Hugo écrit lentement les mots dans le cahier vert.
Il les a trop longtemps pensés en silence, les a mâchés, recrachés, retaillés, roulés doucement sur des vagues mentales. Pesés, soupesés.
Il déglutit en regardant sa propre écriture déliée, la clarté de l’encre.
Sa gorge est serrée, c’est vrai, mais surtout, quelque chose se défroisse dans son ventre, quelque chose de chaud se libère dans ses veines.
La vérité est tiède.
Il veut la regarder en face et l’embrasser sur la bouche.
Il veut l’aimer tendrement.
Le cahier vert lui a été offert par sa mère. Il a recelé beaucoup de secrets, de confessions, de réflexions. Hugo n’aime à se regarder que dans le reflet de ses mots.
Et c’est un tel soulagement de l’admettre, de l’accepter comme une nouvelle donnée sur lui. C’est terrifiant car il pense déjà au moment où il dira ces mots à haute voix. Mais les murmurer à lui-même est déjà assez. C’est déjà tellement.
Il a su ces mots depuis longtemps, il leur donne naissance maintenant. Ce n’est pas une révélation, juste un lever de soleil.
Malgré les pluies acides qui tomberont peut-être.
Il veut sourire.
J’aime Nathaniel Rosier.
J’aime les garçons.