Silence = Mort (en anglais Silence=Death) est un des slogans politiques les plus connus de la lutte contre le SIDA. Il est le fruit de la collaboration de six membres du collectif américain Silence=Death Project à la fin des années 1980 à New York1.
Bonne lecture !
Mais là c’était trop. Le sujet du mariage avait été abordé. Un mariage arrangé évidemment, avec une cousine plus ou moins éloignée pour perpétuer la pureté du sang… L’idée lui avait donné la nausée.
Pour rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres, il n’avait rien dit. Mais c’était de sa vie intime dont on parlait et Regulus ne voulait pas que sa famille intervienne. S’il acceptait ça, il s’enfermait dans un cercueil. Autant mourir tout de suite.
Il n’avait que seize ans. Sirius s’était enfui de la maison à son âge pour aller vivre sa vie. Il avait eu raison. Regulus devait agir.
Mais comment faire ? Il leva les yeux vers le plafond de sa chambre, là où Sirius avait écrit en rouge “CETTE MAISON CRAINT !” et ne put s’empêcher de sourire. Son frère lui manquait. La maison était tellement plus vivante quand il était là…
Quand il voyait son frère et ses amis, Regulus était jaloux. Ils avaient une belle vie. Ils étaient heureux et insouciants. Regulus, lui, se demandait ce que ses parents allaient vouloir pour lui, pour “son bien”.
Ils étaient loin d’imaginer que pour son bien, Regulus aurait besoin de James Potter. Cela l’avait d’ailleurs surpris. Il avait pensé pendant longtemps qu’ils n’avaient rien en commun mais l’évidence l’avait frappé avec la violence d’un cognard. Bien sûr qu’ils avaient des points communs, seulement son éducation lui avait fait fermer les yeux dessus.
Maintenant, il ne pouvait plus se taire. Il aimait les hommes. Il aimait observer ses compagnons de chambre pendant qu’ils se déshabillaient. Il aimait partager le terrain de quidditch avec l’équipe de Gryffondor, spécialement quand Potter était l’attrapeur adverse et qu’ils devaient se lancer dans un véritable ballet volant. Ses rêveries lui avaient valu des défaites mais il s’en fichait. Il aimait voir Potter sourire et être heureux, même si cela impliquait d’humilier des gens. Il aimait Potter.
Sur son réveil, l’heure indiqua 19 heures. Il devait descendre dîner. Il descendit les étages d’un pas lourd. Il devait leur dire. Qu’allaient-ils dire ? Qu’allaient-ils faire ? Ils n’allaient pas le jeter dehors, ils n’avaient plus que lui. Leur unique héritier.
Il s’assit à sa place, l’estomac noué. Aucune chance qu’il avale quoi que ce soit.
Kreattur apporta les entrées. Ses parents se servirent et commencèrent à manger.
-Sers-toi, Regulus, ça va refroidir.
-Je n’ai pas faim.
-Tu appréhendes ta rencontre avec ta promise ? Je comprends, dit son père.
-Non, ce n’est pas ça.
Cette phrase fit arquer les sourcils de ses parents. Il n’avait plus le choix, il fallait se lancer maintenant… Penser comme un Gryffondor. Foncer tête baissée.
-Je… J’aime les hommes.
Sa mère interrompit son geste vers sa coupe de vin quelques secondes puis le reprit.
-Ce n’est qu’une phase. C’est parce que tu n’as pas trouvé la bonne épouse…
-Non, je veux dire… Vraiment, je ne me sens pas attiré par les femmes. Pas du tout.
Cette fois, il y eut quelques minutes de silence puis sa mère reprit d’un ton froid :
-Regulus chéri, on ne te demande pas d’être attiré par qui que ce soit, juste de trouver une épouse convenable et d’avoir à ton tour un héritier.
Regulus s’était attendu à ce genre de réponses. Peu importait comment il tournait les choses, il était piégé. Sirius avait raison : tout avait été réfléchi et préparé à l’avance. Il ne serait jamais maître de sa vie tant qu’il restait avec eux.
Il aurait pu fuir mais pour aller où ? Il ne savait pas où habitaient les Potter. S’il écrivait à son frère, lui répondrait-il seulement ? Leur dernière discussion avait tourné court. Mais Sirius se souciait de lui, il l’avait vu.
Il devait prendre le risque. Il aurait pu attendre la rentrée mais elle lui semblait si lointaine… Deux semaines, c’était loin. Serait-il encore en vie d’ici là ?
Lorsque le repas fut fini, il remonta à sa chambre et saisit un morceau de parchemin. Inutile de se perdre dans les explications, le plus court serait le mieux.
“J’ai besoin d’aide. C’est une question de vie ou de mort.”
Il n’y arriverait pas seul. Il adressa son message à Sirius et espéra que James le verrait aussi.
L’attente lui parut longue. Plus le temps passait, plus Regulus se disait que son frère ne viendrait jamais.
Le lendemain, un pigeon atterrit dans la cheminée de sa chambre (heureusement éteinte en plein été). Regulus s’apprêtait à le chasser quand il remarqua le mot noué à sa patte. Il le déroula.
“Au square. Maintenant.”