Thème principal : Votre personnage doit résoudre un mystère
Inclure les mots : vent, citrouille, bougies, solution, anniversaire, artiste
Contraintes :
-L'histoire se passe dans une petite ville/village
-Il pleut les 3/4 du temps
-et une jolie image d'une ruelle décorée pour l'automne
-Et la cape. Avec elle, tu ne crains rien, fit Sirius.
-Dumbledore me l’a prise, je ne l’ai plus, répondit James.
-Comment ça ?
-Il me l’a confisquée. Il nous connaît, tu sais.
-Tu parles.
Pas de sortie au clair de lune pour Cornedrue… Super. Patmol commençait à trouver le temps long. Tenir un loup-garou occupé toute une nuit requiérait beaucoup d’énergie. Même si Remus gardait un esprit à peu près lucide, leurs “jeux” étaient quand même violents. Ils ne s’en sortaient jamais sans blessures. D’ailleurs, c’était curieux qu’avec le temps, Remus ne fasse pas plus attention que ça…
-Je suis désolé, crois-moi, j’aimerais vraiment venir… J’imagine que c’est lourd. Patmol ?
-... Je pensais à un truc. Peut-être que c’est Lunard l’espion.
-Tu n’es pas sérieux… Tu penses vraiment que Remus ferait ça ?
-L’esprit d’un loup-garou est insondable…
-Quand il n’est pas occupé par le fait de ne pas nous tuer quand il se transforme, rit James. Ou de bien ranger ses affaires. Patmol !
-Ouais, t’as raison, c’est stupide. Pour ta cape, je ne suis pas convaincu. On n’est plus à l’école, je ne vois pas Dumbledore te la confisquer.
-Crois ce que tu veux, conclut James.
Sirius retourna le miroir verre contre le bois de la table basse. Son flair lui disait qu’on lui cachait quelque chose mais il ne savait pas quoi. James était sûrement dans le coup, et Dumbledore en était le commanditaire, c’était sûr.
Il regarda autour de lui. Il allait fêter son anniversaire seul. Déjà qu’il faisait un temps particulièrement lugubre. Il pleuvait tous les jours et le vent renvoyait la pluie en plein visage. Sirius se demandait même si cela valait le coup de préparer un gâteau avec des bougies… Il ferait aussi bien de se boire un jus de citrouille, c’était sans doute comme cela que ça allait finir. Peut-être aussi avec une ou deux bouteilles de Whisky Pur feu.
Il profita d’une accalmie pour sortir et marcher un peu. Le village où il s’était installé, pas très loin de Godric’s Hollow, était prêt pour Halloween. Les citrouilles sculptées par des artistes plus ou moins talentueux parsemaient les trottoirs. C’était comme si la guerre des sorciers n’avait pas lieu. Les moldus ne se rendaient compte de rien. Les vitrines des magasins étaient chaleureuses, décorées de jaune, d’orange, de rouge et de marron. Les feuilles des érables rougissaient. Combien de fois Sirius avait-il ramené chez ses parents des feuilles écarlates dans sa chambre en souhaitant les garder ainsi ? Il se souvenait des batailles de feuilles mortes avec Regulus dans le square devant chez ses parents.
Regulus avait fini ses études maintenant. Il avait choisi de suivre Voldemort. Sirius avait pourtant essayé de l’en dissuader. Ils s’étaient une nouvelle fois disputés. Mais cela peinait Sirius de savoir que son frère suivait une voie qui n’était pas la sienne et qu’il allait y laisser la vie.
Il repensa à la cape d’invisibilité soi-disant confisquée par Dumbledore. Il n’en croyait pas un mot. Et la réponse de James le rendait encore plus soupçonneux. Ce n’était qu’un objet et il n’avait a priori aucune raison de faire une fixette dessus, mais on leur avait déjà confisqué leur carte en septième année… Cela commençait à faire beaucoup pour les Maraudeurs. Et les Maraudeurs c’était tout ce que Sirius avait.
Il s’arrêta. Dumbledore l’avait. Il devrait se rendre à Poudlard et l’interroger pour espérer la récupérer. Pas sûr que le vieux directeur se laisse faire, il devinerait ses intentions. Il les connaissait… Peu importe, Sirius voulait juste savoir où était la cape. Leur cape.
Rien ne le retenait dans la région, aussi décida-t-il de partir pour Pré-au-Lard sur-le-champ.
Le village était étrangement calme. Sans doute Dumbledore s’appliquait-il à protéger autant le village que le château. La nuit tombait doucement. Sirius alla prendre une chambre aux Trois Balais. Mrs Rosmerta le reconnut aussitôt et lui demanda les derniers potins et ce que devenaient les autres. Sirius ne trouva même pas de réponse agréable. La guerre le rendait amer. Il regrettait l’époque où il ne se souciait même pas d’arriver à l’heure en cours.
Le lendemain, il décida d’entrer dans l’école en utilisant les passages secrets, mais sans la carte du maraudeur, c’était extrêmement risqué, et il ne pouvait pas passer inaperçu car il ne portait pas la cape d’invisibilité.
Il dut se décider à écrire à Dumbledore, de l’informer de sa présence à Pré-au-Lard et de lui dire qu’il attendait des réponses concernant la cape de James.
Dumbledore ne lui répondit que quelques jours plus tard et en personne.
-Je n’ai pas la cape, lui dit le vieil homme.
-Comment ça ?
-Je l’ai prêtée à quelqu’un. James est au courant, bien sûr.
-Il ne m’a rien dit.
-La personne en question en avait vraiment besoin. Sa vie est en danger.
-Comme tout le monde ! fit Sirius agacé. On est en guerre ! Et vous faites du favoritisme !
Dumbledore le regarda d’un air grave.
-Tu as traversé la moitié du pays pour une cape d’invisibilité, Sirius. De plus, si tu savais à qui sert cette fameuse cape, tu ne m’accuserais pas de favoritisme.
-Pourquoi ? Qui l’a ?
Mais le directeur ne répondit pas tout de suite.
-Je ne peux pas te le dire. Notre ennemi a des espions partout et je ne voudrais pas trahir la personne que je protège.
Cette entrevue laissa Sirius dans un état de frustration intense. Il se repassait en boucle les paroles de Dumbledore, à la recherche d’indices. Il n’en voyait pas. Le vieux grigou l’avait berné. Et chose incroyable : James, son meilleur ami, son frère, aussi ! James savait que sa cape allait être prêtée à quelqu’un. Ce devait être quelqu’un que James connaissait pour qu’il ait accepté… “Tu ne m’accuserais pas de favoritisme”. Il avait prêté la cape à un Serpentard ? Ou à quelqu’un qui trempait dans la magie noire ? C’était incompatible avec les connaissances de James. Ou en tout cas, incompatible avec le fait que James ait été d’accord pour prêter sa cape.
Non, vraiment, il ne voyait pas de qui il pouvait s’agir. Ce devait être quelqu’un de spécial.
La pluie qui tombait dru au-dehors ne l’aidait pas à se concentrer, bien au contraire. Une part de lui voulait laisser tomber. James avait sa vie. Et Dumbledore avait raison : il y avait plus important qu’une cape. Des vies étaient en jeu.
Mais la cape d’invisibilité représentait tellement pour Sirius ! Elle symbolisait la liberté, les amis, la famille qu’il n’avait jamais eue. Sans la cape, il avait l’impression que tout cela lui était arraché. Le contexte de guerre n’arrangeait rien. Il était plus loin de ses amis qu’il ne l’avait jamais été. Il devrait rentrer chez lui. Venir jusqu’ici avait été puéril, et une perte de temps en plus.
Et si James et Lily étaient en danger pendant qu’il courait après une cape d’invisibilité ? Il se devait d’être le premier à les aider. Il habitait le plus près.
Il repartit en sens inverse et accéléra à la pensée que ses amis puissent être morts pendant son absence.
Quelques semaines plus tard :
Toute la soirée, Sirius avait essayé de contacter James et celui-ci n’avait pas répondu. Plus le temps passait, plus l’aîné des Black se faisait du mouron. Il était presque minuit quand il décida de se rendre à Godric’s Hollow.
Le vrombissement de la moto résonnait horriblement dans le village ; il coupa les gaz. Son flair lui indiqua l’adresse du cottage que ses amis occupaient. Il retint à grand-peine une exclamation d’horreur. Le toit s’était effondré d’un côté.
La porte d’entrée était entrouverte. Il la poussa, le cœur battant à tout rompre. James était dans le couloir, étendu sur le sol, les bras en croix et les lunettes de travers. Mort. Quelque chose se brisa en Sirius. Les larmes coulèrent toutes seules, sans qu’il puisse les retenir.
Ce ne fut que les pleurs d’Harry qui le poussèrent à monter les escaliers et d’aller voir à l’étage. Lily était morte, elle aussi. Harry était dans son berceau avec une grosse plaie sur le front.
Sirius le prit dans ses bras, le serra contre lui.
-Il m’a sauvé la vie, dit une voix familière dans son dos.
Sirius se retourna et faillit en lâcher son filleul. Derrière des feuilles mortes qui tombaient à par le trou du toit, il reconnut son frère. Toujours remué par la mort de ses amis, il eut du mal à retrouver une voix normale.
-... Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fiches ici ?
Regulus baissa les yeux et sortit la cape d’invisibilité d’une de ses poches.
Sirius regardait l’étole sans comprendre. Ses neurones ne fonctionnaient plus. C’était trop.
-Je vais tout t’expliquer, dit Regulus.
-Ouais. Je veux bien.
Il sentait qu’il y était. Il allait enfin l’avoir, la solution.
-J’ai quitté le service de Tu-sais-qui, dit Regulus. J’en ai parlé à Dumbledore et il a décidé de tout faire pour m’aider. Potter m’a prêté sa cape pour que je m’échappe et son logis pour que je me cache. Le chat qu’il mentionnait dans les lettres c’était moi.
A nouveau, Sirius raffermit sa prise autour d’Harry pour ne pas le laisser tomber.
-J’avais peur de leur réaction mais ils ont été très gentils. Je comprends pourquoi tu les appréciais tant. Harry est un sacré petit gars. Il est déjà très doué sur un balai…
-Je ne comprends pas pourquoi ils ne m’ont rien dit…
-Est-ce que tu les aurais crus ?
-J’aurais eu du mal à comprendre mais j’aurais fini par accepter. Ils ont pris un risque…
-Ils prenaient déjà un risque.
-Est-ce que tu sais… qui aurait pu les trahir ?
-Un nom a circulé…
Sirius le fixa sans cligner des yeux. La tristesse l’avait quittée. Il était temps de venger ses amis.
-Pettigrew, fit Regulus. Mais attends. Si tu pars, qui va s’occuper d’Harry ? Tu n’es pas son parrain ?
Sirius ferma les yeux une seconde. Son coeur lui criait de se venger, de venger ses amis mais les yeux clairs de son filleul lui disaient "ne m'abandonne pas". Il avait déjà perdu ses parents. Fallait-il qu'il perde son parrain ?
-Tu as raison. Je ne peux pas le laisser. J’imagine que tu retournes au square Grimmaurd…
A sa grande surprise, Regulus haussa les épaules.
-Je n’ai rien décidé. Mais oui, il faudrait que je dise à Mère que je suis vivant... Si jamais tu as besoin d’aide avec Harry…
Un gros bruit de transplanage retentit, interrompant Regulus, et Hagrid se matérialisa devant la maison.
-Sirius. Je n’arrive pas à y croire… Lily et James…
Le demi-géant se reprit.
-Je viens chercher Harry. Je dois l’emmener chez son oncle et sa tante. Ordre de Dumbledore.
Sirius regarda son frère. Dumbledore avait sauvé Regulus, il savait ce qu’il faisait.
Il tendit son filleul à Hagrid à regret.
-Merci.
-Prends ma moto, je n’en aurais plus besoin.
Le demi-géant regarda l'engin et monta dessus.
-Donc tu vas te venger, fit Regulus. Au lieu de rentrer chez toi faire ton deuil, tu vas aller tuer Pettigrew ?
-Ne fais pas comme si tu en avais quelque chose à faire. Si tu avais voulu me signaler que tu étais vivant, tu l’aurais fait avant ce soir.
-Et prendre le risque de me faire tuer oui, certainement. Tu vas le tuer et ensuite ? Est-ce que tu te sentiras mieux ? Est-ce que ça fera revenir tes amis ? Je ne connaissais pas bien Potter mais je suis presque sûr qu’il t’empêcherait d’aller à la poursuite de Pettigrew…
-NE PARLE PAS DE JAMES ! Ni de Lily, je te l’interdis ! hurla Sirius.
-Je te dis juste que c’est une mauvaise idée. Si tu te fais arrêter, tu ne reverras jamais Harry.
Cette phrase figea Sirius d'effroi. Une nouvelle fois, Regulus avait raison. S'il partait, il ne pourrait plus tenir sa promesse. Laisser Peter s’en tirer était contraire à ses principes mais il devait penser à Harry, même si, de toute façon, il serait loin de lui.
-Je vais t’aider, dit Regulus.
Ils recouvrirent les corps de draps et les allongèrent l'un à côté de l'autre comme ils seraient dans leur tombe.