1er mai 1998
— Est-ce que ça va ?
Il y a deux réponses à cette question la réponse du savant et celle du poète. Le poète répondrait : vide, comme morte à l’intérieur. Et le savant ?
— Je dois y aller.
— Où ?
— Voir Andromeda. Je dois lui dire.
Derrière eux, tout le petit groupe se leva.
— On y va avec toi, dit Harry d’un ton ferme.
Emy n’avait pas la force de protester. Elle ne tenait que pour cette dernière chose : voir son frère. Au diable le sang et cette satanée douleur. Pas de Bête, pas de limites, elle devait le voir. Pas à pas, lentement, elle s’avança hors du champ de protection. Avant qu’elle ne puisse transplaner, George lui prit le bras et le fit pour elle.
La chaumière des Tonks apparut devant elle. On avait une vue sur la cour, le verger un peu plus loin et les prés du voisin. Emy s’interdit de penser à la dernière fois qu’elle était venue ici. Il était hors de question qu’elle commence à comparer à avant.
L’épuisement la fit tituber, mais accrochée à l’image de son frère, elle parvint à mettre un pas devant l’autre. Andromeda avait dû les entendre d’une quelconque façon car elle sortit sur le perron.
Elle avait le cœur battant en croisant son regard. Les émotions se bloquèrent au fond de sa gorge, elle n’avait pas le droit de pleurer. Pas maintenant. Le gris Black croisa les yeux vairons du loup.
— Non… comprit Andromeda avant qu’Emy ne puisse parler.
Harry et Ron se précipitèrent pour la soutenir alors qu’elle se laissait tomber au sol. Emy continuait d’avancer, le visage fermé, le chagrin au bord des lèvres.
— Andromeda…
— Non, non, non…
— Je suis désolée, continua-t-elle, déterminée à lui bien lui dire la vérité. Dora et mon père sont morts.
Sa voix était vide de vie. La femme devant elle venait de recevoir l’une des pires nouvelles de sa vie. Son cri était celui de la douleur. D’une mère, d’une femme qui venait de perdre son unique enfant. Elle ne pouvait plus rien pour elle. Les garçons la soutinrent jusqu’au salon alors qu’Emy entrait dans la maison, guidée par l’odeur du nourrisson. C’était une senteur facile à reconnaître, si nouvelle, si différente de celle des derniers mois. Impossible de se tromper.
Elle entra dans une chambre à l’étage où un petit berceau se trouvait. Elle aurait voulu le porter, mais elle manquait de force pour cela. Alors, du bout des doigts elle posa sa main sur son visage. Il prit son doigt et l’agrippa fermement, elle ne s’attendait pas à une telle force, il était si petit, si nouveau dans la vie, et elle si faible, si faible…
Découvrir ce frère qui lui avait donné tant de force la bouleversa. Il était parfait, magnifique, et une vague d’amour l'envahit. C’était pour lui, elle l’avait promis à son père, c’était pour lui qu’elle avait pu venir jusqu’ici.
Et maintenant ?
— Hey…
Le bébé s’agita dans son pyjama.
— Salut toi…
Elle s’y prit à plusieurs fois pour continuer, ignorante des personnes qui l’entouraient. Harry, Ron et Hermione ne l’avaient pas quittée une seule fois du regard. La fatigue se lisait sur leur visage, la tristesse aussi. Et puis l’inquiétude…
— Je suis ta grande sœur, ne t’inquiète pas, tu n’es pas tout seul, je serai toujours là, toujours…
Elle repensa aux mots de son père dans la forêt et les larmes montèrent. Elle ne parvenait plus à tenir, ses jambes se dérobèrent sous elle et elle tomba dans les bras d’Harry.
— Je suis désolé Emy… Tellement désolé…
Elle ne l’entendait pas, le chagrin, la douleur avait pris le déçu. Et maintenant c’était son corps qui la lâchait, des taches dansaient devant ses yeux, elle sentait qu’elle perdait conscience peu à peu.
Accueillant ce répit avec soulagement, elle ferma les yeux.
Loin de la mort et de la douleur.
Loin de la vie.
•••
2 mai 1998
Elle avait passé une journée entière à dormir, des potions l’avaient aidée à ne pas sombrer dans des cauchemars sans fin.
À son chevet : Andromeda qui veillait sur elle. À 46 ans, elle avait vécu beaucoup de choses. Elle savait depuis petite que la vie n’était pas facile. Aujourd’hui, elle avait formé une carapace que peu de choses pouvaient ébranler. Coûte que coûte, elle continuait d’avancer.
Toujours.
•••
3 mai 1998
Elle était assise devant la maison. Le soleil caressait son visage, elle pouvait sentir à quel point son corps en avait manqué ces derniers mois. Depuis quand s’était-elle posée à ne rien faire ? De toute manière, elle ne pouvait rien faire d'autre, elle était trop faible. Depuis son réveil, elle ne reconnaissait pas son corps, il était faible, incapable de marcher, tenir quelque chose ou d’avoir une quelconque force. Tout la fatiguait. Elle avait l’impression d’avoir 100 ans.
Assise devant la maison, son esprit divaguait. Elle essayait de le faire revenir à cette contemplation du paysage devant elle. Mais ce n’était pas assez pour chasser les images d’horreur qui défilaient devant ses yeux. Le plus souvent, c’était le regard vide de vie de Fred. D’autres fois, elle repensait à Dora qui s’inquiétait pour son père quand elles s’étaient vues à la salle sur demande. Elle voyait des visages d’anonymes morts, beaucoup de sang aussi. Mais surtout la douleur et ça, c’était insoutenable.
Assise devant la maison, elle ne croyait pas à la fin de la guerre. Ne croyait pas que c’était fini. Comment oser se reposer après tant d’années sur le qui-vive ? Elle ne parvenait pas à lâcher sa baguette ou à ne pas sursauter au moindre bruit.
Assise devant la maison, une âme en peine.
Harry, Ron, Hermione et George apparurent à l’horizon. Emy sentit un changement dans l’atmosphère, voilà comment Andromeda avait été prévenue de son arrivée. Ça lui laissait le temps de se préparer si ce n’était pas une visite désirée.
— C’est ton père qui a installé ce système. Je vais le laisser, c’est discret et…
On ne sait jamais. Comme elle, la sorcière ne croyait pas à la paix.
Emy ne répondit pas, les regardant arriver sans moucheter. Ils avaient des cernes sous les yeux, visiblement, ils n’avaient pas tous récupéré. Le pire était George. Il avait un teint cireux, les yeux rougis, des cheveux en bataille pas lavés depuis un bon moment. Évidement qu’il n’allait pas bien. Son frère, son jumeau était mort.
— Salut Emy, dit Hermione en s’asseyant à côté d’elle.
Elle ne demanda pas si « elle allait bien », personne ne s’encombrait de cette question.
— Molly et Arthur tiennent le coup, ils ont commencé les préparatifs. Ginny aurait voulu venir, mais elle a préféré rester avec eux et Percy est là pour les aider à maintenir le cap. C’est difficile pour tout le monde.
Hermione avait compris que ça ne servait à rien de forcer Emy à parler où à faire quoique ce soit. Elle avait décidé de lui parler, de la tenir informée, de ne rien lui cacher, mais de la laisser répondre à son rythme. C’était ce que conseillait un livre qu’elle avait déjà lu deux fois depuis leur retour de Poudlard. Il s’intitulait « Survivre ».
— On est venus vous voir car Andromeda nous a dit que tu étais réveillée, c’est bien que tu sois au soleil. Ça m’avait manqué moi aussi.
Ron et Harry s’assirent à côté d’elles. George était à l’intérieur.
— George ne va pas bien, il se mure dans le silence, à tout moment il s’énerve et il se met à pleurer. Puis silence à nouveau. Ron arrive un peu à s’occuper de lui.
— J’essaye, dit Ron d’une voix rauque. Mais il ne veut pas d’aide, je ne peux pas le forcer.
— Tu fais ce qu’il faut, assura Hermione d’une voix douce.
Un silence s’installa entre eux quatre. C’était si étrange après tant de temps ensemble sans se quitter. Tout était différent. Le monde était différent. C’était un monde en paix paraît-il.
Harry se mit à pleurer. Pas de grands sanglots, juste des larmes silencieuses, celles qui sont témoins des plus grandes peines, les peines profondes, celles qui font mal au cœur et qui nous laissent sans énergie.
Emy se tourna vers lui.
— Tu leur as dit ?
Il hocha doucement de la tête. Alors elle aussi les larmes se mirent à couler, de soulagement. Hermione passa un bras autour de ses épaules et posa sa tête contre la sienne. Ils étaient un groupe, ils ne formaient qu’un, et c’était impossible de les séparer, jamais.
L’arrivée d’un nouveau venu stoppa l’émotion. Emy passa une main rapide sur ses joues pour les sécher et se leva pour l’accueillir.
— Vous êtes venu me mettre en cellule ?
— Bonjour Emy, allons à l’intérieur. J’ai des questions à te poser.
Elle ne pensait pas que ce serait si simple. Sa venue, elle s’y attendait. Son ton formel aussi. Son invitation à parler, non.
Voyant qu’elle ne bougeait pas, il entra dans la maison, l’invitant à le suivre. Elle se décida à le faire et alla s’asseoir sur un fauteuil du salon.
— Bonjour, je suis Kingsley Shacklebolt, on s’est rencontrés…
— Oui, je vois qui vous êtes, dit Andromeda. Que voulez-vous ?
— Parler à Emy. J’ai quelques questions…
— Pas trop longtemps alors, coupa la sorcière. Elle est encore blessée et a besoin de repos. Asseyez-vous, je vous amène un thé.
— Merci, dit-il, l’air las de celui qui n’a pas beaucoup dormi.
Il s’installa en face d’Emy, tandis que Ron et Hermione s’assirent sur le canapé. Harry était parti aider Andromeda ou voir Teddy probablement. Emy se demanda un bref instant où se trouvait George. Mais il devait probablement préférer être seul. Elle n’avait pas la force d’affronter son regard, honnêtement, elle préférait qu’il ne soit pas là pour entendre cette discussion.
— Comment vas-tu Emy ? commença doucement Kingsley.
Elle avait envie de lui envoyer le premier objet qu’elle trouverait sous sa main à la figure.
— Et si on sautait le blabla et allait au but de cette visite.
Sa voix était rauque, elle n’avait pas fait d’aussi longue phrase depuis son retour. Tout son corps était rouillé, sa gorge ne faisait pas exception.
— Tu sais pourquoi je suis là ?
— Parce que j’ai tué Greyback.
Andromeda arriva. Emy ne savait pas ce qu’elle savait ou pas. Harry lui avait peut-être dit. George était le seul à avoir tout vu. Mais elle doutait qu’il ait raconté tout ce qui s’était passé à qui que ce soit.
— Pas tout à fait, tu te rappelles de ce qui s’est passé ?
Elle hocha la tête.
— Comment est mort Greyback Emy ?
— Je l’ai tué, répéta t-elle.
— Raconte-moi ce qui s’est passé.
— Ça ne sert à rien, dit-elle avec impatience. Il est mort, ça ne changera rien.
Un bruit de pas dans l’escalier la fit tourner la tête. George descendait les marches, Teddy dans ses bras. Elle le regarda s’installer avec les autres. C’était une drôle d’image de le voir avec un nourrisson, il était plutôt à l’aise. Était-il venu plusieurs fois ici avant la bataille ? C’est possible, Andromeda lui faisait plutôt confiance, pas une seule fois elle avait vérifié qu’il le portait comme il fallait ou que tout allait bien.
— Emy ?
— Pardon ?
Elle se retourna vers l’auror.
— Comment a commencé votre duel. Que faisait-il à ce moment-là ?
Chaque instant était gravé en elle.
— Il tuait.
— Tu t’es dit qu’il fallait l’arrêter ?
— Oui.
— Pourquoi t’es-tu transformée ?
Elle s’esclaffa. Quelle question idiote.
— Avez-vous déjà tenté d’arrêter un loup-garou ?
— Oui, c’est difficile.
— Pas si on est un loup.
Il hocha la tête.
— Donc tu t’es transformée.
— Je voulais qu’il arrête de tuer, murmura-t-elle.
— Je comprends. Ça a…
On toqua à la porte ce qui fit sursauter Emy. Les doigts crispés sur la baguette, elle découvrit quatre sorciers derrière la porte. Des aurors d’après leurs insignes sur leur cape. Ses souvenirs l’avaient emportée ailleurs, elle ne les avait pas entendu arriver.
— Pas maintenant, dit Kingsley en se levant.
— Mais…
— Pas maintenant, laissez-moi lui parler.
— Le protocole…
— On s’en fout du protocole ! coupa t-il. Ce n’est pas n’importe qui, laissez-la souffler deux secondes, j’ai dit que je m’en chargeais, je vais le faire. Attendez dehors !
Les quatre sorciers obéirent alors qu’Andromeda et Kingsley échangeaient quelques regards brefs. Puis il retourna s’asseoir en face d’Emy qui avait toujours ses doigts crispés sur sa baguette.
— Désolé pour ce contre-temps. Donc cela a fonctionné quand tu t’es transformée ? Il s’est focalisé sur toi ?
Elle hocha la tête.
— Vous vous êtes battus ?
— Il était mi-humain, mi-loup, réalisa-t-elle soudain.
— Oui, approuva Kingsley. Il avait pris une potion, de la magie noire que peu de loups-garous de sa meute avaient pris également. C’était destiné à leur donner la force de leurs deux formes combinées. On est en train de travailler pour comprendre d’où ça venait et comment ils l’avaient fabriqué. On souhaiterait éviter que d’autres personnes fassent de même.
Elle comprenait mieux.
— Il était fort… Trop fort…
— Il allait gagner ?
— Il allait me tuer.
Il échangea un bref coup d'œil avec Andromeda. Emy avait du mal à se concentrer, c’était difficile de tenir un échange cohérent.
— Que s’est-il passé alors ?
Elle leva ses yeux vairons vers lui, il frissonna, il n’y avait plus de vie dans ces yeux. Que de la douleur. Il ne reconnaissait pas la sorcière qu’il avait jadis connue.
Sur le canapé, Ron avait passé un bras autour des épaules d’Hermine qui pleurait en silence, bouleversée. Elle était arrivée à la même conclusion. Son amie ne se tenait pas devant elle.
— Il se battait comme un loup, je devais faire pareil. J’ai lâché le contrôle.
Il se pencha en avant pour mieux entendre.
— Je ne me rappelle pas trop de ce moment-là. J’étais juste à me battre parce que je ne voulais pas mourir maintenant. Je… Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêtée. Mais je l’ai fait. Il était au sol, il y avait du sang, plein de sang, j’en avais partout… Je suis redevenue humaine, il voulait que je le tue comme un loup, mais je ne suis pas comme lui. Je suis une sorcière. Alors je l’ai tué avec ma baguette.
— Pourquoi l’avoir tué ?
— Il allait mourir.
— Comment le savais-tu ?
— Il sentait la mort.
Emy ne comprenait pas pourquoi il insistait, c’était évident.
— Ça, c’est le loup qui te l’a dit ?
— Oui. Le laisser agoniser était barbare. Avada Kedavra n’était pas difficile à faire. Et c’était rapide. Il fallait que je l'abatte.
Elle repensa à son regard éteint. Il ne s’y attendait pas. En relevant la tête, elle n’était pas surprise de voir le regard des autres plein d’inquiétude. Elle savait qu’elle faisait peur, et il y avait des choses qu’elle préférait ne pas dire. Toute la vérité serait trop terrifiante.
— Emy, tu comprends pourquoi je suis là ?
— Oui, je vais aller en prison, n’est-ce pas ?
Il secoua la tête.
— Non, ça non, c’était la guerre, ce n’est pas considéré comme un meurtre.
Le mot était dur à entendre.
— Mais tu as d’abord fait preuve de…
Oui, elle comprenait. Barbarie, sauvagerie, une bestialité qui fait peur. Et surtout qui était interdite.
— Puis le sortilège impardonnable.
Même dans un contexte de guerre, ils étaient interdits.
— Alors tu vas passer devant un tribunal. On a besoin de s’assurer que tu ne perdras pas le contrôle, que tu n’es pas un danger pour toi ou les autres. J’ai vu avec le bureau, ce sera deux jours après les funérailles, je me suis dit que c’était mieux d’en finir au plus vite.
Elle ne réagit pas. Franchement, peu importe le jour, mis à part les funérailles, elle ne savait pas ce qu’elle allait faire. Se lever ce matin était difficile, une partie d’elle avait juste envie de laisser son corps s’atrophier, de ne pas le bouger, qu’il ne guérisse pas et que finalement elle ait une bonne excuse pour ne pas sortir de son lit.
Mais elle ne dit pas tous ces mots, au lieu de ça, elle hocha brièvement de la tête, prise d’une envie de sortir, quitter cette pièce et ces regards.
Elle n’en fit rien, ses jambes ne répondaient pas, se lever était trop dur, ses bandages la tiraient et la douleur revenait dans le corps.
— Emilynn, ajouta Shacklebolt, je veux que tu saches que je suis là pour t’aider, je suis dans ton camp. Si tu as besoin de quoique ce soit, dis-le-moi. Mais il faut aussi que tu sois honnête avec moi, d’accord ?
Elle détestait qu’il lui parle comme ça, détestait qu’il veuille l’aider, elle était un monstre, pas quelqu’un qui a besoin d’aide. Elle voulait qu’on l’enferme quelque part, même Azkaban ferait l’affaire. Se transformer, oublier l’humaine, ne plus être…
— Est-ce que tu voulais tuer Greyback en arrivant à la bataille ?
Elle fronça les sourcils, elle ne comprenait pas.
— Non.
— Ce n’était pas prémédité, dit-il tout bas.
Andromeda se leva.
— Mr Shacklebolt, je crois que c’est assez pour aujourd’hui.
Il releva la tête vers Emy et acquiesça.
— Oui, oui. Evidemment.
Andromeda l’accompagna dehors, puis retourna près de la jeune fille qui avait les bandages plein de sang.
— Nous allons traiter tes plaies, murmura-t-elle en s’affairant pour ramener le nécessaire. Ces blessures ne guérissent pas normalement, je sais que celles de loup-garou n’agissent pas pareil, mais tu… Tu dois pouvoir guérir…
Harry l’aida en silence.
— Pourquoi tu ne guéris pas, peut-être que je dois t’emmener à Sainte Mangouste ?
Emy releva la tête, inquiète.
— Ça va aller, dit Harry calmement. Ça va aller, ça prend du temps, dans le monde moldu c’est normal. Tu as passé combien de temps à guérir de ta blessure au genou Emy ? Plusieurs semaines je dirai. Andromeda, c’est normal, vous vous en sortez très bien.
La sorcière le remercia du regard.
— Et Emy, une fois qu’on a fini, tu devrais aller t’allonger un peu, ça te va ?
Elle releva lentement les yeux vers lui. Ils avaient tout traversé ensemble, pourtant elle se sentait si loin de lui en cet instant. Il avait grandi orphelin, sans père, ni mère, elle le rejoignait maintenant dans cette catégorie et détestait ce mot. « orphelin ». Non, elle avait une histoire, elle avait un passé, elle n’était pas sans rien.
Peut-être que si.
Puis elle regarda Hermione et Ron, assis l’un à côté de l’autre. Que s’était-il passé pour eux récemment ? Elle n’en avait aucune idée. Ils se tenaient la main, ils étaient peut-être ensemble, ils étaient peut-être passés à autre chose, un nouveau chapitre de leur vie car tout ne s’était pas arrêté il y a deux jours. Emy devrait être heureuse pour eux. Ce n’était pas le cas. Ce mot n’existait plus dans son vocabulaire.
Et enfin George. George au monde détruit mais qui comme elle, trouvait sa force dans Teddy. Ils avaient une bonne connexion tous les deux, peut-être que lui aussi se sentait coupable d’être en vie et voulait compenser ça en étant là pour le nourrisson.
Elle se tourna à nouveau vers Harry.
Emilynn Lupin était morte ce 1er mai 1998.
Aujourd’hui, elle ne pensait qu’à une chose : tuer et sentir le goût du sang à nouveau dans sa bouche.
Elle inspira un grand coup et contint la Bête.
Il n’était pas question de perdre le contrôle aujourd’hui.