Elle était prête.
Face au miroir, elle observait sa robe aux couleurs de l’Irlande, ses cheveux caramels assemblés en une queue de cheval parfaite.
Oui, Victoria était prête.
Deux ans s’étaient écoulés depuis qu’elle avait quitté l’Angleterre pour le pensionnat d’Ilvermony aux États-Unis. Une décision mûrement réfléchie et prise par son oncle Charlus et sa tante Euphémia, ses tuteurs depuis la mort de ses parents, quatorze ans plus tôt.
Mirabella et Jonathan Potter étaient morts en combattant un mage noir, quelques heures seulement avant la disparition de ce dernier.
Victoria avait grandi entre les murs du Manoir Potter, situé dans la plaine de Godric’s Hollow, en retrait des autres maisons et avait effectué sa première année à Poudlard avant son départ.
Et c’est pour cela qu’elle était aussi nerveuse.
Victoria savait que lors de la finale de la Coupe du Monde, à laquelle elle s’apprêtait à assister, elle reverrait ses anciens camarades de Poudlard. Comment avaient-ils grandi ? Comment réagiraient-ils ?
Elle repensait à ses meilleurs amis, Drago Malefoy et Léo – Léonard – Prewett. Ils n’avaient jamais cessé de s’écrire mais elle n’avait jamais pu les revoir.
Comment vivraient-ils son retour ?
— Nous y allons, annonça une voix grave derrière elle.
La jeune fille se tourna vers la porte pour voir son oncle la fixer. Elle acquiesça et se dirigea vers lui, mais il l’arrêta.
— C’est juste un match, tu le sais ?
— Avec des dizaines de regards fixés sur moi. Je ne peux me permettre le moindre écart.
Charlus souffla et leva les yeux au ciel, visiblement amusé.
— Décidément, ta chère tante aura réussi à faire de toi la parfaite petite héritière.
— C’est ce que je suis. Je dois être présentable, même pour un match.
— Si vous êtes prête, Lady Victoria, nous y allons, se moqua Charlus.
— Tante Euphémia va adorer ton imitation !
Il éclata de rire et ils descendirent les escaliers menant au hall. Euphémia préparait des potions de guérison, aussi partirent-ils sans tarder, Victoria attrapant une cape verte et Charlus les faisant transplaner dès qu’ils eurent passé le portail du Manoir.
Lorsque ses pieds touchèrent enfin le sol, après ce qui lui avait semblé être une éternité, Victoria avala une grande goulée d’air frais, tentant de calmer les nausées qui la traversaient. Essayant tant bien que mal de se reprendre, elle observa le paysage autour d’elle. Ils étaient dans une magnifique clairière et elle eut du mal à ne pas sourire. C’était apaisant et parfait pour se reprendre après la torture que représentait le transplanage d’escorte.
— Tu vas bien ? Demanda Charlus.
Victoria hocha la tête et regarda autour d’elle.
— Où sommes-nous ?
— Dans un lieu inconnu. Une clairière tout près du stade. Allons-y.
Elle le suivit, découvrant au fur et à mesure le stade qui se dessinait. Ils se firent bientôt emporter par les derniers supporters qui arrivaient en courant et montèrent les escaliers rapidement pour pouvoir accéder à leurs places, dans la loge du ministre.
Victoria lissa les plis de sa robe alors qu’ils arrivaient enfin au sommet, des éclats de voix retentissant.
— Quelle surprise, Arthur, lâcha une voix traînante qu’elle reconnut facilement, de vous voir ici. Avez-vous dû vendre votre...maison comme vous l’appelez, pour ces places ?
— Je ne vous permets pas ! S’exclama le dénommé Arthur, fulminant.
Victoria leva les yeux au ciel mais entra, interrompant la dispute.
— Lucius Malefoy, quelle surprise !
— Lady Victoria ? Je vous retourne le compliment. Que faites-vous ici ?
— Je n’aurai manqué cette finale pour rien au monde. Nous allons voir l’Irlande gagner après tout. Et vous ? J’aurai cru que ce genre de festivités était trop inférieur et indigne de vous.
La froideur de la jeune fille acheva de décomposer Lucius qui se tut et fit volte face.
— Certaines choses ne changent jamais…
— A qui le dis-tu !
Elle ne put retenir un sourire éclatant en voyant ses deux meilleurs amis réunis face à elle et se jeta dans leurs bras en riant. Elle avait beau être une Lady, elle n’avait que quatorze ans et ses amis lui avaient manqué.
Elle recula, sans se départir de son sourire, et observa les garçons. Drago Malefoy, les cheveux d’un blond platine et l’air arrogant, la fixait sans son masque habituel de froideur. Léonard Prewett, lui, avec ses cheveux roux et ses yeux marrons, avait toujours son air bienveillant et agréable. Les deux garçons étaient aussi différents l’un que l’autre, pourtant ils avaient toujours réussi à s’entendre. C’était assez surprenant pour un Serpentard et un Poufsouffle.
— Vous m’avez tant manqué !
— Regarde-toi, tu deviens une vraie Lady, constata Drago.
— Il faut croire que je n’ai pas perdu mon temps en quittant Poudlard pour Ilvermony.
— Tu es radieuse, la rassura Léo en la conduisant vers sa place.
— Vicky ! S’exclama une jeune fille que Victoria reconnu comme étant Hermione Granger.
— Bonjour, Hermione. Ravie de te revoir. Les garçons, c’est un plaisir également, ajouta-t-elle à l’intention des autres garçons, issus de la famille Weasley, et de Harry, son cousin.
Harry Potter avait perdu ses parents quelques heures après elle : c’est lui qui avait vaincu le mage noir, Voldemort. Pourtant, Euphémia et Charlus n’avaient jamais pu obtenir sa garde.
Le jeune homme lui sourit et elle s’installa.
— Je parie que l’Irlande va gagner mais que Krum va attraper le vif, lança la jeune fille avec légèreté.
******************
L’Irlande avait gagné. Le stade était déserté et les supporters faisaient la fête dans les campings et Charlus avaient suivi le mouvement, se rendant dans la tente des Weasley.
Victoria observait, amusée, les jumeaux Weasley qui chantaient la victoire des Irlandais, quand elle sentit un malaise l’envahir. Elle avait chaud, et soudain elle était fatiguée.
Des hurlements. Du feu. Des morts et des blessés. La Marque des Ténèbres dans le ciel.
Elle sursauta, effrayée par ces images étranges qu’elle venait de voir. Léo se pencha vers elle, soucieux.
— Tu te sens bien ?
Elle allait répondre, mais soudain, Arthur et Charlus entrèrent, paniqués, baguettes en main.
— Ce sont des mangemorts, fuyez, vite !
Alors Victoria courut dehors avec Léo et les frères et la sœur de Ron. Ils coururent se mettre à l’abri dans les bois. Pourtant, dans sa course, Victoria se posait une question.
Pourquoi avait-elle vu avant tout le monde ce qui allait arriver ?