:47


Concours : Univers Alternatifs en folie !


Comment imaginez-vous Harry Potter dans l'univers des pirates ? ou dans un jeu de téléréalité ?

Fleur d'épine vous propose un nouveau concours "Univers alternatifs en folie" afin de répondre à ces questions. Vous aurez le choix entre plusieurs catégories d'univers alternatifs : Mafia AU, Pirates AU, Singer AU, University AU, TV Réalité AU et Fandom AU. Vous pourrez ensuite proposer un (ou plusieurs) texte(s) jusqu'au dimanche 26 juin à 23h59 . N'hésitez pas aller sur le topic du forum pour toutes informations supplémentaires ici.
A très bientôt !

De le 28/03/2023 18:47


Comment tuer les fantômes ? par CacheCoeur

[8 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

TW : deuil, fantômes, SPT.

Un chapitre tous les samedis.

Sur l'amitié.

Sur l'amour.

La peur de grandir.

et le temps qui passe.

90 000 mots.

Fait partie de mon univers De meilleurs lendemain

Se lit après Mistinguette et A(h) la belle étoile...(!).

Lien vers la playlist

Pour ceux et celles qui combattent parfois encore quelques fantômes

On en a tous.

 

Bonne lecture

Note de chapitre:

 

Intro _ M83

Die Together - Amanda Tenjford

roses - Jean-Michel Blais

The attraction of youth - Barns Courtney


Are you having a good time?
Doesn't seem like you're all fine
We don't laugh anymore
And when we cry we do it on our own

 

Chine, 20 mars 2030, 14h15, heure de Pékin

 

- Comment on tue les fantômes ?

Allénore Rameaux et Nilam Wallergan continuèrent de fixer la tombe devant elles, les joues froides et leurs mains serrées l'une dans l'autre. Elles ne se regardèrent pas, ne soupirèrent pas, ne pleurèrent pas et ne parlèrent pas. Seule une question semblait vivre entre elles deux, inanimées et figées dans l'air glacé.

Dans leurs esprits, tournaient en boucle le rire de Jia Li Wu et son parfum entêtant, presque capiteux, de jasmin. De concert, les deux anciennes Serdaigle et camarades de chambre fermèrent les yeux pour ne plus voir ce nom, gravé sur cette tombe, et ces fleurs blanches à l'arôme insupportable.

- On ne peut pas tuer les fantômes, chéri. On apprend à vivre avec, répondit la mère à son enfant.

Allénore ouvrit les yeux et enleva sa main de celle de Nilam, comme si elle s'était soudainement brûlée. Elle admira le petit garçon, en train de vagabonder parmi les tombes du cimetière sorcier chinois de Pékin. Le vent s'engouffra à travers la dentelle fine et blanche de sa veste qu'Allénore resserra autour de son corps.

Les colibris de papier qui volaient autour de sa tête se posèrent sur celle-ci. Nilam les contempla avec admiration. La belle magie d'Allénore lui avait manqué.

Ces derniers mois avaient été les plus heureux de la vie d'Allénore. Ils l'auraient été bien davantage, si elle n'avait pas ignoré chacune des vibrations de son téléphone portable, rejetant avec une obstination bien à elle, tous les messages de son frère et de sa famille. C'était Louis, qui avait donné le numéro d'Allénore à sa famille, espérant ainsi contraindre en douceur la jeune femme à reprendre contact avec eux. Il savait qu'elle ne ferait jamais le premier pas, trop apeurée et honteuse... La dispute qu'ils avaient eu à ce sujet avait été longue et ne s'était soldée que par un silence lourd. Ils s'étaient réconciliés très vite, comme toujours. Ils étaient incapables de s'en vouloir très longtemps... Louis n'abordait plus le sujet, mais Allénore savait qu'il y pensait souvent et qu'il donnait régulièrement de ses nouvelles à Christophe et Noorah. Ils lui manquaient... Et pourtant, elle ne leur avait pas reparlé depuis qu'elle avait rejoint les Autres. Soit depuis deux ans, sept mois et huit jours. Alors elle était reconnaissante à Louis de faire ce qu'elle, était elle-même incapable de faire.

Un fantôme aux yeux sans pupille et aux prunelles couleur nacrée, arpentait le domaine en laissant goutter derrière lui ses derniers vêtements et ses longs cheveux. On pouvait le suivre à la trace, par les immenses flaques d'eau qui indiquaient sa présence et alimentaient le petit ruisseau qui fendait en deux le cimetière.

- Alors, ne meurent-ils donc jamais ? demanda le petit garçon.

Nilam ouvrit les yeux à son tour. Elle les posa sur Allénore qui contemplait le ciel bleu, la gorge visiblement nouée et les mains liées dans son dos.

- Les fantômes sont déjà morts, chéri, expliqua la mère.

- Pourtant, ils sont encore là !

Le gamin passa à travers le fantôme du noyé et en ressortit trempé. Il éclata de rire et le fantôme, loin de se fâcher, poursuivit sa route comme si de rien n'était.

Nilam arrêta de surveiller Allénore. La brune craignait que son amie ne s'effondre d'un instant à l'autre et se mette à sangloter. Nilam, qui n'avait jamais été très douée pour réconforter qui que ce soit, aurait été bien en peine d'avoir à le faire pour Allénore, qui lorsqu'elle s'y mettait, pouvait faire sortir de ses yeux marrons, des quantités affolantes d'eau.

- Ils sont encore là, mais ils ne sont pas comme nous. On ne peut pas les toucher, ou les combattre. Les fantômes ne meurent pas chéri ! insista la mère. On ne peut pas tuer ce qui est déjà mort.

Nilam aurait souhaité ne plus être soumise au sort de traduction que lui avait lancé Allénore, et Allénore, elle, aurait aimé ne pas être une polyglomage. Juste pour ne plus comprendre ce genre de mots.

L'enfant et la mère déposèrent une couronne de fleurs sur la tombe d'un être cher et seulement là, les deux jeunes femmes reportèrent leur attention sur l'endroit où reposait Jia Li Wu.

Le cimetière chinois était l'un des plus peuplé et hanté au monde. Des soldats morts aux combats, des bâtisseurs morts en service, des sorciers morts de leurs arts, de leurs passions... Il y avait de tout et on ne pouvait faire un pas sans rentrer dans l'un d'eux.

Mais les seuls fantômes que Nilam Wallergan et Allénore Rameaux entendaient à cet instant précis, habitaient leurs cœurs.

Nilam avait l'habitude de les combattre. Allénore avait l'habitude de se laisser vaincre.

Lorsqu'elle pleura enfin sa première larme de la journée, Nilam haussa les épaules. Elle savait que si elle touchait Allénore, lui tapotait la main ou lui manifestait un quelconque geste affectueux, celle-ci perdrait définitivement pied. Nilam consolait mal par les mots. Elle consolait mieux par les accolades, sans pourtant exceller dans cet art. Alors, elle laissa Allénore pleurer et attendit.

- Je ne devrais pas penser à lui alors que nous sommes ici, murmura-t-elle enfin après quelques larmes.

- T'as des pensées cochonnes dans un cimetière ? tenta de plaisanter Nilam. Ça m'arrive aussi d'en avoir dans des lieux inappropriés.

- Je ne parle pas de Louis, grommela Allénore en rougissant un peu et en essuyant ses larmes.

Le sourire cynique de Nilam s'effaça. Elle prit trois grandes inspirations. Une pour Rose, qui faisait toujours exactement ce qu'il fallait avec Allénore. Une pour Scorpius, qui comprenait toujours Allénore. Une pour Albus, qui la faisait toujours rire. Et Nilam... elle... Quel était son rôle ?

Depuis qu'Allénore était revenue dans leurs vies, Nilam peinait à trouver sa place, son rôle vis-à-vis d'Allénore. Scorpius, Rose, Albus et Allénore étaient amis depuis longtemps et une loyauté aveugle les liait les uns aux autres. Ils trouvaient en chacun d'eux, quelque chose de particulier. Nilam avait trouvé cette place, ce rôle auprès de Scorpius, qu'elle effrayait juste assez pour le pousser à faire les choses dont il avait peur, auprès de Rose, qu'elle secouait de temps en temps pour la faire sortir de son sérieux, et auprès d'Albus... Albus qui l'aimait aussi fort qu'elle l'aimait. Mais pour Allénore... Nilam n'était rien. Scorpius était son confident, Rose sa meilleure-amie, Albus un frère toujours présent. Nilam était Nilam.

Il y avait eu un avant et un après la disparation d'Allénore. Lorsqu'elle était réapparue, avec ses cicatrices et ses blessures de guerre, Allénore avait jonglé entre mutismes longs et insoutenables et aveux encore plus longs et insoutenables. Elle leur avait raconté quelques trucs, évoqué les prénoms de Marco, de Lola. Mais jamais celui de Jia Li. Nilam savait que d'autres prénoms flottaient dans sa tête. Les prénoms des morts et des personnes qu'Allénore n'avait pas pu sauver.

Pourtant, chaque fois qu'Allénpre pensait à ce prénom maudit, Nilam sentait les yeux bruns et chauds de son amie se poser sur elle.

Ces quelques confidences étaient trop peu nombreuses pour qu'elles suffisent.

C'était Albus, qui avait conseillé à Nilam de proposer à Allénore ce voyage en Chine.

« Vous devez discuter toutes les deux », avait-il dit. Et parce qu'Albus était quelqu'un de sage et d'intelligent, Nilam l'avait écouté.

Mais Nilam n'était pas une grande bavarde et Allénore était d'un naturel taciturne. Alors, elles n'avaient pas discuté.

Elles ne discutaient pas. Elles se regardaient et elles se comprenaient car elles avaient toutes deux survécu.

Elles lisaient la douleur de l'autre.

Et Nilam, la stoïcienne, ne supportait pas qu'Allénore puisse savoir ce qui se passait dans sa tête.

Et Allénore, l'empathe, ne supportait pas que Nilam souffre autant, alimentant sa propre souffrance à elle.

Nilam comprenait que sa douleur, nourrissait celle d'Allénore et qu'elle faisait du mal à son amie. Son amie chérie, enfin revenue à la maison. Une amie qu'elle était incapable de prendre dans ses bras et de consoler. Une amie à qui elle n'avait jamais dit « je suis heureuse que tu sois rentrée, que tu sois là, avec moi ». L'émotion serrait la gorge de Nilam chaque fois qu'elle essayait.

Alors oui, elles se comprenaient.

Elles étaient les seules à pouvoir comprendre les terreurs nocturnes de l'autre, les seules qui savaient ce que c'était, de s'endormir sans savoir si on allait se réveiller le lendemain, les seules qui connaissaient la morsure d'une torture et les empreintes des mains violentes sur leurs corps.... Cependant, Nilam ne voulait pas être cette personne qui accompagnerait Allénore seulement dans ses malheurs. Elle voulait la faire rire, l'amuser, jouer, danser avec elle.

Nilam voulait vivre avec Allénore et lui montrer qu'elles pouvaient s'en sortir.

Même si les fantômes ne mourraient pas, elles pouvaient vivre avec eux.

Elle ne voulait pas que seuls les morts les lient.

- Si tu ne parles pas de Louis, de qui parles-tu ? demanda Nilam

Allénore lui sourit tristement.

- Ne m'en veux pas.

- Jamais, Allénore.

Nilam mentait. Elle en avait voulu à Allénore d'être partie sans rien dire à personne, d'avoir rejoint une organisation criminelle pour jouer les espionnes, de s'être mise en danger comme ça et d'avoir fait tant de mal à Albus, Scorpius et Rose.

Mais Nilam n'avait rien dit parce que ça ne servait à rien et qu'elle avait pardonné Allénore, si courageuse, si gentille, si ... elle.

- Alexei.

Allénore sentit sa bouche pourrir alors qu'elle avait prononcé ce prénom.

Nilam ouvrit la sienne, laissant un mince filet d'air s'y engouffrer.

Alexei. Un loup-garou. Nilam avait lu les rapports, après les avoir demandé aux Aurors.

Le prénom d'Alexei lui donnait envie de crier.

Un homme qui avait enlevé à Jia Li tout ce qu'elle avait, tout ce qui lui restait. Un homme dont Nilam percevait chaque trait sous ses paupières, lorsqu'elle fermait les yeux. Un homme qui avait traqué Nilam pendant des jours. Un faible qui n'avait pu se résoudre à la tuer. Un homme détestable qui ne méritait pas qu'on le pleure. Un assassin, un violeur, un tueur, un monstre.

Évidemment que Sainte Allénore Rameaux allait le pleurer...

- Je crois que c'est lui, qui me hante le plus, avoua honteusement Allénore.

« Ne la juge, ne la juge pas, ne la juge », se répéta Nilam. « Ne sois pas amère. Tu l'as pardonnée, souviens-toi ».

- Jia Li est partie en paix, mais lui...

Allénore ne commettrait pas l'erreur de prononcer le prénom d'Alexei une seconde fois.

Pas ici.

Pas devant Nilam.

Pas dans une phrase comportant le prénom de Jia Li.

- Je ne suis pas retournée sur sa tombe et celle de son frère depuis que j'ai autorisé leur mise en terre à Moscou.

- Est-ce que tu voudrais t'y rendre ?

Allénore ne répondit pas. Tout simplement parce qu'elle n'en avait aucune idée. Elle se contenta de se mordiller les lèvres, laissant les remords, les regrets, les rancoeurs, s'installer dans son corps.

- Je sais que tu ne me comprends pas.

- Le mot est faible, laissa durement échapper Nilam.

Elle s'en voulu.

- Je sais que tu t'identifies à lui, que tu continues de penser que si vous aviez fait les mêmes choix, il s'en serait sorti. Mais il ne les a pas faits, il a toujours préféré la violence alors que toi... Bordel, Allénore, je ne veux pas parler de ça ici. Vous ne pouviez pas être plus différents, lui et toi. Il faut... Il faut que tu arrêtes de penser à lui et de le laisser te hanter.

Nilam aimait Allénore.

Nilam détestait Alexei.

Elle reprit la main de la brune dans la sienne.

- On ne peut pas tuer les fantômes, sanglota Allénore.

Et c'était bien dommage.

 

 

***

Royaume-Uni, 20 mars 2030, 16h46, heure de Londres

 

Tout le monde s'accordait à dire d'Albus Severus Potter qu'il avait certes, un prénom bien étrange, mais une sagesse qui l'était bien davantage. À travers ses yeux verts, on devinait tout de suite la maturité, une lueur espièglerie et une joie de vivre épicurienne. Albus ne se prenait jamais la tête. Il était d'un calme olympien et adorait parcourir les longs kilomètres du fond de la bibliothèque nationale magique de Londres. Le vieux sorcier, en réalité le bibliothécaire - que tout le monde appelait « le vieux sorcier » - lui offrait même un sourire chaleureux, lui qui en faisait la grande économie, car personne ne résistait au charme simple et à la présence apaisante d'Albus Potter.

Assis à sa table préféré, là où il pouvait contempler à la fois, les beaux vitraux de la bibliothèque représentant Gwendoline la fantasque en train de se faire lécher le corps par d'immenses flammes qui changeaient de couleurs en fonction des heures qui passaient, et le ballet permanent des visiteurs.

La bibliothèque était un opéra pour ceux qui aimaient étudier. La musique des pages qui se tournaient, les lumières qui étaient filtrées par les vitraux, les sorciers qui dansaient de rayon en rayon...

Ils étaient peu nombreux, à étudier l'Histoire de la magie. Albus pensait même être le seul la plupart du temps, mais cela lui convenait. Alors oui, l'Histoire de la magie, ce n'était pas très sexy. Sauf quand lui, en faisait, d'après Nilam, qui était toujours, malgré le fait qu'elle soit sa petite-amie, d'une objectivité impartiale.

Albus était passionné par l'Histoire de la magie. Son sujet de prédilection du moment, celui pour lequel il consacrait une majeure partie de son temps, était les origines mêmes de la magie, sa naissance et son utilisation par les différentes communautés sorcières.

- Je savais que je te trouverai ici, murmura une petite voix.

Albus leva le nez de son ouvrage, un livre qui pesait une bonne quinzaine de kilos, et découvrit la frimousse de sa cousine Rose Weasley, sa baguette coincée dans un chignon négligé qu'elle avait sûrement beaucoup travaillé devant le miroir de leur colocation.

La rousse s'installa à ses côtés et posa en face d'elle une pile de manuels. Rose Weasley - jeune fabricante de baguettes - prenait à cœur de toujours étudier ce qu'elle ne savait pas et lorsqu'il s'agissait de son art, tout était encore à découvrir. Alors très souvent, elle retrouvait Albus et Allénore, encore étudiants, et passait l'après-midi à se renseigner sur les vertus des feuilles de botruc qui pourraient servir de composant pour baguette magique.

- Tout va bien Rose ?

Elle releva la tête et retira sa baguette magique, qui laissa tomber une quantité incroyable de cheveux roux. La jeune femme fit la moue.

- On aurait dû partir avec eux, grommela-t-elle. Je n'aime pas l'idée que Scorpius se retrouve entre Allénore et Nilam.

Albus leva les yeux au ciel.

- Il est avec sa cousine.

- Justement, appuya Rose en haussant un sourcil. Ils s'entendent bien depuis quelques temps, mais ça n'a pas toujours été le cas.

Scorpius Malefoy et Emmalee Zabini, cousins, anciens ennemis, nouvellement amis et désormais partenaires, avaient été missionnés par Gringott pour ramener à la banque britannique quelques pierres précieuses qui avaient appartenu à un riche sorcier anglais expatrié en Chine. Rose, toujours mécontente lorsque Scorpius partait pour quelques jours loin d'elle, avait cependant trouvé consolation auprès d'Allénore, qui lui avait assuré qu'elles passeraient toutes les trois leurs nuits, avec Nilam bien entendu, à regarder des films « nunuches », à se faire les ongles, lire et bavarder comme avant. Mais c'était bien avant qu'Albus suggère à Scorpius d'emmener Nilam et Allénore avec lui, afin qu'elles puissent se recueillir sur la tombe de leur amie, Jia Li Wu.

- Il va avoir besoin de parler... Tu aurais dû l'accompagner. Toi, tu le fais toujours rire... Tu crois que tout se passe bien ? l'interrogea Rose.

- Allénore s'enferme dans le silence quand ça ne va pas et Nilam, elle, crie si fort qu'on l'aurait probablement déjà entendue... Elles vont parler. Elles en ont besoin.

- Elles peuvent parler ici, avec nous.

- Tu sais bien que non. Ce qu'elles ont vécu... On ne pourra jamais le comprendre. Elles doivent accepter le fait qu'elles sont toutes les deux des survivantes. Quand elles se regardent l'une l'autre...

Un trou béant semblait les guetter. Albus sentait qu'Allénore voulait se confier à Nilam, que Nilam voulait se confier à Allénore, mais qu'aucune des deux n'osaient réellement le faire parce qu'elles avaient encore si mal...

Albus pensait aux gens qu'il aimait. A eux, et rien qu'à eux.

Ça lui évitait d'avoir à penser trop longtemps à ce que lui pensait de tout ça. Il ne voulait pas s'y plonger. Il avait peur de la colère, contre Allénore, contre eux tous, qu'il sentait frémir timidement.

- Ça fait six mois qu'elle est revenue..., marmonna Rose en songeant à Allénore.

Alors pourquoi rien n'était comme avant ? L'amour qu'Albus, Scorpius, Allénore et elle se portaient était aussi fort, puissant et loyal qu'il ne l'avait jamais été. Pour autant, malgré les rires, les confidences, une Allénore libérée de ses mensonges, tout était si différent... Ils avaient grandi. Il y avait des silences. Il y avait des secrets. Ils vivaient dans le souvenir et plus rien n'était comme avant car ils n'étaient plus les mêmes. Ils avaient besoin d'espace et de temps.

Rose le refusait. Elle avait besoin qu'ils restent tous ensemble encore longtemps. Elle avait besoin de regarder dans la chambre d'Allénore tous les soirs, d'ouvrir la porte et de vérifier qu'elle dormait bien dans son lit. Elle avait besoin d'entendre Nilam et Albus rire dans la cuisine. Elle avait besoin de s'assurer qu'ils étaient tous là, près d'elle.

- J'aurais dû partir avec elles, insista Rose en commençant à grignoter ses ongles.

- Rose... Il faut que tu respires et que tu te détendes.

- Allénore ne parle jamais de ce qui lui est arrivé. On ne sait rien.

- Molly a écrit un article dans la Gazette du sorcier dans lequel Allénore...

- Nous sommes ses amis, Albus. Elle a préféré se confier dans un article plutôt qu'auprès de nous...

- Louis n'en parle pas davantage.

Rose émit un son guttural exprimant toute sa frustration. Elle se montrait patiente, ne demandait rien à Allénore. Mais parfois... Merlin qu'elle avait envie de savoir. Albus lui, estimait que ça ne les regardaient pas. Du moins il s'en était convaincu. Car lorsqu'il posait les yeux sur Allénore, qu'il l'entendait crier la nuit dans ses cauchemars, lorsqu'elle sursautait à cause d'une porte, d'un verre cassé, lorsqu'elle faisait une crise d'angoisse, de larmes, que seul Louis pouvait calmer... Il avait envie de savoir et de comprendre lui aussi. Comme il avait besoin de comprendre la raison pour laquelle Rose était devenue aussi terrifiée à l'idée d'être seule et abandonnée, ou celle pour laquelle Scorpius ne dormait plus jamais sans qu'ils ne soient tous rentrés à la colocation, ou celle pour laquelle Nilam paniquait dès que quelqu'un ne répondait pas à ses messages...

La raison pour laquelle, lui, il était et faisait tout ça à la fois.

Albus n'aimait pas ne pas comprendre et une petite voix en lui, celle qui appartenait à un alter-ego encore blessé qu'Allénore leur ait menti durant des années, lui hurlait qu'elle leur devait des explications. Qu'elle devait leur parler de son père, de ce qu'elle avait fait, de pourquoi et comment elle l'avait fait... Albus la faisait toujours taire, cette petite voix en lui.

Parce qu'il était épicurien. Parce qu'il était calme et sage. Parce qu'il était Albus Severus Potter.

Lorsqu'Allénore avait passé le seuil de sa maison - leur maison - le coeur d'Albus avait éclaté de joie.

Alors... Il était ridicule d'en vouloir à Allénore, n'est-ce pas ?

- Je crois qu'il est difficile pour eux d'en parler, lâcha enfin Albus. Ce qui s'est passé, là-bas, lorsqu'ils affrontaient les Autres... Je crois que c'était vraiment horrible.

- Nous aussi, on a vu des choses horribles, Al. L'attaque de Londres...

- Je sais Rose. Et ils le savent aussi. C'est juste que... Je pense qu'Allénore ressent une culpabilité trop énorme et qu'elle ne veut pas nous l'imposer. Mon père...

Son père était comme ça.

Putain de syndrome du Martyr.

À vouloir tout prendre sur eux pour ne blesser personne, au final, Allénore, son père, Nilam parfois... faisaient plus de mal que de bien.

Albus avait appris à écouter ses silences qui en disaient longs mais qui faisaient du mal.

- Louis a promis de m'envoyer un message par lettres de feu dès qu'il les aura rejoint, se rassura Rose.

- Une chance que son stage soit actuellement en Chine, s'amusa Albus.

- Tu le connais... Il a probablement sauté sur l'occasion d'étudier les Boutefeu-chinois pour être un peu avec Allénore. Depuis qu'ils ont repris leurs études ils ont moins de temps ensemble.

- Il sera bientôt en vacances.

- Ah oui ?

- James râle d'avance car Citlali et lui ne pourront plus profiter de l'appartement...

- Louis n'aura qu'à venir chez nous, fronça les sourcils Rose.

Albus retint un petit rire.

La colocation qu'il partageait avec Allénore, Rose et Scorpius était déjà pleine à craquer. Nilam venait régulièrement. Si Louis s'ajoutait à l'équation, trois couples y vivraient et c'était... déjà gênant. Surtout quand Allénore et Louis ne pouvaient plus se passer l'un de l'autre et semblaient avoir cette nécessité constante de littéralement se repaître de l'autre.

Albus n'avait pas d'autre terme. Pas d'aussi élégants en tout cas...

Et il trouvait ça génial, que sa meilleure-amie et son cousin soient aussi heureux.

Mais... Ils n'avaient plus vingt ans. Enfin pas tout à fait. Alors oui, ils s'aimaient tous beaucoup, ils étaient tous très amis mais ils avaient tous vraiment besoin de plus d'espace.

Si seulement Rose pouvait le comprendre...

- James parle déjà de prendre un appartement avec Citlali, indiqua Albus. Je ne crois pas que ça se fera de sitôt, car il pense qu'elle n'est pas prête. Mais...

- Oh, ils seront si mignons tous les deux..., s'extasia Rose. Et puis comme ça, Allénore et Louis pourrpnt prendre cet appartement lorsque Louis sera en vacances ! Ça leur fera un peu d'intimité...

Albus soupira. Rose était l'une des personnes les plus intelligentes qu'il connaissait. C'était simplement qu'elle n'avait pas envie de comprendre. Et quand Rose Weasley voulait ou ne voulait pas quelque chose, il était compliqué d'aller à l'encontre de cette volonté.

Ils se remirent à étudier avec Rose, soucieuse, se mette de nouveau à parler :

- Scorpius était étrange ce matin, commença-t-elle en triturant ses mains.

- Il l'est parce que tu l'es. Tu ne crois pas qu'il serait temps que tu lui parles de ce qu'il s'est passé lors de l'attaque de Londres ?

- Et comment voudrais-tu que je lui présente ça ? « Scorp', je sais que tu ne t'en souviens pas parce qu'un démonzémerveille a fourré sa langue dans ton oreille, mais tu m'as demandé en mariage et depuis, je n'arrive pas à regarder mon annulaire sans l'imaginer avec une bague ! ».

- Il paniquerait, sourit Albus.

Une ombre grise commença à se dessiner à l'embranchement entre deux bibliothèques.

Lord Richard était un homme soigné, au pourpoint majestueux et aux hauts-de-chausse apparents et courts et il portait une tunique - une saie en fait - qui descendait jusqu'au genou. Emmitouflé dans un espèce de gros manteau tassant sa silhouette, l'homme se traînait dans les couloirs de la bibliothèque dans laquelle il avait été assassiné.

Lord Richard était un homme de culture et de savoir. Il connaissait quantité de choses, avait énormément appris à Albus, qui avait marché à ses côtés dans les rayons et étalages desquels le fantôme était prisonnier. Des guerres sorcières moyenâgeuses, à ses anciennes recherches sur l'origine du Voile de la mort aux départements des Ministères, jusqu'à l'apparition des sorciers legilimens ou doués de dons particulier, Lord Richard connaissait l'Histoire de la magie comme personne ici.

- Vous savez, mon brave - car ceux qui étudient le passé sont des braves à ne jamais avoir peur de voir le meilleur comme le pire de notre Histoire - c'est un privilège de pouvoir consacrer son temps à si de belles interrogations, disait Lord Richard.

Lord Richard parlait à Albus de ses recherches, le guidait dans le labyrinthe de cette grande bibliothèque, lui avait fait découvrir les plus vieux manuels, que plus personne n'avait ouvert depuis sa mort... Et Albus, lui, avait raconté à Lord Richard ce qui avait fait l'Histoire depuis que le fantôme était prisonnier ici.

Les gens avait peur de Lord Richard. Il ne se montrait jamais. Et puis, il fallait dire que ses tripes apparentes, qu'il transportait toujours d'une main peu certaine et dans lesquelles il se prenait régulièrement les pieds, avaient de quoi en ragoûter plus d'un.

Albus l'aimait bien. Lord Richard avait fêté ses 539 ans la veille. L'ancien Poufsouffle avait apporté un muffin, préparé par Nilam et allumé une bougie qu'il avait planté à son sommet. Le fantôme était passé au travers en souriant, afin de l'éteindre et avait contemplé Albus manger la pâtisserie avec un regard triste et mélancolique.

- Miss Weasley, quelle charmante surprise ! Voilà un moment que vous ne m'aviez pas visité. Votre chère amie Rameaux est-elle également présente ? Il me tarde de la rencontrer ! Vous qui m'en parlez depuis si longtemps...

- Yoh, Lord ! le salua Albus en souriant. Allénore et avec Nilam. Elles sont partis en Chine.

- Ah quel pays fascinant ! Dois-je comprendre que Dame Nilam et vous-même vivez toujours dans le pêché ? se désola l'homme.

- Et nous en sommes ravis. Jeunesse décadente comme on dit...

Rose éclata de rire devant l'air outré du Lord. Cela faisait deux ans et demi qu'Albus avait rencontré son nouvel ami. C'était tout Albus ça, de se lier d'amitié avec le fils de l'ancien ennemi de son père, de prendre sous son aile une prétendue née-moldue s'avérant être la fille biologique d'un grand criminel, de tomber amoureux d'une fille qui lui faisait la misère autant qu'elle l'aimait, et d'avoir un fantôme comme mentor...

Après la disparition d'Allénore, Albus s'était souvent réfugié à la Bibliothèque nationale de la magie. Il avait eu besoin de trouver un endroit qui ne lui rappelait pas Allénore, dans lequel le manque creusé par son absence ne lui sautait pas à la gorge. Allénore avait toujours été là pour lui, surtout lorsque Rose et Scorpius s'engueulaient ou se faisaient les yeux doux... Elle était celle qui avait compris pourquoi Albus avait commencé à étudier l'Histoire de la magie. Rose le savait pertinemment et n'en ressentait aucune jalousie. Là où elle, avait élu refuge dans l'atelier d'Ollivander, et où Scorpius avait couru de missions en missions pour se consacrer à ses études de briseurs de sorts, Albus lui, s'était construit un havre de paix ici.

Albus était unique et ses amitiés l'étaient tout autant.

- Le temps me semble toujours long lorsque vous êtes loin de moi, cher ami, sourit le fantôme. Mais je sais comme le vôtre est précieux et que d'autres le réclament.

- J'aurais toujours du temps pour vous, Richard, promit Albus. Et Allénore viendra bientôt.

Il se garda bien de lui dire qu'Allénore était déjà venue. Albus avait simplement fait en sorte qu'ils ne s'aventurent pas dans les rayons hantés par Lord Richard... Allénore était timide, avait besoin de temps et lui présenter de nouvelles personnes demandait un certain temps de préparation.

- Alors ? Quelles sont vos trouvailles de ce jour ?

- Un ouvrage très intéressant sur l'origine des premiers sorts. Figurez-vous que les formules n'ont fait l'objet d'un registre qu'à partir de 1655... Le dernier en date est déjà vieux de plus de 200 ans. Dans ce registre, bien que les formules diffèrent, les effets des sorts sont relativement les mêmes. Je suis tombé...

- J'espère que vous ne vous êtes pas fait mal ! s'alarma Richard.

- Non, non, j'ai trouvé, je veux dire... J'ai trouvé les recherches d'une sorcière appelée Pernille, qui expose avoir tenté plusieurs expériences pour faire de la magie sans formule latine. Les résultats n'ont pas tous été retranscrits, mais c'est fascinant...La magie serait bien plus primaire que ce qu'on pense Richard ! Sans parler de son utilisation au fil des siècles : son usage diffère tellement d'une culture à une autre...

Rose sourit de plus belle. Il n'y avait bien qu'un Potter, pour se croire assez fort capable de trouver l'origine de la magie.

Albus était passionnant lorsqu'il parlait d'Histoire de la magie. Avec Lord Richard, ils parlèrent pendant plusieurs heures des politiques magiques du 15ème siècle qui avaient conduit à la guerre, ou un l'utilisation de sorts désormais très désuets, comme le soror animi. Rose les écouta patiemment jusqu'à ce que les fleurs des vitraux soient toutes fermées.

Rose se disait souvent qu'Albus ferait un excellent enseignant.

- Parfois, vous ne me faites pas regretter de ne pas être tout à fait mort, s'amusa le fantôme.

Albus cilla. Rose perdit son sourire.

- Vous savez, une demi-mort est encore bien plus triste qu'une demi-vie, ajouta Lord Richard.

 

***

Chine, 20 mars 2030, 17h58, heure de Pékin

 

Scorpius Malefoy détestait parler pour ne rien dire et Emmalee Zabini détestait rester silencieuse plus de deux secondes.

Un mélange détonnant et explosif.

- Et tu vois, j'ai beau dire à Citlali qu'elle n'a pas à s'inquiéter d'être présentée aux parents de James, elle panique ... En plus elle connaît déjà Harry, c'est son patron ! Mais elle persiste à dire que ce serait bizarre... Beth lui a tiré les cartes trois fois, et par trois fois elles ont annoncé qu'un malheur arriverait pour ce dîner. Je pense que le seul malheur qui la guette, c'est qu'elle choisisse de porter sa robe verte à moitié transparente... Elle est si hideuse. Non mais t'y crois toi ? Citlali ? Chez les Pot...

- S'il te plait, je t'en conjure, boucle-la deux secondes.

Emmalee Zabini jeta à son cousin un regard glacial et inspecta ses ongles.

- Tu es bougon.

- Tu es insupportable, soupira Scorpius.

- Si j'avais su que tu serais d'une humeur encore moins agréable que celle d'un scrout-à-pétard, j'aurais refusé cette mission.

- Pardonne-moi, capitula Scorpius.

- C'est Rose ?

- Rose ?

- Weasley. Yeux bleus, cheveux roux, fabricante de baguette. Je crois que ça fait fait presque trois ans que vous êtes ensemble aussi, accessoirement hein, juste comme ça...

- Non ce n'est pas Rose, grogna Scorpius.

- D'accord je vois.

- « D'accord je vois », l'imita Scorpius. Tu ne vois rien du tout.

- C'est ton ami sous extasie ? Sa copine lugubre ? Ou ta meilleure pote criminelle ? insista Emmalee.

- Albus est simplement d'un naturel joyeux. Nilam n'est pas lugubre, elle a ... une lumière très très très très intérieure. Et Allénore n'est pas une criminelle.

Emmalee soupira de bon en continuant d'avancer dans la banque sorcière chinoise. Les sous-sol regorgeaient de cristaux et de pierres précieuses incrustées dans la pierre noir et sombre des parois. Gringot les avait missionné pour récupérer le contenu d'un coffre ayant appartenu à un sorcier britanique. Les sorciers chinois n'étaient parvenus à l'ouvrir, le testament du sorcier stipulant que seuls des sorciers de son propre sang pourraient ouvrir ledit coffre.

- Est-ce que je critique ta lady de copine ou ta diseuse de bonnes aventures à deux mornilles de Carrow ? grinça des dents Scorpius.

- Citlali est plus qu'une lady si cent cinquante-deux personnes venaient à crever, elle deviendrait reine je te signale ! Et Beth pourrait te prédire ton avenir rien qu'en observant tes chaussures.

- Et que dirait-elle ?

- Que tu vas te casser la gueule. Tes lacets sont défaits, trésor !

Emmalee tapota l'épaule de son cousin en lui passant devant pour tourner au prochain embranchement. Scorpius s'arrêta le temps de faire ses lacets et courru pour rattraper sa cousine.

Leur entente était encore fraîche. Ils avaient été rivaux pendant des années, et s'étaient faits les pires crasses. Ils s'entendaient bien, lorsqu'ils étaient enfants, et jouaient tout le temps ensemble... Ils étaient les seuls amis qu'ils pouvaient avoir et bien plus que ça, ils comprenaient la solitude de l'autre. Emmalee et Scorpius grandissaient seuls, dans de grands espaces, avec des parents souvent absents...

Emmalee avait toujours été fière d'être issue d'une noble famille de Sang-pur. Scorpius avait rejeté toutes ses origines en bloc dès qu'il était devenu ami avec Albus Potter, Rose Weasley et Allénore Rameaux. Emmalee avait vécu le désaveu de son cousin comme une trahison et un affront. Ils étaient tous respectivement devenus les chefs de clans ennemis qui s'étaient faits un devoir de se pourrir entre eux. Lorsqu'ils étaient à Poudlard. Pourtant, la vie n'avait cessé de vouloir les réunir... Que cela soit à l'occasion de l'enterrement de leur grand-mère, dans leurs études de briseurs de sorts...

Après l'attaque de Londres, Scorpius s'était réveillé sur un lit d'hopital, avec Emmalee au-dessus de lui. Elle avait hurlé à Rose de revenir immédiatement et Scorpius avait halluciné de les entendre rire et pleurer de soulagement toutes les deux. Certes, Beth Carrow, Citlali Tucker et sa cousine leur avaient prêté mains fortes lors de l'assaut des Autres et des démonzémerveilles... Mais de là à ce que tout le monde devienne amis... Scorpius avait repris conscience ce jour-là, avec un profond mal de crâne et presque cinq minutes de souvenirs en moins, à cause d'un démonzémerveille qui était parvenu à lui arracher quelques secondes de sa mémoire.

Ils avaient tous cru mourir lors de cette attaque.

Les deux cousins avaient longtemps parlé à l'hôpital. Emmalee avait mit sa rancune de côté et parlé franchement à Scorpius de tout le mal qu'il lui avait fait. Scorpius lui, lui avait demandé pardon, et lui avait confié n'avoir jamais songé à l'abandonner elle.

- C'est mon père, lâcha Scorpius.

- Ton père ? sourcilla Emmalee.

Scorpius hésita. Il n'avait parlé d eça à personne et pourtant, il avait besoin de se confier...

- N'en parle à personne s'il te plaît... Mais il veut que je reprenne le siège des Malefoy au Mangemagot.

Emmalee se tourna lentement vers lui.

- Et il veut aussi que je reprenne celui des Greengrass.

La jeune femme se tourna lentement vers lui, un doigt accusateur pointé sur lui :

- Si tu oses poser ton cul sur MON siège, celui qui me revient de droit, je te jure que je te ...

- Je n'en veux pas de ces sièges. Les Greengrass et les Malefoy font parties des vingt-huit sacrés. Je suis le seul héritier de ces deux familles.

- Eh oh, coucou, je suis là. Bordel, c'est pas parce que j'ai des ovaires que je ne peux pas...

- Mon père, grommela Scorpius. Tu sais comme certaines de ses idées sont très arrêtées.

- Oh je t'en prie Scorp ! Il a accepté ton amitié avec un Potter, une Weasley et une pseudo née-moldue. On dirait presque le début d'une mauvaise blague !

- Il pense que ces sièges me reviennent de droit et qu'il m'appartient de redorer le blason familial, expliqua Scorpius.

C'était faux, bien évidemment. Scorpius n'avait en aucun cas à racheter les erreurs passées de son père.

La première personne qui le lui avait fait réaliser était Rose. Scorpius n'avait pas à honorer sa famille, ou à redorer son blason. Il avait juste à être lui-même.

La conversation qu'il avait eu avec son père avait été brève et n'avait duré que quelques minutes à peine. Scorpius avait toujours entretenu une relation plus que cordiale avec son père. Il avait toujours beaucoup travaillé, mais avait su réserver assez de temps à son fils pour faire partie de sa vie et tisser de solides liens avec lui. Scorpius aimait sincèrement son père, qui avait su mettre de côté certaines de ses opinions pour le bonheur de son fils.

Pour autant, Drago Malefoy restait Drago Malefoy.

Il plaçait sur les épaules de sa progéniture une responsabilité dont Scorpius ne voulait pas.

- Et toi ?

- Moi ? A ton avis Zabini, tu crois que Rose le prendrait comment, que je veuille prendre deux places au Magenmagot alors même que sa mère est en train d'essayer, pour la troisième fois depuis le début de sa carrière, de faire voter une loi pour que l'assemblée parlementaire représentante des sorciers soit élue et non composée presque uniquement de fils et de quelques filles par manque d'hériter mâles, des vingt-huit sacrés ?

- Respire quand tu parles. Et elle le prendraient probablement pas super bien.

- Sans parler d'Allénore... Elle appuie ouvertement ce projet et milite activement pour qu'il soit adopté. Je pense qu'elles seraient toutes les deux déçues.

Et décevoir ses amis était sa hantise. Le fait qu'il soit si peu confiant en lui déteignait parfois sur ses amitiés et son amour pour Rose. Il en perdait en clairvoyance, car, s'il se montrait rationnel, il savait que ni Rose ni Allénore ne lui en voudraient. S'il réfléchissait logiquement, Rose serait fière qu'il reprenne le siège des Malefoy pour en faire quelque chose de bien. Et Allénore, elle, le soutiendrait.

Albus était son meilleur-ami et la personne la plus mesurée, alors il n'avait jamais besoin de rationnaliser quoique ce soit quand cela le concernait. Pourtant, même là, il se demandait si Albus, un Potter, accepterait encore de s'afficher avec un Malefoy qui reprenait les traditions infectes des sorciers.

- C'est pour ça que tu m'en parles à moi et non à elles, comprit Emmalee. Ou à Albus. Ton drogué de meilleur pote.

Elle n'était pas dupe.

- Albus serait de ton côté.

- Albus n'est jamais du côté du personne, souffla Scorpius.

Il avait beau être son meilleur-ami, Scorpius savait qu'Albus était du genre à ne jamais prendre partie lorsqu'il était confronté à un conflit. C'était ce qui avait sauvé leur amitié à tous lorsqu'ils étaient à Poudlard et que Rose s'était disputée avec Scorpius.

- Tu devrais leur en parler...

Scorpius secoua la tête. C'était plus facile à dire qu'à faire... Ses trois meilleurs amis avaient des noms à porter aux aussi. Il n'était pas facile d'être une Weasley, un Potter, ou une Dawn-Richards-Rameaux qu'importe ce qu'était Allénore. Il n'était pas facile d'être les fils et filles de grands noms.

Il avait toujours pensé que pour Rose et Albus, tout était plus facile. Les gens ne crachaient jamais sur leur passage. Pendant longtemps, il s'était senti seul, persuadé que ni Rose ni Albus ne pourraient jamais comprendre le poids de son héritage, quand bien même ils en avaient eux aussi, à porter. Et c'était le cas : Rose et Albus ne pourraient jamais comprendre. Certes ils avaient beaucoup à prouver, ils devaient se montrer à la hauteur, mais jamais, on ne leur demanderait de payer pour les erreurs passées.

Allénore, elle en revanche, comprenait.

En fait, Allénore avait toujours compris Scorpius...

- Sûrement, se raisonna Scorpius. Et je le ferai. Ça fait une semaine que je prépare ce que je vais leur dire. C'est juste que... Rose est si étrange depuis l'attaque de Londres. Albus refuse de me dire pourquoi. Nilam manque de s'étouffer chaque fois que je lui pose la question. Allénore est revenue il y a seulement six mois et je ne veux pas l'embêter avec mes histoires...

Emmalee se tortilla sur elle-même, visiblement gênée.

- T'es au courant de quelque chose, toi ? fronça les sourcils Malefoy.

Il avait la désagréable impression qu'on le prenait vraiment pour le dernier des cons. Si la vie était redevenue normale pour Scorpius et ses amis, il sentait les non-dits et les secrets des uns et des autres qui refaisaient parfois surface et les plongeaient tous dans un mutisme inquiétant et pesant.

- Non, se précipita de répondre sa cousine.

Il leva sa baguette vers elle. Emmalee recula de plusieurs pas à mesure qu'il avançait vers elle.

- Dis-moi.

- Je ne cracherai pas le morceau. Parles-en avec ta copine, Scorp. J'ai promis de ne rien dire.

- Je déteste qu'on me mente.

- Alors autant te l'avouer tout de suite, mais je t'ai raconté n'importe quoi ce matin : ta nouvelle coupe de cheveux est atroce.

- Ne détourne pas mon attention.

Emmalee leva les deux mains en l'air en souriant doucement. Elle se rapprocha de son cousin et lui fit baisser sa baguette.

- Scorpius... Cesse de te faire du mouron pour Rose ou tes amis. Personne ne se moque de toi, je t'assure. Et quant à cette histoire de siège... Je suis contente que tu m'en aies parlé.

- Je n'aurais jamais pris ta place, Emmalee. J'espère que tu le sais...

- Évidemment que je le sais. Saint Malefoy-Parfait.... Bon allez, on a un coffre à ouvrir et tout un tas de malédictions à lever pour y parvenir.

Scorpius hocha faiblement la tête et s'exécuta. Avec Emmalee, ils firent tomber plusieurs sortilèges avant de parvenir à accéder au fond du coffre, qui ne contenait que quelques objets sans valeur, des bijoux, des vieux chaudrons rouillés et des miroirs tout poussiéreux. Lorsqu'elle était rentrée, Allénore avait formé Scorpius au descellement des sortilèges dominos, et ce petit coffre de pacotille n'avait pas résisté bien longtemps aux cousins Greengrass-Malefoy.

- J'espère qu'on sera bientôt envoyé pour des missions plus intéressantes. J'ai entendu parler de nouveaux tombeaux en Egypte..., sourit Scorpius.

- On pourrait se mettre à notre compte, réfléchit Emmalee. Au lieu de chercher des missions, ce seraient elles qui viendraient à nous.

Scorpius éclata de rire mais se surprit à imaginer une boutique, qu'ils tiendraient tous les deux sur le Chemin de traverse et dans laquelle les sorciers du monde entier viendraient les visiter pour lever moult malédictions...

Ils rentrèrent à l'hôtel sorcier de Pékin après s'être assurés que le contenu du coffre serait confié aux gobelins de Gringott. Ils y trouvèrent Nilam, allongée sur le divan en forme de dragon qui trônait à l'entrée de l'hôtel.

- Où est Allénore ? s'inquiéta Scorpius.

- Calme-toi, leva les yeux au ciel Nilam. Elle est partie attendre Louis.

Scorpius soupira, soulagé. Emmalee se fit une place sur le divan et accepta le verre que lui offrit l'ancienne Serdaigle.

- Alors ? La tombe de votre copine ? C'était bien ? demanda-t-elle.

- Un pur moment de plaisir, fit ironiquement Nilam.

- Je savais que c'était une mauvaise idée..., affirma Scorpius.

Il jeta un coup d'œil discret à Nilam, qui semblait aller bien.

Mais là était le problème.

Nilam semblait toujours aller parfaitement bien, jusqu'à ce qu'elle s'écroule et se mette à lancer des assiettes contre les murs.

Albus, lui, saurait déchiffrer sa mine renfermée.

Scorpius savait qu'Allénore ne lui parlerait pas de Jia Li. Mais au moins, il avait la consolation de se dire que Louis, ce crétin de Weasley, serait là pour sa meilleure-amie et qu'elle pourrait se confier.

- Tu sais que..., bredouilla-t-il. Tu sais que tu peux me parler, Nilam ?

Emmalee pinça les lèvres et émit une grimace en lui faisant signe de couper court. Nilam écarquilla les yeux.

- Tu fais quoi là ? T'es ridicule Malefoy. J'aimais tellement l'époque où tu me craignais encore.

- Je ne t'ai jamais craint ! se défendit Scorpius.

Elle se leva brusquement et fit mine de se jeter sur lui. Scorpius recula. Lorsque les deux jeunes femmes éclatèrent de rire, il leur tendit deux majeurs, passablement énervé.

- Allénore est rentrée..., marmonna subitement Nilam en la regardant arriver derrière l'épaule du blond.

Scorpius se retourna, tout sourire, heureux de voir sa meilleure-amie. Il perdit vite sa mine réjouie, en remarquant celle d'Allénore, grise et inquiète. Elle repéra immédiatement ses amis et s'approcha d'eux d'un pas pressé. Elle tremblait et commençait à ronger ses ongles. La brune ouvrit finalement la bouche :

- Louis a disparu.

Il y eut un long silence pesant et lourd de sens.

- Et rebelote, ce que j'en ai marre, putain ! s'écria Nilam.

Scorpius ne pouvait qu'être d'accord.

 

 

Note de fin de chapitre :

So if you want to, we'll sing another
Keep 'em sweet all through the night
I've been in love, too, I've been a sinner
And the end will be alright

 

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