Vernon plisse les yeux pour déchiffrer l’écriture de la lettre. Il revient de la boite aux lettres avec un tas de courrier, mais c’est cette enveloppe qui a attiré son attention. Peut-être parce qu’elle vient tout droit de la mairie de Little Whinging.
Il entre dans le salon. Pétunia nettoie la table, Harry fait la vaisselle. Ayant du mal à lire avec ses vieux yeux, Vernon demande à son épouse de lire pour lui.
- Alors, entame Pétunia en prenant la lettre. Chers Dursley, félicitations ! Vous avez remporté la première place du concours national de la plus belle pelouse de banlieue. C’est super ça ! Je ne savais pas que tu nous avais inscrits Vernon.
- Moi non plus, grommelle-t-il.
- Nous vous invitons à rejoindre la mairie de Little Whinging pour la cérémonie de la remise des prix à 20 heures. Mais c’est bientôt l’heure ! Il faut partir tout de suite. Prépare-toi, Dudlynouchet, on va y aller.
Dudley débarque à son tour dans le salon. Vernon se tourne vers son neveu.
- Toi, tu restes là. S’il se passe la moindre chose étrange ici…, menace-t-il.
Les trois Dursley se dirigent vers la voiture. Vernon prend le volant, Pétunia s’installe à sa gauche, Dudley à l’arrière. Le père conduit une bonne dizaine de minutes avant de se garer dans le parking de la mairie. Les trois sont surpris de voir le peu de voitures présentes.
- Peut-être n’ont-ils convié que les finalistes, suppose Pétunia. Quelle heure est-il Diddy ?
- Moins cinq, répond le fils. On peut rentrer maintenant ?
- Ils doivent être à l’intérieur, décide Vernon sans prêter attention à Dudley.
Ils avancent à la lumière des lampadaires vers l’entrée de la mairie. Ils se retrouvent porte-close. Vernon s’énerve contre la porte et pousse des jurons très insultant envers l’accueil. Son épouse opte pour une méthode plus calme et sonne. Un grésillement se fait entendre et la porte se déverrouille.
Vernon stoppe ses mouvements et suit sa famille.
- Tu vois, ils sont là, sourit Pétunia.
Mais bientôt les Dursley se retrouvent seuls dans l’entrée de la mairie.
- Vous cherchez quelque chose ? demande une dame à l’accueil, l’air ennuyé, un gros livre mythologique en main.
Elle a la cinquantaine, les cheveux bruns grisonnant, assez jolie, la peau basanée. D’après l’étiquette sur son haut, elle s’appelle Emma.
- Oui, c’est pour la remise des prix, répond la mère Dursley, pour les meilleures pelouses. Vous savez où ça se déroule ?
- Oh, je ne suis pas au courant, je vais regarder mon agenda.
La femme les quitte un instant. Les minutes passent. Pétunia s’inquiète, Vernon s’énerve, Dudley s’ennuie. Quand Emma revient enfin, elle dit :
- Je n’ai rien de tel d’inscrit. Je vais appelé là-haut pour voir s’ils sont au courant. Je vous en informe après.
Elle repart dans son bureau. Les Dursley entendent sa voix mélodieuse, moqueuse au téléphone.
- Ne me dite pas qu’elle fait les blagues au lieu de se renseigner…, grogne Vernon.
- Chut, l’interrompt son épouse. Elle revient.
En effet, Emma a raccroché et s’approche d’eux, l’air embarrassé.
- Je suis désolée, mais rien de tel ne se déroule ici. Peut-être est-ce ailleurs ?
- Mais enfin, on a la lettre ! s’exclame le gros et vieux Dursley en tendant le papier.
La femme de l’accueil la lit et leur rend, désolée.
- Je ne peux vraiment rien faire. Peut-être était-ce l’année dernière ? En tout cas, ce n’est pas ici. Vous pourrez demander au maire demain si vous voulez, mais en attendant, je vous conseille de rentrée. C’est tard et il n’y a pas de prix.
Fâchés de s’être laissés avoir par un imbécile, les Dursley repartent. Quand ils arrivent chez eux, Pétunia crie :
- Harry, ce n’est pas toi qui a fait ça ?
Personne ne répond. La femme craint le pire. Dudley le confirme après un tour rapide de la maison.
- Il s’est barré. Avec ses affaires.
- Le fou ! suffoque Vernon. Il nous a eu, avec ses tarés !