Psyché n’aurait jamais pensé pouvoir franchir cette porte, avant. Pas vraiment, pas comme ça. Mme Zabini ne l’avait jamais amenée dans cette boutique, trop populaire à son goût.
Psyché avait regardé à regret à travers la vitre, puis son corps avait glissé avec dégoût sous le tissu noir de sa robe pour sorcier faite sur commande.
Loin des froufrous, de la soie délicieuse, de la tulle colorée, du satin, que Mme Guipure adorait conseiller aux jeunes filles.
C’est d’autant plus surréaliste qu’elle entre, maintenant, plus grande que jamais. Que les assistants de la vieille commerçante se précipitent pour prendre sa commande. Elle regarde, muette, les longs rayonnages recouverts de tissus chatoyants, laisse ses doigts caresser la jupe lavande la plus proche. Et puis, ses yeux sont attirés vers un des rayonnages récents, depuis qu’une nouvelle législation inclusive est passée au Magenmagot sous la pression d’une équipe de juristes saisis par plusieurs associations. Un petit écriteau y annonce, en lettres scintillantes, des soldes sur les binders. Psyché regarde la jupe dans ses mains, les robes qu’on lui apporte, et le panneau, et ses yeux se remplissent de larmes qui l’étonnent.
Le monde s’ouvre pour elle, pour les autres aussi. Vraie magie.