Lily devait s’avouer inquiète à chaque fois que James utilisait sa cape d’invisibilité pour sortir et rejoindre ses amis à la pleine lune ou pour effectuer une mission pour l’ordre du phénix. Il avait toujours eu de la chance jusque-là mais Lily craignait le jour où quelqu’un de l’autre camp devinerait le subterfuge. James était très fort en défense mais on trouvait toujours meilleur que soi…
Ce soir-là, ils le passaient au cottage, au calme, à la demande de Lily. Plus le terme de sa grossesse avançait, moins elle voulait que James prenne de risques.
Soudain, la sonnette retentit. James se leva et aperçut par l'œil de bœuf, la chevelure argentée du directeur de Poudlard. Etonné, il lui ouvrit.
-Professeur ?
-Bonsoir, James, il faut absolument que je vous parle à tous les deux.
-Entrez.
James referma la porte et vit que Lily était rentrée. Ses yeux couleur prairie regardaient le directeur de Poudlard avec inquiétude. Il était vrai que l’expression de celui-ci s’était faite tendue.
-Que se passe-t-il ?
-Je suis venu vous informer de quelque chose d’important et de grave, dit Dumbledore. Il y a quelques jours, j’ai rencontré une charmante jeune femme du nom de Sybille Trelawney. Elle souhaite enseigner la divination à Poudlard. Lors de cet entretien, elle m’a fait part d’une prophétie concernant un enfant à naître fin juillet.. et qui pourra vaincre Vous-savez-qui.
James n’avait jamais considéré la divination comme quelque chose de sérieux, mais Dumbledore semblait y accorder de l’importance et il vit à l’expression de Lily qu’elle y croyait aussi.
-Le terme est pour le 31 juillet… dit Lily d’une voix blanche.
-Je vais être franc : cela peut aussi concerner Alice et Frank Londubat.
James soupira, soulagé.
-Mais je pense que la prudence est de mise. Je vous conseille de prendre toutes les précautions possibles.
-Pourquoi ?
-Il se peut que je ne sois pas le seul à avoir entendu cette prophétie. Imaginez qu’un des partisans de Vous-savez-qui l’ait entendue… Vous savez déjà que quelqu’un de l’ordre transmet des informations à l’autre camp… Ne prenons pas de risques.
-Oui, je suis d’accord, dit Lily.
-C’est pourquoi, James, j’aurais besoin de votre cape d’invisibilité.
-Quoi ? Pourquoi ? demanda aussitôt celui-ci sur la défensive.
-Vous ne devriez pas prendre de risques. Spécialement avec l’heureux évènement que vous attendez.
-Mais Remus…
-Je suis désolé mais j’ai bien peur qu’il doive trouver un autre moyen de passer les pleines lunes.
James avait l’impression qu’on lui transperçait le cœur. Sa cape représentait tellement… Et pas que pour lui. Pour les maraudeurs, c’était tout. Absolument tout, d’autant plus qu’ils avaient déjà perdu la carte… S’il devait en plus se séparer de la cape, il n’aurait plus rien. Les Maraudeurs seraient finis pour de bon.
-James, fit doucement Lily. Ce n’est pas pour toujours… N’est-ce pas ? demanda-t-elle à Dumbledore.
-Jusqu’à ce que ce soit de nouveau sûr. Ensuite, je vous la rendrai, évidemment.
A contrecœur, James alla la chercher. Son pas lourd résonnait dans toute la maison.
-Voilà, dit-il en la posant sur la table quelques instants plus tard.
-Je vous remercie. Je vous laisse. Bonne soirée.
Et Dumbledore partit.
-Ce vieux filou n’a pas répondu à ma question, soupira James. Il m’énerve quand il fait ça…
Lily haussa les épaules mais ne dit rien. Elle était soulagée que la cape soit désormais hors de portée de James mais elle compatissait. Le groupe d’amis avait toujours été proche. Elle avait de la peine pour Remus. La guerre, c’était une chose. La prophétie s’en était une autre, et elle se sentait égoïste.
-Il faut que je prévienne Sirius.
Et il partit dans une des chambres.
***
-Une cape d’invisibilité ? C’est tout ce que vous avez trouvé ? demanda Regulus.
Il retrouvait le directeur de Poudlard au Chaudron Baveur où il avait pris une chambre. Il était revenu à Londres depuis plusieurs mois mais il lui était impossible de passer une heure de plus avec ses parents qui le harcelaient de questions notamment sur ce qu’il comptait faire de son avenir.
-Tu es celui qui voulait quitter une maison incartable… lui rappela Dumbledore.
-Vous n’avez pas idée de ce que c’est de vivre avec eux.
-J’en ai un aperçu. Maintenant, je viens de confisquer la rare source de liberté à l’un de mes meilleurs élèves. Est-ce que tu en feras usage ?
-Oui, dit Regulus en prenant l’étoffe légère entre ses doigts.
Les capes d’invisibilité étaient rares et chères. Ce n’était pas comme un chaudron ou n’importe quelle babiole de sorcier, tout le monde ne pouvait pas s’en offrir.
-Merci.
Entre la cape et sa forme d’animagus, il devrait réussir à passer inaperçu.
-Bonne chance, dit Dumbledore et il disparut.
Regulus devait trouver un endroit où passer le reste de la journée. Ce ne serait pas dans ce bar. Beaucoup d’adeptes du Seigneur des Ténèbres y passaient.
Il rendit sa chambre et quitta le Chaudron Baveur.
Regulus réalisa alors qu’il n’avait jamais vraiment quitté la ville, à part pour aller à l’école. Il ne s’y connaissait pas en fuite ou autre disparition mystérieuse et il avait une peur terrible que le Seigneur des Ténèbres ou l’un de ses sbires le retrouve. Il devait quitter Londres au plus vite.