Le quai de la voie numéro neuf-trois-quarts grouillait de monde en ce jour de rentrée.

Cygnus Black toisait tout ce ramassis de traîtres au sang et de Sang-de-Bourbe qui embrassaient leur progéniture sur le point d’aller pour la première fois ou de retourner à Poudlard, et déclara à ses trois filles d’un ton hautain :

‘’Il va sans dire, mes filles, que vous ne vous acoquinerez pas avec la racaille pendant ce trimestre, pas plus que les précédents ou les suivants. Vous veillerez à garder le noble nom Black aussi pur et digne qu’il l’a toujours été, et ne le ternirez d’aucune manière qui soit.’’

Les trois hochèrent la tête.

Cygnus n’avait pas de doute à propos de sa fille aînée, Bellatrix, qui entrait en septième année, ni à propos de Narcissa, sa cadette, qui faisait sa quatrième rentrée – mais Andromeda, la puînée, qui entamait son avant-dernière année, lui causait une plus grande inquiétude.

Enfin, il comptait sur ses sœurs pour la remettre dans le droit chemin.

Druella, sa femme, enlaça tour à tour ses trois filles, et même Bella, qui n’était pourtant pas encline aux effusions, lui rendit maladroitement son étreinte.

‘’Vous serez bien sages, hein ? Pas de bêtises, pas de chahut, et pas de bagarre, n’est-ce pas ?‘’

A ces mots, elle darda un regard suspicieux sur sa fille aînée, tandis que les deux autres s’empressaient d’acquieser, mais cette dernière ne lui prêtait même plus attention, se contentant de chercher dans la foule son oncle Orion et sa tante Walburga à côté de qui se tenaient, peu friands des embrassades, et droits comme des piquets, ses cousins, Sirius, qui entrait en septième année comme elle, et Regulus, qui était du même âge que Narcissa.

A la mine renfrognée de Sirius, qui se rembrunit lorsqu’il croisa son regard, elle ne se priva pas de sourire moqueusement.

‘’N’est-ce pas, Bellatrix ?’’

Daignant enfin réagir à ce que sa mère lui disait, elle s’empressa de répondre, trop précipitamment pour que cela paresse parfaitement honnête et sans même la regarder :

‘’Oui, oui. Bon, on y va maintenant ?’’

Druella soupira alors que ses filles s’éloignaient, et échangea un regard avec son mari.

Des fois, elle n’était pas sûre de laquelle de ses filles l’inquiétait le plus.

Une fois dans le train, Bella se mit en quête du compartiment où ses camarades de Serpentard avaient élu domicile le temps du trajet jusqu’à Poudlard. Elle finit par trouver son meilleur ami, Rodolphus Lestrange, qui entrait en septième année, comme elle, en compagnie de son frère, Rabastan, qui était de l’âge d’Andromeda, de Lucius Malefoy, et de son cousin, Evan Rosier.

Poussant sa valise dans le compartiment, elle se laissa choir sur la banquette juste à côté de Rodolphus, et entama la conversation avec lui, jusqu’à ce qu’il l’interrompe, montrant la porte du compartiment d’un petit geste de la main.

‘’Dis, Bella, c’est normal que ton crétin de cousin soit planté là avec son pote bigleux ?’’

Bellatrix se retourna pour regarder de quoi il parlait, avant de constater, avec dépit, qu’il avait raison. Sirius était effectivement là, à lui faire des petits signes de la main.

Elle jura avant de se lever :

‘’Attends deux minutes, je vais régler ça, et je reviens.’’

oOo

Sirius, bras dessus, bras dessous avec James, qu’il venait tout juste de retrouver, arpentait le couloir du Poudlard Express, cherchant un quelconque moyen de passer le temps terriblement long du voyage.

Il s’arrêta net lorsqu’ils passèrent devant un compartiment plein de Serpentard, dont sa cousine, Bellatrix, qui parlait avec ses amis.

Il eut un sourire narquois, avant de regarder James :

‘’Dis-donc, Cornedrue, je sais pas toi, mais moi, j’aurais bien envie d’aller bouffer du serpent.’’

Le visage de James s’illumina avec le même sourire que lui, presque comme un miroir :

‘’Mais quelle bonne idée, Patmol. Ca fait bien trop longtemps. Deux mois sans se battre avec des Serpentard, c’est presque indécent – ça devrait être un sport quotidien, presque autant que le Quidditch.’’

Sirius rit, et se mit à faire coucou à sa cousine, qui lui tournait le dos.

Il ne fallu pas longtemps pour qu’elle se retourne, fronce les sourcils en les voyant en soupirant manifestement, avant de se lever et d’ouvrir la porte du compartiment avec fracas.

‘’Mais enfin, qu’est-ce que vous foutez plantés comme des cons là-devant, tous les deux ?! cracha-t-elle. Sérieusement, vous avez pas autre chose à foutre ? Allez jouer ailleurs, et foutez-nous la paix.’’

Sirius leva les mains en signe de reddition.

‘’Ouh là, du calme cousinette ! On ne faisait rien de mal, on passait dire bonjour. ’’

A ces mots, il s’invita dans le compartiment des Serpentard, suivi par James, et s’assit à la seule place libre qu’il restait. Du coin de l’oeil, il vit Bellatrix serrer la mâchoire.

‘’Alors, quoi de neuf, les élitistes ?’’

‘’Dégagez de là !’’

Il regarda Bellatrix en face, cette fois.

‘’Et si on a pas envie ?’’

Bellatrix commença à sortir sa baguette de sa manche, et la pointa sur Sirius.

‘’Allez, avant que je m’énerve.’’

‘’Mais quelle agressivité face à deux pauvres petits Gryffondor sans défense au milieu des serpents!’’

Il se leva pour se retrouver à hauteur de Bellatrix, mais il était plus grand qu’elle, de presque vingt centimètres, ce qui ne l’empêcha pas de coller sa baguette juste sous son menton, ne se démontant pas face à l’idiotie de son cousin et de son copain.

‘’Dé-gage.’’

Il se contenta de rire sardoniquement, ayant juste le temps de se précipiter sur le côté pour éviter le sort qu’elle venait de lui lancer, avant de se jeter sur elle, comme il l’avait déjà fait mille fois auparavant.

Mais cette fois, n’ayant pas mesuré sa force en tant que jeune homme plutôt grand et musclé, il ne prit pas garde et asséna un coup magistral dans son nez, produisant un craquement sinistre et lui valant un regard meurtrier de sa cousine, qui avait poussé un petit cri de douleur.

Il sut qu’il avait fait une erreur au moment où il vit son sang écarlate couler librement de son nez sur sa peau blanche, mais même là, il ne pouvait pas contenir l’immense sentiment de victoire à cette vision. Il ne prêta pas attention à James, qui tirait sur sa manche en insistant sur le fait qu’ils devaient déguerpir de là avant que quelqu’un n’arrive, désirant profiter de cette vue insolite, et ne consentit à l’écouter que trop tard.

Lorsqu’il fit volte-face pour partir, il se retrouva nez à nez avec le professeur McGonagall, blanche de colère, qui était venue, alertée par d’autres élèves. Sans un mot, elle tendit son mouchoir à Bellatrix, pour qu’elle puisse contenir le sang qui coulait toujours à flots de sa blessure, avant de dire :

‘’Monsieur Black, Monsieur Potter, venez avec moi. Miss Black, vous irez, dès notre arrivée rejoindre Madame Pomfresh à l’infirmerie, pour qu’elle puisse s’occuper de vous.’’

Sirius aurait eu envie de casser d’autres nez lorsque les amis de Bellatrix commencèrent à expliquer que tout était de sa faute. Il avait déjà suffisamment d’ennuis comme ça, il n’avait pas besoin que ces imbéciles en rajoutent, mais il sentit qu’il valait mieux ne rien dire, alors, il suivit le professeur McGonagall, l’air contrit, le long du couloir du Poudlard Express, accompagné de James.

Elle les fit entrer dans un compartiment vide, et ils s’assirent sur une banquette, alors qu’elle refermait la porte derrière elle.

Ses poings étaient serrés alors qu’elle commença son sermon.

‘’Monsieur Black, je n’ai aucune idée de ce qui vous est passé par la tête. Il est parfaitement inadmissible de frapper une dame, et encore plus votre cousine – je ne suis pas d’accord avec les opinions et l’éducation de vos parents sur un certain nombre de points, mais cela m’étonnerait fortement qu’ils ne vous aient jamais enseigné ce principe de base. Quoiqu’elle ait pu dire ou faire, ou quelque soit la relation que vous avez avec elle, cela ne justifiait en rien votre action, surtout que c’est vous deux qui étiez dans leur compartiment.’’

Elle soupira.

‘’Je commence donc par ôter cent points à Gryffondor, avant même que l’année n’ait commencée. Je suis déçue, Monsieur Black – j’attendais mieux de vous.’’

Sur ce, elle tourna les talons et partit, les laissant seuls dans le compartiment.

oOo

Bellatrix sentait tous les regards se tourner vers elle au fur et à mesure qu’elle s’avançait entre les tables de la Grande Salle, plutôt que de rester river sur le directeur en train de faire son éternel rappel des règles en ce début d’année scolaire, mais ne leur en dispensa pas un seul, se contentant de fixer la place que Rodolphus lui avait gardée à côté de lui et de se dépêcher de la rejoindre, priant pour que le moins d’élèves possible ne remarquent les quelques traces écarlates qui maculaient encore probablement sa peau blanche (il ne fallait surtout pas qu’on pense qu’on pouvait s’en prendre à elle sans en subir les conséquences), la fureur bouillonnant toujours en elle.

Se glissant sur le banc aux côtés de son meilleur ami, elle lui chuchota :

‘’J’ai manqué quelque chose ?’’

Il haussa les épaules.

‘’Rien de très intéressant. Dumbledore répète la même chose à toutes les rentrées, et celle-ci ne fait pas exception.’’

Ne se donnant même pas la peine de jeter un coup d’oeil au directeur, qui n’avait pas semblé perturbé dans sa litanie par l’arrivée de la retardataire, Bellatrix chercha du regard ses sœurs et son cousin à table, pour les voir assis un peu plus loin. Elle sortait un miroir de la poche de sa robe, et un mouchoir, pour essuyer les quelques traînées écarlates tenaces au-dessus de ses lèvres lorsqu’elle entendit Rodolphus ricaner derrière elle.

‘’Ah, si. On va visiblement avoir une nouvelle prof, cette année.’’

Occupée à se frotter la peau avec vigueur, Bellatrix ne tourna pas la tête tout de suite.

‘’Ah ? Et qu’est-ce qu’elle a de si particulier ?’’

Il lui désigna ladite professeure du menton, attendant qu’elle constate la chose par elle-même.

‘’De toute façon, elle ne peut pas être pire que…’’

Elle s’interrompit toute seule en voyant la personne que Rodolphus lui montrait.

‘’Oh. Mon. Dieu.’’

Rodolphus ricana de plus belle, et Bellatrix dut mettre sa main devant sa bouche pour dissimuler le rictus qui s’était formé sur ses lèvres.

Ayant un visage plus proche de celui d’un crapaud que de celui d’une femme, avec une bouche molle et de grands yeux ronds, un horrible nœud rose perché au sommet d’un amas de boucles châtain clair, et des vêtements intégralement roses, pour autant que Bella pouvait en juger, elle lui inspira immédiatement la plus grande antipathie qu’elle avait jamais ressentie pour autre chose que pour des Sang-de-Bourbe.

Elle se retourna à nouveau vers Rodolphus, qui avait toujours un sourire moqueur accroché au visage.

‘’Mais elle sort d’où, celle-là ?’’

‘’Aucune idée. Mais ça promet.’’

Comme s’il les avait entendus, Dumbledore s’éclaircit la gorge, avant d’annoncer :

‘’J’ai le plaisir d’accueillir notre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Dolores Ombrage. Je suis sûr que tout le monde se joint à moi pour lui souhaiter bonne chance. Comme chaque année, …‘’

Mais le directeur n’eut pas la chance de terminer sa phrase. L’horrible bonne femme s’était levée de sa chaise, en faisant un horrible petit rire, et contournait déjà la table des professeurs, attrapant son sac à main rose posé à côté d’elle, que Bella n’avait pas encore remarqué, pour se diriger vers l’estrade, aux côtés de Dumbledore, qui, comme tout le monde dans la salle, la regardait fixement, le silence se faisant un peu plus pesant à chaque seconde qui passait.

‘’Merci, cher directeur, pour ces aimables paroles de bienvenue. Et quel plaisir, de voir tous ces visages ô combien joyeux levés vers moi. Je suis sûre que nous allons tous devenir de très bons amis.’’

A ces mots, Bellatrix ne put cette fois retenir un ricanement à son tour, avec un ‘’Compte là-dessus’’ prononcé à mi-voix, mais qui, elle en était quasiment persuadée au vu du regard que lui lança immédiatement la femme, était parvenu jusqu’à ses oreilles, à cause de l’écho de la salle.

‘’Le Ministère de la Magie a toujours accordé à l’éducation des jeunes sorcières et sorciers une importance primordiale. Bien que chaque directeur ait apporté quelque chose de nouveau à cette école historique…’’

Elle inclina la tête en direction du professeur Dumbledore, qui lui rendit maladroitement son geste. Si le silence n’avait pas été aussi religieux dans la salle, Bella aurait probablement éclaté de rire à la gêne qui était apparente sur son visage.

‘’… le progrès pour le progrès ne doit pas être encouragé. Préservons ce qui doit être préservé. Améliorons ce qui doit être amélioré, et supprimons les pratiques qui doivent être interdites.’’

Elle avait dit cet ultime mot en chuchotant, et le ponctua à nouveau de son petit rire de gorge parfaitement désagréable, ce qui suffit à persuader Bellatrix qu’elle détestait définitivement cette femme, que ce soit le son qu’elle faisait quand elle riait, la manière qu’elle avait de détacher les mots et les syllabes, ou bien encore la perfidie qui émanait d’elle à un tel point qu’elle aurait presque pu devenir visible. Il ne lui avait fallu qu’un seul regard pour la mépriser, et que quelques phrases pour la haïr passionnément.

‘’Merci professeur Ombrage. Votre discours était très éclairant.’’

Bella échangea un regard avec Rodolphus.

(Oui. Définitivement, ça promettait.)

oOo

Sirius eut du mal à s’empêcher de rire en voyant sa cousine entrer dans la Grande Salle après tout le monde, ses boucles noires indisciplinées flottant derrière elle alors qu’elle rejoignait sa place, et croyant voir au passage une trace rouge.

Bien qu’il savait pertinemment qu’il n’était pas correct de frapper quelqu’un ou de se battre avec, encore plus si le quelqu’un en question était une fille, il ne ressentait aucune culpabilité quand la personne concernée était Bellatrix. Ayant entretenu depuis toujours une relation pour le moins belliqueuse avec elle (ce qui était parfaitement naturel, selon lui. Que pouvait-on attendre d’une nana qui tirait son nom de l’étoile guerrière ?), c’était loin d’être la première fois qu’ils s’agressaient mutuellement, y compris physiquement, même s’il devait admettre qu’ils n’étaient jamais allés jusqu’à faire couler le sang, leurs parents ou leurs professeurs ayant toujours été là pour empêcher les choses d’aller aussi loin. Mais le doux goût de la victoire, égal à celui qu’il avait ressenti au moment où il avait réussi à lui asséner le coup qui avait été responsable de sa blessure au nez, était bien trop savoureux pour se laisser envahir par l’amertume.

Malheureusement, le crime aurait été parfait s’il n’avait pas été seul avec James dans un compartiment de Serpentard, dont toutes les versions avaient concordées pour dire que c’était Sirius qui était venu avec son acolyte de toujours pour chercher les embrouilles avec Bellatrix. Et McGonagall, parfaitement consciente du nombre de méfaits que les deux Gryffondor avaient à leur actif, avait été plus qu’encline à les croire concernant leur implication dans cette histoire, et lui avait passé un sacré savon.

Jetant un coup d’oeil à la directrice de sa maison, il regarda un peu plus longuement le ‘’crapaud rose’’, comme l’avait déjà surnommé James avec amusement, qui était assise à côté de McGonagall.

La bougresse avait interrompu Dumbledore qui la présentait pour se lancer dans un charabia auquel bien peu de monde semblait trouver le moindre sens ou intérêt.

‘’Merci, cher directeur, pour ces aimables paroles de bienvenue. Et quel plaisir, de voir tous ces visages ô combien joyeux levés vers moi. Je suis sûre que nous allons tous devenir de très bons amis.’’

Sirius rit silencieusement, avant de lancer un ‘’Compte là-dessus’’, ce qui provoqua un rire de la part de James, une oeillade réprobatrice de Remus, et un regard étrange de la bonne femme, qui offrit le même à sa cousine à l’autre bout de la Grande Salle.

‘’Le Ministère de la Magie a toujours accordé à l’éducation des jeunes sorcières et sorciers une importance primordiale. Bien que chaque directeur ait apporté quelque chose de nouveau à cette école historique, le progrès pour le progrès ne doit pas être encouragé. Préservons ce qui doit être préservé. Améliorons ce qui doit être amélioré, et supprimons les pratiques qui doivent être interdites.’’

Encore une fois, Sirius manqua d’éclater de rire, tant le discours de la prétendue professeure ressemblait à s’y méprendre à ceux de sa mère, Walburga, quand elle se lançait dans des élucubrations interminables sur l’importance de la pureté du sang.

Une fois le crapaud rose rassis, Sirius regarda Bellatrix, qui, par un malheureux hasard, avait eu la même idée au même moment, et qui lui lança un regard noir digne de leur nom de famille.

Une cousine et une nouvelle prof à embêter quotidiennement. Oui, l’année allait être drôle, malgré les ASPICS qui se profilaient à l’horizon.

oOo

Bellatrix était parfaitement consciente qu’elle avait déjà dix minutes de retard à ce qui était, par un très heureux hasard des choses, son premier cours avec leur nouvelle enseignante. Mais elle ne pouvait décemment pas se rendre en cours comme ça.

Son reflet dans le miroir lui renvoyait l’image d’une jeune fille aux boucles noires sauvages, avec la chemise réglementaire froissée, ouverte de quelques boutons de plus que ce que le code vestimentaire ne l’autorisait en temps normal, laissant ainsi entrevoir sa poitrine généreuse, et en-dehors de sa jupe plissée qui descendait jusqu’en dessous du genou, la cravate verte et argentée de sa maison mal nouée, le pull gris, seule chose à être bien repassée, censé l’accompagner, laissé volontairement de côté sur le dossier d’une chaise.

Il y avait définitivement à corriger dans son apparence.

Bellatrix se saisit donc de sa baguette, et, à l’aide d’un Diffindo murmuré, entreprit de découper l’ourlet de sa jupe au-dessus du genou, histoire de laisser apparaître ses jambes fines et galbées.

Elle se sourit à elle-même. Tout était enfin en ordre. Avec les cinq minutes qu’il lui fallait pour se rendre de son dortoir à la salle de classe, elle allait même être quinze minutes en retard. Le timing était parfait.

Sur le chemin de son premier cours de Défense contre les Forces du Mal de ce qui devait être sa dernière année à Poudlard, elle attrapa dans son sac un paquet dont elle extirpa une cigarette (la seule chose de bien que ces stupides Moldus avaient inventée), qu’elle coinça à la commissure de ses lèvres avant de l’allumer d’un simple claquement de doigts, et d’en tirer une bouffée.

Elle ne prit pas la peine de frapper lorsqu’elle arriva devant la bonne porte, et entra directement, pour se diriger vers sa place habituelle au fond de la pièce, à côté de Rodolphus.

Entendant des pas précipités venir vers elle, plutôt que de s’asseoir, elle posa son sac, avant de tirer une nouvelle bouffée de sa cigarette, et d’exhaler un cercle de fumée parfait en regardant Dolores Ombrage s’approcher vivement d’elle, l’air furieux sur son visage rendant encore plus comique son apparence de crapaud et ses vêtements aussi roses que la veille.

Bella allait porter à nouveau sa cigarette à ses lèvres, mais Ombrage la lui arracha des mains, et écrasa le mégot non terminé sous sa babie rose fuschia, laissant ainsi une trace de brûlure sur le sol.

Ombrage avait une proximité avec elle qui relevait de l’indécence, ce qui permit à Bellatrix de constater que même avec ses chaussures à talons, et bien qu’elle ne soit pas grande, elle la dépassait de cinq bons centimètres, et elle ne se priva pas de la toiser :

‘’C’est malin. Maintenant, il va falloir que j’en rallume une. Ca coûte cher, ces choses-là, vous savez ?’’

Bella entendit quelques rires provenir des élèves, et le visage d’Ombrage prit une couleur violacée furieusement proche de son accoutrement, et elle sembla fulminer davantage :

‘’Il est interdit de fumer dans l’enceinte de l’établissement, Miss Black.’’

Elle la dévisagea de la tête aux pieds.

‘’Et qu’est-il arrivé à votre jupe, sans parler du reste de votre uniforme ? Il me semble qu’elle est loin d’être à la longueur réglementaire.’’

Bellatrix haussa les épaules, et recula, pour s’asseoir à sa place, sans jamais rompre le contact visuel avec la professeure en crise d’autorité apparente, touchant l’ourlet découpé de sa jupe, qui commençait à s’effilocher (elle n’avait jamais été très bonne an couture avec sa baguette magique, et n’avait jamais cherché à l’être, c’étaient Andromeda et Narcissa, les meilleures pour ça).

‘’Elle date d’il y a deux ans, et j’ai grandi, mais mes parents n’avaient pas les moyens de m’en acheter une autre.’’

La richesse des Black était d’une telle notoriété publique que cette fois-ci, la classe presque au complet éclata de rire.

Mais cette fois, Ombrage, plutôt que de se mettre encore plus en colère, eu un affreux petit sourire, et minauda :

‘’Vous viendrez me voir dans mon bureau à vingt-et-une heures ce soir, Miss Black.’’

S’affalant contre le dossier du banc, Bellatrix jura à voix haute, alors que la porte s’ouvrait une seconde fois, laissant passer Sirius, dont Bella n’avait même pas remarqué l’absence.

Il s’était abstenu de frapper, lui aussi, et entra en tenant sa veste sur son épaule à la seule aide de son idex, sifflotant et balançant volontairement ses hanches de droite à gauche.

‘’Vous aussi, Monsieur Black. Dans mon bureau, ce soir, à vingt-et-une heures.’’

Bellatrix soupira. Non seulement, elle avait écopé d’une retenue (méritée, mais jamais elle n’aurait été avouer une telle chose), mais en plus, elle allait devoir la passer en compagnie d’un vieux crapaud rose et de son abruti de cousin.

Sa dernière année commençait bien.