7 mai 1998
Devant elle se trouvait un costume noir. Il était à Lyra. Elle avait dû le porter plus d’une fois pour l’enterrement d’un membre de l’ordre. Oui, évidemment, la mort était partout.
Emy fixa le reste de l’armoire, il y avait d’autres vêtements, quelques pulls, blouses, des t-shirts… Elle se tourna vers son lit où traînait un sweatshirt.
— Harry ?
Il arriva dans la pièce.
— Tiens.
Pendant qu’il découvrait le pull, elle s’assit sur son lit, fatiguée d’être restée debout aussi longtemps. Revenir dans cet appartement était dur. Elle avait envie de tout jeter, de tout oublier. Ne plus revenir ici, effacer le passé pour qu’il ne fasse pas autant mal.
— Potter… C’était à mon père ?
Elle hocha la tête.
— Elle avait beaucoup d’affaires de lui je pense, j’ai retrouvé quelques vêtements hommes qui… Qui ne correspondent pas à mon père.
— Oui, et le Potter est plutôt éloquent, approuva Harry en s’asseyant à côté d’elle.
Elle comprenait son émotion, avoir quelque chose d’eux était beaucoup, elle ressentait ça elle aussi. Et puis, depuis la bataille, Harry comme tout le monde d’ailleurs était à fleur de peau.
— C’est un bel appartement… ajouta t-il. Ça fait bizarre de venir ici après tout ce temps.
Oui. Ils avaient prévu avec Remus de le faire venir ici. Quitter les Dursley, et passer quelques semaines ici. Mais la guerre avait empêché ça, ce n’était pas assez sûr, et puis les Weasley pouvaient l’accueillir.
— Il y a beaucoup de vinyles dans le salon… Et de livres…
Elle hocha la tête, les yeux humides.
— Oui… Je ne sais pas ce que je vais en faire…
Il posa un bras autour de ses épaules.
— On va t’aider.
Elle ne répondit pas, se levant, le costume à la main, elle quitta la pièce pour se mettre devant la porte d’entrée.
— Je rentre.
Et elle sortit.
•••
8 mai 1998
Veste trop grande de son père et pantalon noir de sa mère, t-shirt blanc et mocassins noirs avec des chaussettes blanches, Emilynn s’avança parmi le groupe de personnes. Certains montrèrent des signes d’hommages, d’autres ne pouvaient s’empêcher de l’observer plus longtemps que nécessaire.
C’était elle.
Elle qui avait tué Greyback.
Elle qui avait tant perdu durant les deux guerres.
Elle qui avait accompagné l’Élu.
Debout parmi les autres membres honorifiques de la guerre, elle était censée être au premier rang, écouter les beaux discours tous plus émouvant les uns que les autres, et puis ensuite partir dans une vallée un peu plus loin pour l’enterrement.
Une cérémonie d’hommage se tenait à Poudlard. Tout n’avait pas été entièrement remis en ordre, quelques fenêtres étaient toujours cassées, quelques pierres se trouvaient toujours dans le jardin. Le stade de quidditch était toujours détruit et des statues avaient encore une tête ou des bras manquants. Malgré tout, Emy avait l’impression que tout avait été fait pour atténuer la vérité. Elle se rappelait du sang sur les marches de l’entrée. Il n’y en avait plus.
Et les voilà à faire des discours pour commémorer des mémoires… Ils ne savaient rien. Ils voulaient dissimuler l’horreur pour que ce soit plus supportable. Et bien justement, non, c’était dur la guerre, c’était affreux et tous étaient encore sous le choc.
Elle détestait qu’ils ne respectent pas ça.
George n’était pas au premier rang. Du regard, elle balaya la foule derrière elle et le trouva enfin. Il était assis près d’un arbre à côté du lac. En une semaine, ils s’étaient vu quelques fois, jamais seuls, jamais échangé plus de quelques mots ou des regards fuyants. Oui, elle l’évitait, elle ne voulait pas lui parler, ne pas affronter sa douleur à lui en plus de la sienne.
Honnêtement, elle se sentait incapable d’être à ses côtés. Elle n’était pas à la hauteur, ne pourrait pas l’aider. Et puis, cela signifiait aussi affronter ce qui s’était passé entre eux deux cette nuit-là. Une demande en mariage parmi toute cette violence et ces morts… Non, ce n’était pas possible.
Mais rester assise ici non plus.
Elle se leva, ignorant le regard de la foule, et marcha le long de l’allée jusqu’à George. Un murmure retentit de la foule alors que le discours reprenait tant bien que mal. Personne n’allait la blâmer, on avait de la pitié pour elle, elle qui avait tant perdu.
En arrivant près de lui, son pas ralentit. Prise d’un doute, elle hésita à continuer d’avancer. Elle ne voulait pas qu’il se fasse de faux espoirs. Mais d’un autre côté, elle ne se voyait pas passer cette journée avec quelqu’un d’autre que lui.
Il la regardait de ses yeux marron, l’étincelle de joie si typique de lui et Fred maintenant éteinte. Cela lui fit peur, lui aussi avait changé. Pas juste pour le deuil, non, quelque chose s’était cassé en lui. Ce n’était plus George. Et ce n’était plus Emy.
Et pourtant, dans un signe d’accueil, il se décala légèrement, laissant une place pour qu’elle s’assoie. Bras autour de ses genoux, elle fixa le lac à côté, perdue dans les mouvements de vent sur la surface de l’eau. Elle avait passé du temps ici à étudier, peut-être que ses parents aussi. Combien de fois était-elle passée par ici pour ensuite aller à un entraînement de quidditch ? Cela semblait être une autre période. Elle pensait que c’était difficile à ce moment-là.
Non, elle se trompait. Maintenant elle touchait vraiment le fond. Pas avant.
George à côté d’elle ne dit pas un mot. Elle risqua un regard vers lui et ce qu’elle vit lui transperça le coeur. Un instant, elle essaya de se rappeler ce que c’était de passer ses journées ici, à se retrouver de temps en temps pour s’embrasser, puis d’aller en cours en pensant à l’autre, s'entraîner au quidditch puis finir la journée en mangeant ensemble, échangeant des blagues avec…
Elle détourna le regard et inspira un grand coup. Elle ne voulait pas pleurer maintenant. Ça viendrait sûrement plus tard. Mais pas maintenant.
Une personne passa devant eux, une personne qu’Emy aurait préféré éviter de la journée.
Angelina.
Elle s’approchait d’eux, le teint cireux, elle semblait comme eux tous, revenue d’outre-tombe. Des larmes coulaient de ses joues.
— Je peux ?
Emy tapota la place à côté d’elle.
— Saleté de cérémonie, murmura Angelina en s’asseyant. Je ne pouvais plus les entendre.
Aucun des deux ne répondit. Emy cherchait une formulation pour exprimer qu’elle était désolée, sans pour autant sortir les banales phrases que tout le monde dit à tout va.
Elle ne trouva rien. Parce qu’elle-même ne pouvait pas entendre ces phrases. Parce que quand on entend « je suis désolé » alors qu’on a l’impression que son monde s’écroule et qu’il n’y a pas d’avenir, on s’en fout des phrases toutes faites.
Alors elle décida de prendre la main d’Angelina, un geste vaut les plus belles paroles. Elle se tourna vers elle, surprise. À nouveau les larmes se mirent à couler, Emy se joignit à elle et elles pleurèrent, en silence, épaule contre épaule, main dans la main ceux qui les ont quittés pour toujours.
•••
La cérémonie était terminée, quelques personnes les avaient rejoint, Emy restait assise, elle économisait ses forces pour la suite de la journée qui allait être épuisante.
Quand Mr et Mrs Weasley l’avaient vue sur le porche du château, ils l’avaient tous les deux prise dans leurs bras. Pas de mots, juste une enveloppe d’amour qui avait été difficile d’affronter.
Affronter, oui, parce qu’elle avait tout fait pour les éviter, se sentant incapable de regarder en face leur chagrin et leur peine. Harry avait dû les briefer, car ils ne dirent pas un mot, ce qu’elle leur était reconnaissante. Elle aurait fondu en larmes sinon.
— Ça va aller pour marcher ? demanda Mrs Weasley.
Elle hocha la tête. Toute la procession s’apprêtait à rejoindre le lieu où seraient enterrés les morts de cette bataille. Amis comme ennemis seraient dans le même lieu, séparés par une allée. Seul Voldemort ne reposerait pas ici, sa dépouille était actuellement encore au département des mystères. Le lieu était un bel endroit, plus bas dans la vallée. Un autre lac s’étendait là, c’était à une quarantaine de minutes du château. Mais la marche ne dérangeait pas Emy. Chaque pas qu’elle faisait était de plus en plus dur physiquement, mais elle appréciait cet effort, elle se concentrait sur son souffle, sur l’exercice, elle était en vie et se détestait pour chaque bouffée d’air qui entrait dans ses poumons alors qu’elle allait enterrer des personnes qui auraient dû vivre.
À côté d’elle se trouvait George. Il avançait à son rythme, faisait comme si ça ne lui coûtait aucun effort alors que tout le monde les avait distancés. Dans ses bras, Teddy était sage, à regarder le monde, laissant le soleil caresser sa peau d’enfant.
La décision d’enterrer tous ceux tombés au combat près du château était venue naturellement. La question s’était ensuite posée d’où mettre les mangemorts. En France se trouvait un cimetière des allemands morts pendant la Seconde Guerre Mondiale moldue lors du Débarquement. C’étaient les ennemis, mais ils avaient pourtant le droit à un lieu pour se reposer en toute dignité.
Quelques personnes qui organisaient la suite, principalement Shacklebolt et McGonagall avaient proposé de les mettre à côté. Pas juste à côté, non, un peu plus loin. Séparés par une allée et des arbres. L’idée était que personne ne s’impose à les voir. Mais aussi que l’Histoire n’oublie pas.
Qu’au final, ce n’étaient que des hommes.
Emy n’avait pas d’opinion sur la question, elle s’en moquait bien, il parait que Dolohov y serait, il parait que c’était lui qui avait tué son père. Il était mort, c’était tout ce qui comptait.
Mais quelques personnes avaient protesté. Quand on avait demandé où mettre les corps à la place, les gens s’étaient tus et finalement la décision avait été validée.
Du haut de la colline, on pouvait voir maintenant le lieu. Les plantes avaient déjà été plantées pour faire la séparation. Sur la gauche, à l’ombre des arbres qui bordaient la forêt, se trouvait des tombes fraîches avec une simple inscription sur une pierre noire pour les noms. Rien d’autre, pas de fleurs, pas de décorations.
De l’autre côté, les cercueils les attendaient. Emy s’arrêta en les voyant. C’était soudain plus concret, et faire un pas devant l’autre marquait à chaque fois un peu plus la fin. George s’arrêta avec elle, il pleurait, elle ne l’avait pas remarqué. Depuis quand ?
Teddy dans ses bras commença à s’agiter, elle le prit contre elle et tendit la main à George qui descendit la colline avec elle. Andromeda les attendait, elle posa un bras autour des épaules d’Emy, incapable de faire autre chose. Ses forces l’avaient quittée.
Plus loin, la famille Weasley se soutenait autant que possible. Harry et Hermione se tenaient à leurs côtés, elle remarqua qu’ils étaient proches d’Angelina. Tant mieux, elle aurait besoin de toute la force possible.
— Emy…
Mrs Weasley s’était approchée. Elle semblait vouloir dire quelque chose, mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Andromeda pressa ses mains contre les siennes et les deux femmes se mirent à pleurer. Deux mères, deux mères dont la vie leur avait pris un enfant. Personne ne devrait vivre cela.
Emy s’éloigna, Teddy toujours dans ses bras. Les noms sur les pierres blanches défilèrent, elle passa devant Fred, puis la seconde rangée, la troisième, tout à droite sur le côté, les voilà.
Remus Lupin
Nymphadora Lupin - Tonks
— Teddy ? It’s them. They are here. Can you feel them?
** C’est eux. Ils sont là. Tu le sens ? **
Le bébé ne bougea pas, blotti contre elle.
— Inside your heart, they will always be.
** Dans ton coeur, ils seront toujours là. **
Elle avait décidé de lui parler français, c’était une partie de son histoire, de celle de son père. C’était aussi leur jardin secret, mis à part Andromeda, personne le parlait. Et elle aimait être libre d’échanger avec son frère. Elle voulait tout lui dire, ne rien lui cacher, faire en sorte que la vie soit le plus simple possible pour lui même s’il n’avait plus de parents.
— I’m sorry you have to live this. But don’t worry, I am here, your grandmother is here, Harry is here, and none of us is gonna leave you.
** Je suis désolée que tu doives vivre ça. Mais ne t’inquiète pas, je suis là, ta grand-mère est là, Harry est là et aucun de nous ne va te laisser. **
Parlait-elle pour lui ou pour elle ? Un peu des deux.
— It is a nice place, we will visit them every year at least. And whenever you need. See the bright blue sky? We didn’t see it for a long time… And the sun on the water of lake, how beautiful it is… This is a nice place for them.
** C’est un bel endroit, on leur rendra visite au moins tous les ans. Et autant que tu veux. Tu vois ce ciel bleu ? On ne l’a pas vu pendant si longtemps… Et le soleil qui se reflète sur l’eau du lac, c’est beau… C’est un bel endroit pour eux. **
Elle s’arrêta en voyant que la cérémonie allait commencer. Certaines personnes s’étaient placées devant, d’autres aux côtés de leurs proches, d’autres encore s’étaient posés sur la colline, à l’écart des autres. Elle chercha du regard George, étrangement, c’était la seule personne qu’elle voulait avec elle.
— Je suis là.
Elle se retourna, oui, c’était lui. Toujours aussi ravagé, toujours aussi accablé par le chagrin, mais George, oui pour cette fois, c’était bien lui.
— Reste près de moi.
— Ne pars pas.
Elle ne comptait pas le faire.
Kingsley Shacklebolt s’avança et le silence se fit. Au premier rang devant lui se tenaient les Weasley, Molly et Andromeda l’une à côté de l’autre. Harry et Angelina étaient assis sur la colline, entourés par le reste de l’équipe de quidditch de 1994. Enfin, tous sauf Fred.
— Pour ces femmes et hommes qui sont maintenant dans la voie de la paix. Ils ne se sont pas battus pour la soif de conquête, ils se sont battus pour l’arrêter. Ils se sont battus pour mettre fin de la bataille, ils se sont battus pour retourner auprès de leurs proches. Ils se sont battus pour libérer…
Il fit une brève pause.
— Qu’ils ne soient pas oubliés, et à jamais le monde leur sera reconnaissant de leur sacrifice.
Ils levèrent leur baguette pendant une minute de silence, puis l’abaissèrent alors que les cercueils disparaissaient sous la terre. Seuls restaient les pierres blanches, les noms et les souvenirs.
Emy se mit à pleurer.
Aujourd’hui, elle était orpheline.
•••
9 mai 1998
Les pleurs de Teddy la tirèrent de son sommeil plein de cauchemars. Elle se leva rapidement et partit dans sa chambre le prendre dans ses bras avant qu’il ne réveille Andromeda. La veille, elle avait été éprouvée par la journée et méritait un peu de repos.
— Hey you, why are you crying like that? Come here little bear…
** Salut toi, pourquoi es-tu en train de pleurer comme ça ? Viens ici petit ourson… **
Elle le berça gentiment tout en retournant vers sa chambre. Elle était fatiguée, mais se rendormir n’allait pas être possible, elle avait encore ces images et ses visages qui défilaient devant ses yeux.
Un craquement du bois l’alerta que quelqu’un s’était levé. Puis la porte s’ouvrit sur Harry.
— Tout va bien ?
— Oui, le rassura t-elle. Ce petit bonhomme ne veut pas dormir, mais je vais sûrement me promener pour lui changer les idées.
— J’arrive.
Elle n’eut pas le temps de protester, il était déjà reparti. Quelques minutes plus tard, ils quittaient tous les trois la maison.
— Où veux-tu aller ? demanda Harry.
Elle n’en savait rien.
— Quand tu étais petite et que ça n’allait pas ? Que faisait Remus ?
Il avait murmuré son nom comme si le dire à haute voix était de trop et qu’Emy allait s’effondrer si c’était le cas.
— Il me faisait un chocolat chaud.
Ça c’était en France.
— Et à Londres, il m’emmenait manger des fish and chips.
Harry sourit.
— J’ai bien envie de fish and chips, allons-y.
— Transplane dans la rue de l’appartement, dit-elle avant de faire de même.
C’était étrange de se retrouver à Londres aussi tard. Des gens faisaient la fête, elle réalisa que c’était vendredi, la veille du week-end. Oui, la vie continuait, des gens étaient heureux, d’autres revenaient du travail. C’était absurde de se retrouver au milieu de gens aussi normaux.
Teddy avait cessé de pleurer, elle le portait serré contre elle alors qu’elle avançait dans ces rues qu’elle connaissait par cœur. À droite puis un peu plus loin, oui, la roulotte était toujours là, le long de la Tamise. Ils prirent deux commandes et s’arrêtèrent pour manger un peu plus loin, là où elle s’asseyait toujours avec Remus.
— Tu n’arrivais pas à dormir ?
— Non, dit-il. Je ne fais que des cauchemars en ce moment.
Elle aussi. Mais les médicomages avaient dit qu’ils ne pouvaient pas prendre des potions pour dormir tous les soirs. Elle avait franchement envie d’aller contre leur ordre. Elle était épuisée.
— Pourquoi tu n’es pas au Terrier ? demanda-t-elle.
— Je voulais leur laisser un peu d’intimité. J’ai été assez dans leur pattes comme ça.
— Tu n’es pas un problème pour eux, Harry.
Il secoua la tête tout en prenant une nouvelle frite.
— Ils avaient toujours été épargnés de ça. Ils ne sont plus les mêmes, ils ont besoin de se retrouver pour se reconstruire. J’avais aussi besoin d’être un peu seul.
— Et ?
— Ça ne me réussit pas.
Ils avaient peu parlé depuis une semaine. D’avoir une conversation comme celle-ci détonnait après ces jours de silence.
— Andromeda m’a donné une chambre, tout comme elle t’en a donné une. Je vais voir ce que je vais faire, mais pour cette nuit, je voulais me poser un peu après tout ça.
Il inspira.
— C’est difficile.
Elle approuva.
— On va s’en sortir, hein ? C’est juste que ça prend du temps, ok Emy ? Tu vas rester près de nous ?
Elle releva la tête, ne comprenant pas d’où venait tout ça.
— Tu repousses les gens quand ça ne va pas.
Oui, c’était vrai. Mais cette fois était différente. Il y avait plus que ça. Bien plus que ça. Rien que d’y penser fit remonter une montagne d’émotions, elle reposa son fish and chips et regarda au loin pour chasser les larmes.
Harry sentit que ça n’allait pas, il posa sa main sur son épaule, la laissant répondre à son rythme. Après un moment, elle finit par reprendre.
— C’est si dur Harry… Se lever le matin est tellement difficile…
— Je sais…
Elle se tourna vers lui en secouant la tête.
— Sauf que je n’ai pas envie de me lever, je n’ai pas envie d’aller mieux…
Sa voix se brisa. Il comprit.
« Je n’ai pas envie de vivre. »
— Je vais avoir le procès et ensuite quoi ?
— Tu nous as nous…
Elle secoua la tête une nouvelle fois.
— Je ne peux pas rester auprès de vous…
Il fronça les sourcils. Elle déglutit et prit une profonde inspiration avant de finir.
— J’ai envie de tuer à nouveau… Au fond de moi, c’est le bazar… J’ai peur de la prochaine pleine lune Harry… J’ai si peur…
Il ne la contredit pas, ne tenta pas de lui donner une version de la réalité. Il écouta. Il écouta réellement et réalisa que devant lui était plus qu’une âme en peine.
C’étaient deux âmes torturées.