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Nuit de Noël de décembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 150e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 13 décembre. Il s’agira d’une édition spéciale ‘Noël autour du monde’, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De L'Équipe des Nuits le 01/12/2024 21:51


Recrutement - Grand Ménage Orange


Appel à candidatures - Renfort sur le Grand Ménage Orange

Comme le titre de ce message l'indique, les modératrices sont en recherche (un peu) désespérée de plusieurs volontaires pour nous prêter main forte sur le GMO (pour rappel : lecture et vérification des fics des adhérents qui ne sont pas passées par la modération manuelle sur la période 2020-2024).

Au stade actuel, nous avons vérifié environ 970 chapitres sur 4800, soit près de 21 % du total, pour un GMO lancé en mars 2024... En raison de nos contraintes personnelles, nos vies IRL, notre motivation souvent fluctuante et le fait que nous sommes peu nombreuses, nous voyons avec difficulté le bout du tunnel.



Nous aurions besoin donc de plusieurs volontaires (tout renfort est le bienvenu, donc on accueille toustes celleux qui le veulent bien !), pour la durée qui conviendra à chacun.e (si vous n'êtes disponibles que pour 1, 2 mois, aucun problème, et si vous êtes d'accord pour nous épauler plus longtemps, c'est parfait aussi !), à partir du 1er décembre.

 

Les candidatures sont ouvertes du 13 novembre au 30 novembre, et vous pouvez postuler ou demander de plus amples informations sur ce que serait votre mission en envoyant un MP sur le forum à l'une d'entre nous (Eanna, Violety ou PititeCitrouille).

Merci par avance à celleux qui se proposeront !

Les Modératrices d'HPFanfiction


De Equipe de Modération d'HPFanfiction le 13/11/2024 15:50


Nuit de novembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 149e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 30 novembre. Il s’agira d’une édition spéciale, dédiée à la gastronomie, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'équipe des Nuits le 03/11/2024 17:05


Les Podiums en automne !


Bonsoir à toustes !

Félicitations à Tiiki et Juliette54 qui remportent respectivement le coup de coeur des lecteurices avec "Le Jeu de la Bruine" et le coup des Podiums avec "Et cincta ferro Bella", pour la sélection "Poésie" !

Nous nous retrouvons dans un mois avec notre sélection de texte sur le thème qui a remporté le vote pour l'hiver 2024 : la résistance !

 


De Equipe des Podiums le 01/11/2024 23:10


Nuit du vendredi 25 octobre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 148e édition des Nuits d'HPF, placée sous le signe de l’épouvante, se déroulera le Vendredi 25 octobre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 09/10/2024 12:52


Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Bisexuals supporting the Strikers par PititeCitrouille

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Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

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Note de chapitre:

Ce chapitre répond plus précisément au prompt n°23 - Queer friendship.

Avertissement : report de propos homophobes courants dans les années 1980 (amalgame avec le VIH et le SIDA, stigmatisation du VIH et du SIDA, etc.)

Pétunia a évidemment des pensées biaisées (j'ai essayé de recentrer la télévision en tierce personnage de ce chapitre) sur ce sujet. Je ne cautionne absolument pas cela ; je l'écris dans un contexte de dénonciation.

 

Pétunia était bien installée dans son confort et ses habitudes. Ce matin-là ne dérogea donc pas à la règle. Elle se leva et passa une robe de chambre : les radiateurs réchauffaient doucement la maison et elle n'avait donc pas besoin d'un gros pull ou de plusieurs couches. Une fois parvenue dans sa cuisine, elle put user de la gazinière pour faire chauffer l'eau des cafés, les boissons de Dudley et Harry, le bacon, les œufs brouillés. Toutes les lumières sur son passage avaient été allumées et éclairaient joyeusement la maison.

Non, Pétunia et Vernon ne connaissaient définitivement pas la crise de l'énergie, cristallisée en cet hiver 1984 sous la forme d'un bras de fer entre les mineurs et le gouvernement. Et parce que Pétunia et Vernon faisaient partie d'une classe moyenne aisée, ils ne connaissaient d'ailleurs ni les privations ni les coupures : ils avaient de quoi payer leur train de vie. D'aucun ferait remarquer qu'il n'y a rien d'excessif à s'éclairer, se chauffer et cuisiner : c'est vrai, et c'était d'autant plus vrai à une époque où la sobriété pour raisons écologiques n'existait pas.

Vernon partit au travail d'humeur égale ce matin-là, tandis que Dudley, amolli par la douce chaleur d'une épaisse polaire contre son dos, fut plutôt calme. Pétunia lui prépara un bon goûter et veilla à ce qu'il ait des gants et un bonnet, fournit hâtivement à Harry un manteau à peu près décent, et les emmena ensuite tous les deux à la maternelle.

À part les premiers frimas prolongés, ce matin était un matin comme les autres. On était au début du mois de décembre ; des guirlandes étaient allumées partout dans les rues, les magasins regorgeaient de confiseries et de jouets, les trottoirs étaient jonchés çà et là d'aiguilles de sapin. Pétunia se donna du temps pour commencer sa liste de commissions, la liste des invités aux festivités de fin d'année ayant été établie.

En rentrant, son nez fut saisi de picotements et elle savoura pleinement la sensation de le sortir de son cache-nez pour le mettre au chaud. Ses joues étaient toutes roses de sa promenade, elle en fut vite revigorée.

Pourtant, chaque fois qu'elle ouvrait sa porte dans un sens ou l'autre par temps de grand froid, elle avait toujours une question qui affleurait au bord de ses pensées.

On extraie le charbon. On l'enfourne dans des centrales thermiques puissantes. Et on a froid chez soi.

Pétunia se tenait mieux informée qu'elle ne voulait le faire croire, puisqu'en plus de la radio ou de la télévision qui accompagnaient son quotidien, elle lisait - en cachette - le journal des mineurs de Cokeworth. Elle avait si honte de son ascendance qu'elle n'en avait pas dit grand-chose à Vernon.

Ma soeur est une sorcière, mes parents sont des mineurs. Point final.

Elle savait bien ce que Vernon pensait de tout ceci : elle ne lui en tenait pas rigueur, puisqu'il partageait, au fond, l'opinion de la majorité, opinion à laquelle même Pétunia tentait de se ranger. Elle n'était pas aussi engagée que ses parents ou que Lily, il n'y avait pas de tort à ses yeux.

Elle alluma la télévision en bruit de fond, entreprenant de repasser une corbeille de linge propre. La première pièce qu'elle saisit fut une chemise de Vernon : elle soupira. Pas parce que c'était une affaire de Vernon, mais parce que c'était une chemise.

"Une alliance inattendue : des gays de Londres au Pays de Galles pour soutenir les grévistes."

Pétunia releva un œil circonspect vers l'écran, certaine d'avoir mal entendu. Elle n'avait jamais eu vent d'une quelconque alliance entre les mineurs et des personnes qui se présentaient autrement que comme des travailleurs. C'était d'autant plus surprenant que les gays étaient, en ces temps-là, des parias de la société, à cause du nombre allant croissant d'homosexuels touchés par le SIDA et de l'homophobie qui se déchaînait contre cela.

Peut-être que c'était précisément cette circonstance qui avait décidé les gays à aller aider les mineurs. Pétunia se demanda sincèrement si ceci allait plaider pour la cause des grévistes, et même, au-delà de ça, pour leur propre cause. Elle en fut certaine dès qu'elle y pensa : la société allait avoir pour principale réaction le rejet au lieu de l'indifférence ou du mépris auparavant. Cela ne pouvait rien augurer de bon.

Au cours de la journée, puis des semaines qui suivirent, comme nombre de médias s'intéressaient à cette union incongrue, Pétunia réalisa qu'on parlait différemment de la grève. Oh c'était toujours un sujet économique et politique, bien sûr, mais il lui sembla qu'on parlait aussi des gens. Les reportages qui voulaient s'interroger sur les raisons qui avaient poussé les LGBT à se rendre dans des villages perdus du Nord et de l’Est étaient obligés de s'adresser à eux. Et s'ils voulaient donner dans le sensationnel, de poser des questions également aux grévistes.

Ceci ne voulait pas dire que le vent de l'opinion publique se tournait en la faveur d'eux tous, loin de là. On évoquait déjà des réouvertures de puits pour le début du printemps, parce que la grève avait tout asséché et que les enfants des mineurs avaient trop faim. On n'avait pas beaucoup évolué sur la considération accordée aux personnes atteintes par le VIH. La mode était à se demander si tel rockeur, soi-disant notoirement connu pour ses débordements, comme si les autres étaient plus sages, était perverti ou pas.

Mais, quoi qu'il en fut, des gens exprimaient leur rage et leur colère à la télévision. Alors Pétunia comprit ce qui les unissait : la lutte, réciproque d'ailleurs, contre la Première Ministre. Cette femme avait réussi, au milieu du chaos, à allier ces personnes, chose que certainement aucune d'entre elle n'aurait trouvé pertinente, acceptable, souhaitable quelques années auparavant.

En effet, Pétunia n'était pas dupe sur la rigueur du coron, où l'avortement, la contraception, la sexualité même, étaient des notions dont on ne causait pas. Les jeunes étaient toujours plus dégourdis que les aînés, puisqu'une répression sans explication entraîne mécaniquement une hausse de l'envie de savoir - la tentation si défendue. Ceci dit, le tableau n'avait jamais été très reluisant et Pétunia y trouvait l'une des origines de sa prise de distance avec sa famille.

En grandissant, elle avait bien compris que ses parents s'étaient mariés parce que sa mère avait alors été enceinte d'elle. Et pas l'inverse. Dès lors, il lui avait été difficile de concevoir la rudesse dont ses parents avaient fait parfois preuve pendant son adolescence à l'encontre de ses premiers émois. Et puis, plus tard encore, une question lancinante avait germé : était-elle autre chose qu'un accident ? Avait-elle été désirée ? À dix-huit ans... Mariés dans la foulée pour sauver les apparences... Alors ? Si l'avortement avait pu être envisagé... est-ce que... ?

Pétunia ne s'était jamais posé la question aussi intensément vis-à-vis de la venue au monde de Lily. Elle était pleine de préjugés à son égard, et puis au fond d'elle, elle avait toujours trouvé des circonstances atténuantes, puisque Lily était la deuxième. Ses parents, s'ils auraient rejeté en bloc l'idée d'un second enfant, n'auraient pas commis deux fois la même erreur, n'est-ce pas ?

Malgré tout, Pétunia avait encore des élans qui la rapprochaient, parfois, de la famille politique de ses parents. Ils étaient inconscients, comme enfouis au creux de son éducation. Par exemple, c'était grâce à ses insinuations que Vernon avait rendu obligatoire le port de chaussures de sécurité et de lunettes dans l'usine de fabrication de perceuses. C'était sous son instigation qu'un petit sachet de chocolats - de taille certes symbolique - était offert au repas de Noël. Plus récemment encore, le secrétariat s'était vu doté de sièges réglables.

Cela n'enlevait rien au caractère emporté, voire colérique, de Vernon, qui n'hésitait pas à s'énerver vis-à-vis de ses collègues. Cependant, grâce à Pétunia, les salariés devaient voir, de ci, de là, des améliorations de leur qualité de vie et de leur sécurité au travail. Il était même probable que Pétunia n'en soit pas complètement consciente. Elle avait travaillé, brièvement, pour l'entreprise de son mari et savait donc à peu près de quoi elle parlait : c'était sous ce prisme qu'elle envisageait les choses.

Pétunia se trouva ainsi bouleversée par cette alliance, un petit comme quelque mois plus tôt lorsqu'elle avait longuement pensé à Lily après un reportage télévisé sur le SIDA. Cette fois-ci, elle eut l'intuition plus nette que c'était comme si les événements voulaient encore plus vivement lui rappeler sa sœur, ses luttes et ses amours.

Elle se trouva troublée pendant plusieurs semaines, selon ce que distillait le poste de télévision. Elle voyait Lily partout dans sa maison, presqu'aussi clairement que si c'était vrai.

Un soir, elle fut si préoccupée qu'elle cuisina sommairement du dîner, du moins selon ses propres standards - inculqués par d'autres qu'elle-même cependant. Après manger, elle débarrassa la table avec tant d'étourderie qu'elle ébrécha une assiette. Elle rougit et la fourra rapidement à la poubelle, et déposa ensuite péniblement tout le reste dans le lave-vaisselle. Elle fut si distraite, à ce moment-là, qu'elle ne comprit pas tout de suite qu'elle y avait même mis ce qui n'avait pas à y aller, comme une grande potée de terre cuite. Elle s'en rendit compte seulement lorsque Vernon se chargea lui-même de l'y ôter.

Elle songea alors finalement que Vernon serait donc tout à fait capable de faire cette tâche ménagère par lui-même. Non, plutôt, c'était toujours la pensée de Lily qui déteignait sur la sienne dans ces moments-là. Chaque fois qu'elle s'imposait dans son esprit ou que des événements extérieurs la lui montraient comme une évidence, Pétunia se sentait littéralement sortir d'elle-même. Lily occupait alors son esprit critique et c'était aussi ses modes de raisonnement qui jaillissaient à travers la bouche de Pétunia, d'ordinaire si calme, si peu révoltée, si normative en fin de compte.

Elle n'eut guère le temps de développer, car Vernon lui demanda ensuite si tout allait bien pour elle. Pétunia lui rendit un regard surpris et se réfugia dans le salon, où elle alluma la télévision pour se donner à la fois une contenance et une occupation.

Un débat avait lieu entre un essayiste, un député, un journaliste et un reporter à propos d'un concert de solidarité lancé par un groupe de soutien constitué de gays et de lesbiennes. Les fonds seraient versés à un village gallois de mineurs touché de plein fouet par la crise économique. Pétunia fut frappée de l'inanité de la discussion, entre interventions racoleuses pour rappeler combien le rock pervertissait la jeunesse du pays - discours qui avait déjà trente ans - et insinuations plus graves sur le bien-fondé de se rendre à une manifestation de l'ordre homosexuel (sic). Pétunia était de plus en plus la proie de la culpabilité qu'elle nourrissait à l'égard de sa sœur, ce qui ne l'aidait pas, d’après elle, à avoir un comportement approprié vis-à-vis de son neveu.

Vernon, encore une fois, soupira.

"Pétu, tu ne veux pas éteindre ? C'est lassant. On ne parle que de ça.

- C'est l'actualité, répondit-elle, en haussant les épaules, les larmes au bord des yeux."

Elle se leva, prétexta de devoir reposer son tablier dans la cuisine pour fuir à nouveau Vernon, ravala ses larmes et se présenta à nouveau dans le salon. Vernon se caressait la moustache, pensif.

"On ne va pas s'infliger ça tout le temps, insista-t-il.

- Et bien change de chaîne, que veux-tu que je te dise d'autre ! s'énerva Pétunia, en lui tendant au passage la télécommande."

Vernon s'en empara, mais avant qu'il n'ait cliqué sur le bouton, une groupe de femmes, les bras en l'air, portant un t-shirt blanc orné d'un triangle rose, criait à l'écran "Les lesbiennes aussi ont le SIDA ! Deux fois oubliées !". Il marmonna "attends" à une Pétunia imaginaire puisque la réelle n'avait encore émis aucune objection.

"Tu veux voir ça ? demanda Pétunia.

- Euh, non. Oui. Enfin."

Vernon avait l'air plus gêné qu'elle, tout d'un coup. Pétunia ne s'en formalisa pas de suite. D'abord, elle était perturbée par cette image, qui détourait encore bon nombre de clichés sur ce qu'est le VIH et comment il se transmet. Ensuite, elle pensa aux amies de Lily - lesbiennes - et à Lily elle-même- qui aimait aussi les femmes. Le mot "homosexuel" était devenu plus courant depuis qu'on parlait de l'épidémie du SIDA, alors que les mots "lesbiennes" et "bisexuels" n'étaient que très peu prononcés et toujours en baissant un peu la voix.

"Toi, tu t'intéresses à ça ? continua Pétunia, faisant semblant de rester indifférente, voire méprisante, sur le sujet.

- Ça comme ça, non, ces façons de parler ne sont qu'une mode chez le jeunes d'aujourd'hui, sembla d'abord abonder Vernon. Mais.... Et bien, ces personnes existent, tu vois ?

- Oui, acquiesça Pétunia avec raideur. Et ?

- Et bah, il y en a dans toutes les familles, finit Vernon.

- Toi ? répondit-elle stupidement.

- Non, Marge, répondit-il avant de s'avachir sur le dossier du canapé.

- Ma sœur aussi, l'informa Pétunia, espérant tout d'un coup se sentir moins seule.

- Ta sœur ? Elle l'aimait, ce type... Non ?

- Bisexuelle.

- Ah. Lesbienne, je crois."

Ils se regardèrent un instant en chiens de faïence. Pétunia se demanda subrepticement si elle n'avait pas raté une information. Elle avait bien compris pourquoi Vernon et Marge étaient malgré tout si conformistes - selon ce vieux poncif "ce n'est pas à cause de nous s'il y a des problèmes", comme si vraiment les autres "l'avaient bien cherché". Mais alors, qu'est-ce qui changeait lorsqu'il fallait envisager l'existence des sorciers ?

Pétunia osa le dire à voix haute. Vernon la regarda d'un œil sévère.

"Jusqu'à présent les homosexuels et autres gens de cette espèce n'ont pas cherché à tuer les gens comme nous et n'ont pas de pouvoirs illimités qui peuvent nous nuire, Pétunia, voilà la différence. Ta sœur aimait les femmes, fort bien, mais surtout elle avait de cette engeance opportuniste et malfaisante en elle.

- Pardon, balbutia Pétunia. Oui, bien sûr, n'en parlons plus."

Pétunia écoutait les avis de Vernon et les suivait. Intégration, soumission. Pas de scandale, et de débats jamais vraiment. Pétunia avait toujours cru qu'elle haïssait suffisamment sa sœur pour cela. Et puis, l'objectif unique depuis que toute la famille était morte : garder celle que l'on avait fondé. Le mari, le fils, s'accrocher, tenir, mère et femme d'apparence socialement parfaite.

Au mois de mai, la brochure des mineurs de Cokeworth acheva le lent travail que le doute imprimait sur elle depuis quelques mois. Après quelques photos des défilés symboliques de la fête internationale de lutte pour les droits des travailleurs, il y a avait les nouvelles du secteur. Débats, réformes, suivi de l'activité législative du pays.

Et ce petit encart.

"Rendez-vous devant la mine de M. Corp. pour prendre l'autocar ce 25 juin 1985 à neuf heures et demie. Arrivée à Hyde Park, Londres à treize heures, pour soutenir dans la lutte nos camarades LGBT de Grande Bretagne et du monde entier et les remercier comme il se doit de leur généreux soutien tout au long de l'hiver ! Participation financière au voyage possible, vous adresser au trésorier etc."

Pétunia hésita.

Une parenthèse.... Elle n'avait besoin que de ça. Achever son deuil de Lily sans en rien laisser paraître au dehors, et continuer sa vie ordinaire ensuite. Se décaler une seule et unique fois de l'opinion de Vernon et de celle des autres d'ailleurs. Comme pour mieux revenir dans le rang ensuite.

Vernon avait fait quelques concessions pour ses salariés et acceptait sa soeur, mais jamais il n'irait plus loin que là. Au-delà se trouvait un monde qui n'était pas le sien. C'était le monde de Lily. Un mélange de celui de leurs parents Violet et Ginger et de celui de ses amies Mary et Marlene. Une union, plutôt. Oui, le mot "union" était pleinement polysémique ici. Au pluriel, comme l'engagement de Lily.

Pétunia profita d'un jour où Vernon emmena Dudley au golf pour déposer Harry chez Madame Figgs et se précipiter dans la voiture, en direction de Cokeworth. Elle ne savait pas trop pourquoi elle y allait. Ç'aurait été cliché de dire que c'était "pour chercher des réponses à ses questions" : à la vérité, il ne lui parut pas en avoir, sur l'instant. Alors, pour chercher des questions, peut-être.

Pétunia ralentit aux abords de la petite ville. On distinguait bien, de la route qu'elle prenait, qui suivait la rivière jusqu'à la mer, les bâtiments portuaires et les toits d'usine de la ville d'à côté à droite et le haut de la forge de la ville de l'autre côté à gauche. Des symboles. Immédiatement devant elle, en face, la mine. Pétunia se sentit toute chose devant elle. Tout était gris ici : la terre, pauvre et désolée ailleurs, le ciel, nuageux, les bâtiments, sales, les âmes et les sentiments.

Pétunia fut prise d’une envie soudaine de faire demi-tour, accompagnée de la sensation indicible qu’elle faisait quelque chose de mal. Mais elle était beaucoup trop engagée dans ce qu’elle était en train de faire pour reculer : elle se secoua de sa torpeur et se dirigea vers le cimetière. C’était le dernier endroit où elle pouvait retrouver ses parents.

Elle ne se rendait presque jamais sur leur tombe. A la Toussaint, elle s’y rendait, prétextant que c’était la fête des Morts pour venir déposer un chrysanthème. Le calendrier était alors bien commode pour avoir une explication toute trouvée à son absence chronique devant l’autre tombe. Elle trouva donc, cette fois-ci avec un peu d’avance, le pot de fleurs pourri et séché, qu’elle évacua bien vite dans une poubelle.

Et maintenant, elle était debout devant la stèle, à se demander ce qu’elle attendait, au juste, de cette escapade. Elle avait cru trouver un sens à son parcours, mais elle devait se résigner : aucun miracle n’allait lui souffler la voie toute tracée à suivre. Elle n’avait qu’à suivre son opinion, ou son cœur.

Une toux lui fit relever la tête. Elle venait d’une femme, très maigre, très pâle, courbée, que Pétunia ne reconnut pas tout de suite, qui se tenait au bras d’un jeune homme, tout aussi pâle, aux mêmes cheveux noirs, au mêmes yeux noirs. Pétunia eut un frisson en réalisant qu’il s’agissait de ce sombre sorcier avec lequel Lily avait été si amie. Son regard n’était que haine, et il regardait au-dessus de sa mère. Pétunia devina qu’ils visitaient la tombe de son père.

Tobias Rogue avait son nom à Cokeworth, comme tant d’autres dans l’Impasse du Tisseur.

La femme continua à tousser, et sortit un mouchoir de sa poche. Pétunia vit, de là où elle était, le rouge teinter le blanc du tissu. La mère du sorcier, tout sorcier qu’il fût, n’avait pu échapper donc à une vie de servitudes, épouse d’un homme accidenté du travail, relégué au rang de chômeur par son dos brisé, puis au rang d’alcoolique par ses douleurs, et enfin au rang d’agresseur et de tyran par ses excès en mauvais vin. Ce cercle vicieux s’était rompu parce que le mari était mort, mais pour autant, elle continuait à payer sa vie de sa santé : elle était probablement tuberculeuse et mal soignée.

Pétunia sut qu’elle pouvait désormais rentrer chez elle.

Elle avait eu son signal.

Le SIDA tue et la précarité tue.

Note de fin de chapitre :

J'ai imaginé Marge lesbienne parce qu'on ne sait rien d'elle donc on peut en penser ce qu'on veut. Et elle m'a servie pour parler de quelque chose dont je n'ai pas encore parlé dans mes fics.

Tous les personnages LGBTQIA+ de mon headcanon s'inscrivent, chacun.e à leur manière, dans cette communauté, ses revendications, etc. Alors j'avais envie de parler un peu de ces personnes qui n'ont pas une orientation sexuelle normative mais qui utilisent le prétexte d'une vie normative pour décridibiliser celleux qui décident de vivre comme iels le souhaitent. C'est un comble d'ironie, dont j'arrive un petit peu à comprendre les tenants et les aboutissants (se protéger violemment des discriminations contre soi-même ?), mais je trouve que c'est vraiment une bien petite attitude et je voulais dénoncer ça aussi.

Je devrais peut-être placer à un moment mon amour pour la saison 3 de la série Skam France ? Allez voir cette série pour voir le moment où un personnage - concerné - explique tellement mieux que moi tout ça, dans l'épisode 5, mais pour voir aussi plein d'autres belles choses sur l'amour, l'amitié, la santé mentale, être soi même quand être soi est difficile ♥

J'avais été très choquée petite par les hurlements de Vernon. A dix ans je me disais déjà que "le patron n'a pas à crier sur ses employés" (on ne se refait pas XD). Donc je ne voulais pas effacer cette réalité.

J'ai placé la tuberculose parce que j'ai vu récemment que cette maladie est préoccupante dans les départements les plus pauvres de France (Insee (2021)) et au-delà de ça, la corrélation pauvreté - maladie est frappante sur tous les types de maladies (Insee (2023)).

A bientôt pour le dernier chapitre,

Piti

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