Elle était terriblement excitée. Enfin les choses allaient bouger ! Elle n’en pouvait plus de la mollesse du ministère. Ses cheveux trahissaient ses changements d’humeur (et Maugrey ne cessait de lui rappeler qu’elle était un aimant à mangemorts quand elle ne se contrôlait pas) mais elle s’en fichait et de toute façon elle n’avait jamais su se contrôler.
Le soir venu, elle suivit Maugrey hors du ministère. Ils s’engagèrent dans un dédale de rues.
-Pourquoi ne pas transplaner ? demanda-t-elle.
-Les rues sont sombres, nous serons à notre avantage. Et, Tonks, les moldus ne transplanent pas.
-Je sais.
Ils arrivèrent dans un square laissé à moitié à l’abandon. L’état des immeubles parlait de lui-même.
Tonks eut une impression de déjà-vu. Elle n’avait pourtant pas l’impression d’être déjà venue mais c’était comme si elle l’avait lu. Un square miteux, des immeubles sales…
Plongée dans ses pensées, elle heurta Maugrey.
-Tonks !
-Pardon.
Il s’était arrêté entre deux immeubles.
-Regarde.
Il lui montra les numéros. De 9 ils passaient à 11 puis 12, 13…
Il tapota de sa baguette sur la barrière devant lui.
Comme un livre qui s’ouvre ou un accordéon qui se déplie, le numéro 10 apparut. Il était encore plus vieux et plus sale que les autres.
-Wahouh.
Maugrey avança, Tonks lui emboita le pas. Son impression se renforçait. Elle savait où elle était.
Chez les Black.
Elle trébucha et tomba sur le carrelage poussiéreux.
Des cris lui parvinrent.
-Immondes bâtards ! Vous souillez la maison de mes ancêtres !
-Tais-toi ! aboya une voix d’homme. Je t’ai dit de te taire !
Tonks se releva et vit un homme élégamment vêtu mais mal coiffé refermer à grand peine des rideaux au niveau de l’escalier. Quand il se retourna, elle le reconnut.
-Sirius.
-Dora, sourit-il.
Elle l’enlaça. C’était lui. Lui qui avait décrit cet horrible endroit.
-Content de te voir.
-Et moi donc ! Je… Je ne t’ai jamais cru coupable, tu sais.
-J’espère bien, répondit-il avec un air mutin.
Il forçait le trait mais il était soulagé, elle le voyait bien.
-Beaucoup des membres de l’ordre me croyaient coupable jusqu’à ce que je leur dise ce qui s’était réellement passé.
Ils avancèrent vers des escaliers qui descendaient au sous-sol.
-Y compris mon plus proche ami, dit Sirius. Dora, je te présente Remus. Remus, Dora.
La jeune femme remarqua tout de suite les vieilles cicatrices sur le visage de l’homme et ses yeux couleur ambre. Un regard très doux qui la fit rougir.
-Je… préfère Tonks, dit-elle en évitant son regard et priant le ciel pour que ses cheveux ne la trahissent pas.
-Si tu peux lui expliquer des principes simples comme la loyauté, la confiance…
-Il me manquait des informations, répondit Lupin très calme. Si tu avais été à ma place, tu n’aurais pas hésité à m’attaquer pour en obtenir.
-Au moins, je serais allé au contact.
Sirius se détourna, les laissant seuls.
-Il exagère toujours, dit Remus d’un air timide.
-Oui, une vraie dramaqueen.
Lupin approuva d’un signe de tête.
-Ce n’est pas une présentation très agréable…
-Non. Mais je ne lui en veux pas. Il est amer. C’est la maison de ses parents.
-Alors qu’il en était parti, compléta Tonks.
Elle rougit en constatant qu’elle finissait les phrases du lycanthrope. Elle eut un rire gêné, lui aussi. Ses cheveux devaient passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel…
-Désolée, dit-elle en essayant de les cacher.
-Non, je trouve ça très mignon.
“Mignon ?” Tonks se sentait fondre. On lui avait rarement dit qu’être métamophormage était “mignon”. Elle était désolée de ne pas pouvoir dire que la lycanthropie l’était également.
-Toi aussi, laissa-t-elle s’échapper.
Elle le vit rougir. Ils devaient ressembler à deux Beuglantes sur le point d’imploser.
Puis la réunion commença.
-A bientôt, dit-elle à Lupin.
-A bientôt, répondit-il.
Mais elle n’arrivait pas à s’éloigner.
-Nymphadora, grogna Maugrey, on a du travail.
-Oui, soupira-t-elle.
Et elle s’en alla, à regret.