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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Un nouveau départ par Sifoell

[3 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +

Debout dans la salle de bain, Dorcas se regarde dans le miroir, et trouve que l’espèce d’uniforme des agents du Shield est bien loin d’être seyant. Elle le porte pourtant depuis quelques jours, mais depuis qu’elle s’est mis en tête de séduire Fury vu qu’il ne fait pas le moindre pas vers elle, tous les défauts de cet uniforme lui sautent aux yeux. Elle nage dedans, elle a l’impression d’être invisible. Et elle ne veut pas qu’on ne la remarque pas, elle veut briller.

Quelques mouvements de baguette et quelques formules plus tard, Dorcas préfère largement ce que le miroir lui renvoie, et sourit. Elle ourle ses lèvres d’un discret rouge à lèvres, maquille ses yeux pour donner l’impression qu’ils sont plus grands. Le pantalon noir et la chemise blanche qu’elle porte sont désormais plus près du corps et laisse deviner ses courbes, tandis qu’elle laisse sa veste négligemment ouverte, et défait deux boutons de sa chemise.

C’est alors qu’elle entend Fury tambouriner à la porte et entrer dans leur chambre.

- Meadowes !

Dorcas sort de la salle de bain et lui adresse un regard interrogateur, notant les yeux de Fury qui s’ouvrent grands sur son visage, glissent jusqu’à ses pieds pour remonter lentement. L’air de confusion qu’il arbore est absolument délicieux. Il en a même perdu ses mots, constate-t-elle avec une satisfaction non feinte.

- Tu as déjà entendu parler de super-soldats ?

Autant pour le compliment qu’elle espérait…

- Non.

- Steve Rogers, Captain America, ça te dit quelque chose ?

- Non.

Fury soupire, se demandant pourquoi les sorciers ne sortent pas de la cloche sous laquelle ils vivent.

- Pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés ont développé un super-sérum pour créer des soldats plus endurants, plus forts physiquement, et améliorer leurs performances intellectuelles également. Il y a eu plusieurs versions de ce super-sérum. La bonne a été administrée à Steve Rogers, un soldat malingre qui a réussi à s’enrôler malgré son état de santé. Il est devenu le premier super-soldat et le produit qui lui a été injecté a été détruit. Sauf que les forces de l’Axe ont elles aussi développé des versions de ce super sérum, avec des résultats plus ou moins heureux. Beaucoup de soldats n’ont pas survécu à cette injection, de notre côté comme de celui de l’ennemi, et le peu qui a survécu ne l’a pas forcément fait dans de bonnes conditions. Bref, French pense avoir repéré un de ces super-soldats à Baltimore, sur une caméra de surveillance. On va en salle de réunion, et tu me diras si c’est un des tiens.

Dorcas acquiesce, essayant d’assimiler la masse d’informations. Ils sortent tous deux de leur chambre, longent le couloir silencieusement, et rejoignent la salle de réunion où les conversations s’interrompent à leur arrivée, les accueillant, enfin, surtout Dorcas, avec un silence admiratif que s’empresse de briser Fury, agacé. La jeune sorcière n’en est que plus fière de l’effet qu’elle a produit sur lui.

- Bien, French, relance ta vidéo !

Le scientifique rajuste ses lunettes sur son nez, manipule quelques mollettes dans des gestes rapides que Dorcas observe attentivement, tout ce qui est technologique lui échappant encore en grande partie. Et sur l’écran de toile est projetée une vidéo d’une assez mauvaise qualité. Trois hommes cagoulés entrent, l’arme au poing, dans un bus. Des passagers s’enfuient par les portes arrière, en courant. Le bus semble bouger, comme si un troupeau d’hippogriffes dansaient une polka à l’intérieur, et un premier homme cagoulé est projeté par la porte, puis un second. Et le troisième apparaît, porté par la gorge par un jeune homme noir qui le jette comme s’il ne pesait rien. Dorcas sent le regard de Fury posé sur elle et elle secoue la tête, pensive, répondant à sa question silencieuse. Non, ce n’est pas un des siens.

- Super-soldat ! S’exclame Bishop, l’index pointé vers l’écran. Y a pas à tergiverser, c’en est un !

French manipule encore sa machine, et parvient à établir un portrait à peu près correct de l’homme. Mais surtout, il parvient à lire le numéro de la plaque du bus, et après quelques coups de fil, a le nom et l’adresse de l’homme. John Curtis, sur Morton Street, à Baltimore.
Anderson acquiesce, impressionné par l’aisance du scientifique.

- Beau travail, French. Bishop, c’est pour vous !

Le vieux briscard lève les mains en signe de reddition.

- Non, les super-soldats, je passe mon tour, j’ai déjà donné et j’ai failli y passer. C’est une affaire pour Fury et Meadowes.

Les deux se tournent vers Bishop, et Fury s’apprête à lui répondre quelque chose mais Dorcas le coupe.

- Nous sommes tous les trois Noirs, c’est à ça que vous pensez, Bishop. Il nous fera peut-être confiance, Fury...

Il étudie quelques instants le visage de Dorcas qui s’est tournée vers lui, réfléchissant déjà à la manière d’approcher un homme plus fort, plus rapide et plus intelligent que les autres, avant d’acquiescer.

- Bien, conclue Anderson. Par contre, je veux deux équipes en appui de Fury et Meadowes, s’il y a du grabuge.

 

Un peu moins de quatre heures plus tard, Fury et Dorcas entrent dans Baltimore, suivis par deux autres voitures contenant chacune deux agents. Le plan est que Fury et Dorcas vont entrer en contact en premier avec John Curtis, cette approche reposant sur le postulat que Fury et Meadowes étant tous deux noirs, le suspect sera peut-être moins méfiant. Cela a fait tiquer Dorcas qui s’est bien gardée d’en dire quoi que ce soit, mais il lui semble que ce point de vue est légèrement raciste sur les bords, mais étant une sorcière britannique, il y a sans doute énormément de choses qui lui échappent sur le plan sociologique chez les Non-Maj américains.
Pensive, Dorcas n’a pas écouté Fury qui lui attrape la cuisse et la secoue doucement pour attirer son attention. Tiens, c’est nouveau, ça. Normalement, il n’est pas très tactile. Elle ne peut empêcher un sourire venir se dessiner dans le coin de ses lèvres alors qu’elle tourne la tête vers lui.

- Tu m’as écouté ?

- Pas du tout.

- On sait rien de Curtis. French a juste découvert qu’il travaille depuis deux semaines pour la compagnie de bus de Baltimore, sinon il n’y a aucune trace de lui nulle part. Du moins, pas avec ce visage.

- Donc c’est une fausse identité ?

- Oui.

- Et qui a donc disparu de la circulation et qui avait ce visage ?

Fury se rencogne sur son siège, le regard perdu sur la route.

- French trouve une certaine ressemblance selon le logiciel d’identification photométrique du Shield avec un soldat qui est mort il y a trente ans. Si c’est lui, ça ne pourrait vraiment pas être un des tiens ?

Dorcas secoue la tête, puis demande, pensive.

- Et ce super sérum, il rallonge la vie des super soldats ?

Fury hausse les épaules.

- Les super soldats meurent comme les autres, de ce que je sais. Prématurément.

Le coeur de Dorcas se pince, et son regard tombe sur leur uniforme, qui n’est ni plus ni moins qu’un costume trois pièces mais qui peut sembler synonyme d’ennuis. Mais surtout, la voiture estampillée Shield risque un peu trop d’attirer l’attention.

- On devrait pas se changer ?

- Pardon ?

- On ressemble à des policiers, ou à ces autres agents avec qui vous travaillez des fois…

- FBI, CIA…

- Oui, voilà… On risque de le rendre méfiant et s’il est méfiant, il ne sera pas coopératif.

Fury se tourne vers Dorcas avec la mine condescendante et un peu ahurie de celui qui n’en croit pas ses oreilles.

- Ce type est dangereux, Meadowes !

Dorcas regarde devant elle, un peu nerveuse. Elle n’aime pas trop être dans une voiture Non-Maj que le conducteur conduit sans surveiller la route.

- Mais nous aussi, on est dangereux, Nick.

Un long silence conclue ce que Dorcas vient de dire, et ne sachant que rajouter, elle se tait.
Fury se gare sur le parking d’un centre commercial à l’entrée de Baltimore, bientôt suivi par les deux autre voitures. Les agents en sortent, et Fury répète avec eux le fameux plan d’Anderson, mais décide de mettre peut-être Dorcas en avant, se souvenant de sa prestation lors de l’affaire de Guatavita. Si la jeune sorcière a réussi à apprivoiser une sirène centenaire, ce n’est pas un super soldat qui va lui faire peur. Fury compte sur la douceur et le professionnalisme de Meadowes pour régler tout ça sans violence ni effusion de sang, sauf si elles sont nécessaires, et nom de dieu, ce qui est sûr, c’est que cela ne sera pas le leur qui va couler.
Ils reprennent la route, et une des voitures qui les suit s’arrête avant la leur pour se garer sur le côté, tandis que l’autre les dépasse quand Fury bifurque sur une place de parking. Alors que l’agent du Shield allait sortit, Dorcas le retient par le poignet, la baguette en main qu’elle agite en l’air alors qu’elle marmonne. Fury baisse les yeux sur ses vêtements que Dorcas a changé en un jean et un pull, puis la regarde d’un air interrogateur alors qu’elle change les siens en quelque chose de plus quotidien, de moins formel. Une jupe et un chemisier fleuri.

- Je préfère comme ça, Fury. Je sais pas, c’est peut-être une intuition, mais ce super soldat doit savoir qu’il peut être en danger, suivi, arrêté ou attaqué. Il faut qu’on ait l’air sympathique. Tu es sûr qu’il est chez lui à cette heure ?

- Il ne travaille pas le lundi, murmure-t-il.

Dorcas acquiesce, incertaine de ce qu’elle va trouver. Alors que Fury fait de nouveau mine de sortir, elle le retient de nouveau.

- Quand on essayait de les débusquer, les Mangemorts, on savait qu’ils étaient nos ennemis, et qu’ils n’hésiteraient pas à essayer de nous tuer. Ce Curtis est-il notre ennemi ?

Fury se rembrunit.

- On peut s’y attendre. Tu as peur ?

Dorcas secoue la tête, avant de faire la moue.

- Peut-être un peu, avoue-t-elle du bout des lèvres. Bon, allons-y !

La sorcière sort de la voiture, et lance un discret sort pour camoufler l’étiquette estampillant le Shield sur les portières. Alors qu’elle s’arrête devant la porte fermée du bâtiment, Fury sort un truc de sa poche qui clignote quand il le pose sur une partie de l’interphone, déclenchant le déverrouillage de la serrure.

- Troisième étage, appartement 9, rappelle-t-il.

Ils gravissent tous deux les escaliers, et quand ils se trouvent devant l’appartement 9, Dorcas retient Fury.

- Laisse-moi faire.

Devant sa mine renfrognée, elle précise qu’elle a l’air plus avenante. Elle toque alors à la porte, entendent un peu de bruit derrière, et une voix peu amène leur demande qui sait, sans leur ouvrir pour autant. Dorcas ouvre de grands yeux, avant de se décider pour une semi-vérité.

- Monsieur Curtis ? Je m’appelle Dorcas Meadowes, je suis avec Nick Fury. On aimerait vous parler s’il-vous-plaît.

La porte s’ouvre sur un homme noir qui doit avoir plus ou moins leur âge et qui paraît, effectivement, être plutôt sportif au vu de sa carrure. Un bruit se fait entendre derrière, et une jeune femme très enceinte se laisse entrevoir, mais l’homme, nerveux, se retourne et lui demande de retourner dans le salon, ce qu’elle fait sans discuter.

- Qu’est-ce que vous me voulez ? Demande Curtis, méfiant.

Dorcas sourit, prend l’air le plus rassurant possible.

- Fury et moi travaillons pour une agence gouvernementale, et nous avons eu accès à la vidéosurveillance montrant l’attaque que vous avez subie quand vous conduisiez ce bus, commence-t-elle.

La jeune femme regrette instantanément ce qu’elle vient de dire quand Curtis pâlit sensiblement, que ses poings s’assombrissent et se serrent. Alors, avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit pour se rattraper, Fury qui a aussi remarqué ce changement chez Curtis, attrape Dorcas par le bras pour la dégager de devant Curtis. Dorcas, surpris, tombe au sol et quand elle relève la tête, Fury brandit son arme sur l’homme qui, en deux mouvements rapides, a récupéré le revolver de Nick et le tient contre lui, serrant son bras autour de son cou, jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Horrifiée, Dorcas suit des yeux Fury qui s’effondre au sol avant de croiser le regard sombre de Curtis. Elle apaise alors sa peur galopante, attrape sa baguette et transplane à l’intérieur de l’appartement. La jeune femme enceinte pousse un glapissement en la voyant apparaître dans le couloir. Dorcas brandit sa baguette, lance un maléfice d’entrave sur le soldat qui n’a absolument aucun effet, tout en surveillant du coin de l’oeil Fury qui gît toujours au sol, parfaitement immobile.

- Isaiah ! Appelle la jeune femme enceinte d’une petite voix apeurée.

Dorcas se risque à lui jeter un coup d’oeil.

- On ne lui veut pas de mal, Madame. On veut juste discuter.

Curtis se tourne lentement vers elle, puis lance un regard dans le couloir avant d’attraper Fury par son pull et de le traîner sans le moindre effort à l’intérieur. Il referme la porte derrière lui.

- Comment avez-vous… commence Curtis, qui a vu Dorcas disparaître du couloir.
Mais le regard de la jeune sorcière est rivé sur Fury.

- Il n’est pas… Il n’est pas…

- Il est évanoui. Comment avez-vous fait pour arriver dans l’appartement ?

Le soulagement que Dorcas ressent en sachant que Curtis n’a pas tué Fury déferle en elle, et elle papillonne des yeux avant de porter ses mains à ses joues et d’en essuyer d’un geste machinal les larmes. Elle plonge son regard sur Curtis, puis jette un œil autour d’elle, dans ce petit appartement chichement meublé, puis adresse un fin sourire à la jeune femme qui a les mains posées sur son ventre.

- Je ne vous veux pas de mal, Madame. Et pour répondre à votre question, monsieur, je suis arrivée dans votre appartement en me téléportant, c’est un de mes talents, comme vous, vous avez aussi des talents. Pourquoi vous a-t-elle appelé Isaiah ?

- Parce que c’est mon nom.

Dorcas acquiesce, range discrètement sa baguette dans sa manche, puis lui tend la main.

- Dorcas Meadowes, je travaille au Shield, un organisme gouvernemental qui a pour mission de maintenir la paix sur le territoire des Etats-Unis, et dans le monde.

Curtis la regarde avec l’air de celui qui n’arrive pas à se décider si tout cela n’est pas une vaste blague. Il lui serre néanmoins la main, un peu trop vigoureusement au vu de la grimace de douleur qu’elle réprime aussitôt.

- John Curtis.

Dorcas lui adresse un grand sourire, et il se renfrogne, marmonnant.

- Isaiah Bradley.

Le sourire de Dorcas devient lumineux. Elle pointe du bout du nez l’homme allongé par terre qui commence à émettre quelques grognements.

- Et lui, c’est Nick Fury.

L’esprit de Dorcas analyse le fait que son sort n’a eu aucun effet sur Isaiah. Il a donc une nature bien plus vigoureuse qu’un Non-Maj ordinaire, ou un sorcier, d’ailleurs. Anderson a donc raison, et il a probablement reçu ce super sérum.

- Nous sommes là pour nous assurer que vous ne soyez pas un danger pour la société, monsieur Bradley. Puis-je m’occuper de mon partenaire ?

Le visage d’Isaiah Bradley n’est qu’un masque. Visiblement, il n’a aucune confiance en eux et est clairement sur la défensive. Dorcas ne doute pas que si elle devait le neutraliser, il lui faudrait ruser.

Isaiah pousse un gros soupir, attrape Fury comme s’il ne pesait rien, et le porte jusqu’au salon, Dorcas s’effaçant puis les suivant jusqu’au canapé, où elle s’installe à côté de Nick que, d’un rapide coup d’oeil, elle estime relativement indemne, si ce n’est sa fierté blessée. Fury ouvre ses yeux, se demandant où il est. Dorcas pose sa main sur son bras et lui murmure que tout va bien. Mais vu l’expression de Fury, non, tout ne va pas bien. Il tâte son holster, constate qu’il est vide, et avant qu’il n’ait le temps de faire ou dire une connerie, Dorcas lui attrape la main et ne la lâche plus.

- Tout. Va. Bien. Fais-moi confiance. Je te présente Isaiah Bradley.

Fury plisse les yeux, et les deux hommes se jaugent. Dorcas se penche vers lui, l’odeur de son parfum venant lui chatouiller les narines.

- Il t’a mis une pâtée il y a cinq minutes. Le sort que je lui ai lancé est inefficace, chuchote-t-elle.

Fury la regarde dans les yeux, son visage si proche du sien. Puis il acquiesce, signifiant qu’il a compris et qu’il a fait le tri dans la purée qu’il y a dans son cerveau. C’est bien un super soldat.

- Merci de nous accueillir chez vous alors que l’on ne s’est pas annoncé. C’était cavalier de notre part, commence Dorcas.

- Vous êtes anglaise, non ? Demande Isaiah, toujours aussi méfiant.

Dorcas acquiesce.

- Et lui c’était un soldat, désigne-t-il d’un mouvement de la tête.

- Oui, répond Dorcas. Un colonel.

Le visage d’Isaiah s’allonge et Dorcas se demande si elle n’a pas fait une gaffe. Il s’assoit dans un des fauteuils, et fait un vague geste de la main pour dire à la jeune femme enceinte de prendre place aussi. Puis il pose ses coudes sur ses genoux et s’avance vers Fury qui, jusqu’à présent, n’a pas prononcé un mot.

- Et comment ça se fait qu’un Noir comme vous est devenu colonel ? Alors que moi, j’ai servi de cobaye, en remerciement pour m’être enrôlé ? J’ai combattu en Corée, et quand ils ont voulu tous nous détruire, les autres soldats dopés et moi, je les ai tous libérés. Parce que j’en pouvais plus de leurs conneries. J’ai été enfermé trente ans, Fury. Trente ans de ma vie m’ont été volés. Ma femme Faith est morte. Je n’ai pas pu lui dire au revoir.
Dorcas pose sa main sur sa bouche, horrifiée, puis se tourne vers Fury qui semble sincèrement surpris.

- Je suis désolé pour ce que vous avez subi, monsieur Bradley. Je n’avais aucune connaissance de ce que vous venez d’évoquer.

Ils se regardent longuement, tout deux, puis Fury poursuit.

- J’ai rejoint l’armée après le lycée, et ai travaillé dur pour devenir colonel. Mais je n’ai pas pu y rester par la suite, parce que les ordres, parfois, quand ils sont discutables, on peut ne pas y obéir aveuglément. J’ai ensuite rejoint la CIA et ai travaillé en Europe. Belfast, Belgrade, Budapest, Bucharest. J’ai recommencé tout en bas de l’échelle, et en ai gravi quelques échelons. Mais c’était toujours la même sauce. Les ordres, les ordres, les ordres, et l’aveuglement demandé. Cela fera bientôt deux ans que je travaille au Shield. Je suis au niveau 2 pour le moment. Et plus on grimpe, plus les secrets s’épaississent. Et votre secret, Bradley, il me plaît pas.

Isaiah semble se durcir, dents serrés, poings fermés, faisant corps avec son fauteuil.

- Votre secret, Bradley, Meadowes et moi on va le garder. Officiellement, vous êtes qui ?

- Bradley est mort.

- Bradley est mort. Très bien, monsieur Curtis. Il faut qu’on invente une belle histoire qu’ils vont gober, alors. Histoire qu’ils vous fichent la paix. Parce que c’est ce que vous voulez, non ? La paix ?

Isaiah acquiesce, le visage dur comme de la pierre.

- Exactement.

- John Curtis est un pro des arts martiaux. Et avec la peur de se faire braquer, vous avez eu un shot d’adrénaline qui a décuplé votre force. Fin de l’histoire. Rideau.
Fury tâte une de ses poches, levant sa main dans un geste d’apaisement.

- Je vous offre ma carte de visite, et en échange, vous me rendez mon arme, ça vous va ?
Bradley acquiesce, peu laconique, comme si tout ce qu’il venait de révéler à cet autre Noir qui a eu un tout autre destin que le sien, l’avait privé de tous ses mots. En un geste en miroir, Fury lui tend sa carte de visite et Bradley son arme qu’ils échangent.

- Je vous contacterai si j’ai besoin d’un cours de judo, ou si je dois prendre le bus, poursuit, nonchalamment Fury.

Le regard de Bradley se pose alors sur Dorcas, et avant qu’elle n’ait pu prononcer le moindre mot, bouche ouverte, inspirant, Fury la coupe.

- Elle dira rien. Vous pouvez lui faire confiance. Je lui confierai ma vie.

Bradley acquiesce alors que Dorcas regarde Fury comme s’il lui avait poussé des ailes. Nick se lève alors, les sourcils légèrement froncés, puis se tourne vers Dorcas qui se met debout à son tour, ne le quittant pas des yeux, un léger sourire aux lèvres.
Fury tend sa main à Bradley qui la serre, puis Dorcas en fait de même.

- Au revoir, Monsieur Curtis.

- Monsieur Fury, Madame Meadowes.

Bradley / Curtis les raccompagne à la porte tandis que Dorcas adresse un discret sourire à la femme enceinte qui paraît soulagée de les voir partir.
Dans le couloir, plein de choses passent dans l’esprit de la jeune femme qui ne sait par où commencer, tellement elle a envie de remercier l’homme pour sa décision qui semble la plus juste. Aussi, elle a été particulièrement touchée par la confiance que lui a accordé Fury. Enfin, en écoutant le récit de Bradley, elle se demande naïvement si elle ne va pas être amenée à travailler sur des missions qui vont aller à l’encontre de ses idéaux.

- Tu as fait du bon travail, Dorcas, apprécie Fury.

Avant qu’ils n’aient atteint les escaliers, Dorcas le rattrape en quelques enjambées, prend délicatement sa main dans la sienne, et efface son air surpris en s’approchant de lui, et sur une pulsion qui la ferait rougir, vient embrasser ses lèvres, en fermant les yeux. Puis elle se recule, incertaine, parce que Fury n’a jamais, mais jamais vraiment montré qu’il était attiré par elle, aux yeux de Dorcas. Peut-être parce qu’elle est moins sûre d’elle depuis que sa vie a été bouleversée par Fury. Depuis qu’il l’a sauvée.

- Désolée, murmure-t-elle, en détournant les yeux.

- Moi non.

Fury serre sa main dans la sienne et l’attire de nouveau contre lui, penchant doucement son visage vers le sien, pressant sa large main dans son dos.

- Moi non, répète-t-il tout bas avant de poser ses lèvres sur les siennes, de goûter ses soupirs, d’embrasser son incertitude.

 

Lors du trajet retour, sa bouche encore avide des baisers de Fury, Dorcas sourit en regardant le paysage défiler. Fury est devenu étrangement silencieux, voire préoccupé. Et quand Dorcas trouve cela pesant, elle se tourne vers lui, son enthousiasme douché par son expression.

- Les relations amoureuses entre agents du Shield ne sont pas autorisées, marmonne-t-il.

La jeune femme a l’impression que son coeur fait une cabriole dans sa poitrine. Peut-être est-ce un peu prématuré de parler d’amour. Peut-être pas. Mais si cette tête de mule la repousse après l’avoir embrassée sous prétexte que ce n’est pas autorisé, après tout son beau discours sur les ordres à ne pas suivre aveuglément, elle envisage des mesures drastiques. A base de filtres d’amour, de sortilège d’entrave et de hurlements de frustration et de vaisselle brisée dans une pièce insonorisée.

Pourtant, c’est avec une voix détachée que Dorcas plaisante.

- ça tombe bien, je travaille pour le Macusa.

Fury se tourne l’espace d’une seconde vers elle, le temps de lire quelque chose comme de la détermination dans son regard, puis il regarde de nouveau la route, se marre en secouant la tête. Dorcas se met également à rire, et quand Fury pose sa grande main sur sa cuisse, celle de la sorcière vient se poser sur la sienne.

C’est nous contre le reste du monde, pense-t-elle.

 

Le lendemain, Dorcas se réveille après une courte nuit qu’elle a passé à rêver aux bras de Fury, puis se rend compte que ce matin de septembre, elle a vingt-six ans. Cela lui fait bizarre, mais c’est à la fois un jour comme les autres, et il n’y a pas vraiment de raison qu’il en soit autrement. Après le débriefing de leur mission de la veille, et une journée passée dans la paperasse jusqu’à ce que les yeux de Dorcas se brouillent et fassent s’entremêler les cinquantaines de lignes des dizaines de pages de rapports qu’elle a lu, et qu’elle apprend à taper, elle sent que l’atmosphère autour d’elle change, des regards et des sourires de connivence sont échangés par ses collègues. French est celui qui vend la mèche en venant lui déposer sur son bureau une boîte emballée de rouge et garnie d’un énorme nœud.

- Oh, c’est pour moi ?

- Joyeux anniversaire, Meadowes !

La jeune femme sourit et, avec l’enthousiasme d’une fillette, déballe son cadeau qui se révèle être un téléphone portatif. S’en suivent un énorme bouquet de fleurs offert par le service, puis d’autres présents plus personnels, une intégrale de Yeats, du parfum, un abonnement à un magazine féminin Non-Maj. Un peu gênée, parce qu’elle ne s’y attendait pas, elle reçoit tout cela avec ravissement, adressant sourires, signes de tête et remerciements. Puis Fury la raccompagne jusqu’à leur chambre, curieusement silencieux.

- Dans quinze minutes, je t’emmène quelque part. Prépare-toi.

Un grand sourire aux lèvres, et embarrassée par les paquets que Fury lui prend un à un des mains pour les déposer sur le bureau.

- Me préparer ? Mettre des vêtements civils ou mettre une belle robe ?

- Deuxième option !

Poussant un petit cri d’excitation, Dorcas attrape son sac et s’enferme dans la salle de bain. Quand elle en sort, la jeune femme ouvre de grands yeux surpris sur Fury qui, tout habillé de noir, a pourtant quelque chose de changé sans qu’elle n’arrive à mettre le doigt dessus. Par contre, l’expression de l’homme est impayable. Désir et admiration mêlés.

Rougissante, Dorcas est heureuse et bouleversée de l’effet tant attendu qu’elle produit sur cet homme qu’elle-même désire et admire. Enfin, ce qu’elle discerne dans le regard de Fury est ce qu’elle souhaitait. Et cela a un goût de nouveau départ dans la vie, du moins, l’espère-t-elle.
Fury attend qu’ils aient quitté le bâtiment du Shield, puis qu’il soit sorti de la voiture une fois qu’ils ont traversé la ville, pour proposer son bras à Dorcas qui vient y poser sa main et se blottir contre lui. La robe de soie d’un bleu roi fait ressortir sa peau couleur chocolat, et Fury mettrait sa main à couper que Dorcas est plus douce que la soie. Perchée sur des talons qui lui donnent l’allure gracieuse d’une ballerine, Fury sourit à la pensée de cette femme à son bras.
Dans la poche de sa veste, il a une petite boîte noire contenant un bracelet en or. Dorcas ne l’a pas dit, mais quand elle a donné à la sirène celui que ses parents lui avaient offert, Fury a bien vu que ce sacrifice lui fendait le coeur. Il espère qu’un autre bijou, même si ce n’est pas le même, pourra apaiser sa peine et la faire sourire.

Il aimerait qu’elle sourie toujours.

 

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