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Nuit de Noël de décembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 150e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 13 décembre. Il s’agira d’une édition spéciale ‘Noël autour du monde’, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De L'Équipe des Nuits le 01/12/2024 21:51


Recrutement - Grand Ménage Orange


Appel à candidatures - Renfort sur le Grand Ménage Orange

Comme le titre de ce message l'indique, les modératrices sont en recherche (un peu) désespérée de plusieurs volontaires pour nous prêter main forte sur le GMO (pour rappel : lecture et vérification des fics des adhérents qui ne sont pas passées par la modération manuelle sur la période 2020-2024).

Au stade actuel, nous avons vérifié environ 970 chapitres sur 4800, soit près de 21 % du total, pour un GMO lancé en mars 2024... En raison de nos contraintes personnelles, nos vies IRL, notre motivation souvent fluctuante et le fait que nous sommes peu nombreuses, nous voyons avec difficulté le bout du tunnel.



Nous aurions besoin donc de plusieurs volontaires (tout renfort est le bienvenu, donc on accueille toustes celleux qui le veulent bien !), pour la durée qui conviendra à chacun.e (si vous n'êtes disponibles que pour 1, 2 mois, aucun problème, et si vous êtes d'accord pour nous épauler plus longtemps, c'est parfait aussi !), à partir du 1er décembre.

 

Les candidatures sont ouvertes du 13 novembre au 30 novembre, et vous pouvez postuler ou demander de plus amples informations sur ce que serait votre mission en envoyant un MP sur le forum à l'une d'entre nous (Eanna, Violety ou PititeCitrouille).

Merci par avance à celleux qui se proposeront !

Les Modératrices d'HPFanfiction


De Equipe de Modération d'HPFanfiction le 13/11/2024 15:50


Nuit de novembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 149e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 30 novembre. Il s’agira d’une édition spéciale, dédiée à la gastronomie, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'équipe des Nuits le 03/11/2024 17:05


Les Podiums en automne !


Bonsoir à toustes !

Félicitations à Tiiki et Juliette54 qui remportent respectivement le coup de coeur des lecteurices avec "Le Jeu de la Bruine" et le coup des Podiums avec "Et cincta ferro Bella", pour la sélection "Poésie" !

Nous nous retrouvons dans un mois avec notre sélection de texte sur le thème qui a remporté le vote pour l'hiver 2024 : la résistance !

 


De Equipe des Podiums le 01/11/2024 23:10


Nuit du vendredi 25 octobre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 148e édition des Nuits d'HPF, placée sous le signe de l’épouvante, se déroulera le Vendredi 25 octobre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 09/10/2024 12:52


Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Ceux qui voyaient venir l'incendie par Strix

[4 Reviews]
Imprimante
Table des matières

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Note de chapitre:

Alors voilà ma petite participation au concours "Le GIEC au rapport" de PititeCitrouille !

Les mots du champ lexical de l'incendie (contraintes) sont en gras dans le texte.

Sur ce, je vous souhaite une excellente lecture !

Le GIEC. Un sigle apparu il y a un an dans les colonnes du Chicaneur. Et qui a rapidement colonisé celles de la Gazette du Sorcier. 

Un phénomène médiatique.

Le GIEC. Une personne ? Un groupe ? Nul n'en sait rien, à part que c'est une plume, qui écrit sur le parchemin comme sur la pierre.

Un lanceur d'alerte.

Le GIEC. Qualifié de tantôt de terroristes, d'extrémistes, et tantôt d'engagés, de courageux.

Un sujet à débat.

Qui est le GIEC ? Il y a bien sûr des enquêtes sur lui, effectuées à la fois par des Aurors et des journalistes. Tout ça pour rien. Personne ne le sait vraiment.

 

 

Juillet 2004 (un jour d'été ordinaire)

 

Gabrielle vole sur son balai vers le gigantesque incendie qui ravage la forêt de Bellever, au pays de Galles. Pas un simple incendie. Non, un feu qui semble inextinguible, un feu d'où surgissent des têtes de loups et de serpents. Un Feudeymon.

 

Elle sait ce qu'elle doit faire. Gabrielle lève sa baguette pour accomplir son rôle dans la mécanique bien huilée et maintes fois répétée. Elle lance un sortilège de protection sur la silhouette qui transplane à un mètre seulement de l'incendie, sans apparemment le craindre. 

Charlie. 

 

 

Charlie s'est rapproché du feu. La chaleur est intense, mille fois plus intense que celle de cet été caniculaire. Mais il est, par sa proximité avec les dragons, le plus apte à affronter cette chaleur qui brûle, fait fondre, tue.

 

Il fait le tour de l'incendie, et cherche le point d'origine : un endroit au cœur des flammes, qui semble moins jaune orangé, mais plutôt bleu violet. C'est pour ça qu'il se rapproche, qu'il prend ces risques. Même s'il est loin d'être le seul. Il se retourne. À peine à trois mètres du brasier.

Eloïse

 

 

Eloïse est assise en tailleur sans l'herbe sèche et inflammable. Elle ne le voit pas. Ses yeux sont fermés. Pour mieux entendre. Entendre le signal que Charlie lancera dans quelques minutes. Entendre le cri de Gabrielle qui lui dira de s'écarter un peu quand les flammes seront trop avancées. Non, surtout, entendre les sylves. 

 

Les sylves, esprits des arbres qui crient silencieusement et agonisent. Eloïse les appelle pour leur dire de venir se protéger ici et, pour les plus tétus qui refusaient de quitter provisoirement leur chêne où leur hêtre, de l'aider à localiser le point d'origine. Elle sent dans son dos un regard lointain. Elle ne s'inquiète pas, elle sait à qui il appartient.

Illy

 

 

Illy est sur une colline non loin de là et observe la scène avec des Multiplettes de quidditch qu'elle a elle-même modifiées. Elle analyse l'incendie point par point, prend des notes, et observe les sorciers réaliser son extinction comme ils l'ont déjà fait tant de fois.

 

Ils en ont du courage. Illy aimerait les accompagner, mais elle sait qu'elle ne serait qu'un boulet dans cette situation, elle, c'est les connaissances, la théorie. Ça y est, Charlie a repéré le point d'origine. Les deux filles le rejoignent, la petite Gabrielle de haut sur son balai, Eloïse sur le côté. Les trois lancent en même temps le sortilège. Et les flammes arrêtent de brûler, de détruire. Un petit cri de joie.

Gabrielle

 

 

Ce soir-là (après l'effort...l'effort)

 

Dans la salle à manger du manoir des Rowle, quatre personnes sont réunies, et s'activent. Quatre personnes qui ne se ressemblent pas, mais qui sont liées par beaucoup plus qu'une simple amitié.

Un engagement.

 

Il y a Gabrielle, blonde, fine et frêle, 18 ans, aux portes de sa vie adulte.

Il y a Illy, qui travaille plus que tout le monde malgré sa petite taille, et qui semble tout savoir.

Il y a Eloïse, au visage caché par frange et mèches, qui étudie les plantes, qui les aime plus que tout.

Et il y a Charlie, trapu et couvert de cicatrices, qui s'est de nouveau éloigné de ses dragons pour un été. 

 

Quatre personnes plus connues sous un autre nom. Un sigle, composé de leurs initiales. G pour Gabrielle, I pour Illy, E pour Eloïse, C pour Charlie.

 

GIEC

 

 

Juin 2003 (le prélude d'une longue histoire)

 

L'été vient à peine de commencer. La canicule est déjà là. La chaleur étouffe et assèche, si bien que tous les invités du Terrier sont encore à l'intérieur de la maison. Dans les chambres, ou la cuisine, à la limite sous les arbres du jardin.

La chaleur endort tout.

 

Gabrielle est assise dans la cuisine. Elle a 17 ans, vient de terminer sa scolarité à Beauxbâtons, et ne sait pas vraiment quoi faire de sa vie. Elle aime écrire, et voudrait un monde meilleur, alors peut-être du journalisme ? Elle a accompagné ses parents rendre visite à Fleur en Angleterre, et tout le monde passe quelques jours chez les Weasley.

 

Toujours est-il qu'elle lit la Gazette du Sorcier du jour. Elle l'a presque finie, et atteint la page météo. À côté de la carte animée de la Grande-Bretagne indiquant le temps à venir (globalement du soleil, et encore du soleil) se trouve une brève qui attire son attention.

 

FEU INQUIÉTANT À BOWLAND 

Un incendie ravage actuellement la forêt de Bowland, en Angleterre. Les pompiers moldus n'arrivent pour l'instant pas à l'éteindre si bien que certains suspectent une origine magique. Mais le Ministère a invoqué l'incompétence de ceux-ci comme cause de leur inefficacité et n'a pour l'instant envoyé personne sur place, préférant sûrement garder le plus de monde possible pour les derniers procès de Mangemorts en cours.

 

Gabrielle repose le journal. Un feu ? D'origine sorcière ? Pourquoi ne pas y aller ? Si une sorcière se rend sur place, les soupçons pourraient être confirmés, et une aide mise en place. C'est décidé, elle ira. Sans prévenir les autres, même si elle est majeure maintenant, elle reste "la petite". 

 

Elle sait qu'il y a une carte du pays dans l'entrée, donc elle s'y rend pour l'étudier. Elle trouve l'endroit qu'elle cherchait, ce n'est pas extrêmement loin, elle pourrait y aller en balai. Charlie, un des frères de Bill, rentre dans le local où ils sont entreposés au moment où elle en sortait.

"- Qu'est-ce tu fais, attaque-t-il ?

 - Rien, je vais juste faire un tour...

 - Par ce temps-ci, ça m'étonnerait !

 - Parce que toi tu fais quoi ? 

 - Je vais quelque part. 

 - Et tu ne l'a dit à personne...

 - Je suis majeur et libre de mes mouvements.

 - Moi aussi.

 - Bon OK. Je vais à Bowland, il y a une réserve de dragons là-bas et aussi un incendie alors je m'inquiète.

 - C'est marrant, je vais là aussi.

 - T'es sûre ? Ça peut être dangereux, tu sais.

 - Oui, je sais. Et oui, je veux quand même y aller. 

 - Tu sais où c'est au moins ?

 - Bien sûr, je l'ai cherché sur une carte.

 - Dans ce cas, ça te dirait qu'on y transplane à deux ? Ça n'a jamais été ma spécialité et tu ne connais pas vraiment l'endroit, on y arrivera plus vite ensemble.

 - OK."

 

Et la plus petite et le presque le plus grand des "enfants" transplanent vers le feu.

Ils ne me savent pas encore, mais cela va créer un lien unique entre eux.

Et changer leur vie.

 

 

Ils arrivent dans la forêt. Ici, tout brûle. Et ce n'est pas un feu habituel. C'est un feu magique, ça se voit dès le premier regard. Et pas un feu magique inoffensif. Les silhouettes enflammées de tigres et autres fauves qui en jaillissent le prouvent. Non, ce n'est pas un simple feu. C'est un Feudeymon. 

Au loin, des pompiers s'activent. Mais tous leurs efforts sont vains. Le feu ne s'arrêtera que si un sorcier s'en occupe, ou quand il aura dévoré toute magie, toute vie de l'endroit.

Gabrielle soupire.

 

"- Comment peuvent-ils avoir des doutes sur l'origine du feu ? Même un bébé l'aurait senti ! Pourquoi ils n'agissent pas ?

 - Je pense qu'ils ne veulent pas admettre qu'il y a encore des personnes en liberté pour allumer des feux comme ça. Même si ça m'étonne... Je croyais que tous les Mangemorts avaient été capturés...

 - Ça doit être quelqu'un d'autre... Attend ! Regarde !"

 

Ce que Gabrielle désignait du doigt était une silhouette accroupie près des flammes qui se rapprochent, sont presque sur elle, les yeux fermés. Charlie et la jeune Française courent vers elle en la prévenant à grands cris, et, devant son absence de réaction, l'attrapent par les bras et la traînent au sol loin du brasier. 

 

Quand l'inconnue se relève, ils purent voir son visage. Enfin presque, puisque ses cheveux semblaient avoir été coiffés dans le but d'en cacher le maximum, et que le reste était dissimulé derrière d'épaisses lunettes. 

Mais tout cela ne parvient pas à cacher le regard noir que la jeune femme leur lance de ses yeux sombres. Elle essaie de se relever tout en les questionnant brutalement.

 

"- Qu'est-ce que vous faites ! J'étais là-bas dans un but précis ! Vous n'imaginez même pas combien de morts vont résulter de votre "sauvetage" !

 - Tu allais être brûlée par l'incendie si tu restais là une seconde de plus, donc ça m'étonnerait que tu ais pu sauver grand monde en étant morte... D'ailleurs, je ne vois pas qui pourrait mourir là, les animaux ont déjà dû s'enfuir...

 - Les arbres ! Les sylves ! Personne ne s'occupe jamais d'eux. Ils meurent par milliers, par millions chaque été, et ça ne va pas s'améliorer, avec ce changement climatique, il y a de plus en plus d'incendies, magiques comme moldus. 

 - Et tu comptes les sauver toute seule ?

 - Il faut bien puisque personne ne fait rien ! D'ailleurs, toi, tu ne travailles pas avec les dragons ? Tu sais qu'eux aussi peuvent être blessés par le Feudeymon...

 - Tu n'as pas averti le Ministère ?

 - Bien sûr, mais ils ne m'écoutent pas. Donc en attendant je cherche de l'aide."

 

Gabrielle regarde la fille, regarde Charlie. Il y a de la résolution dans son regard, évoquer les dragons avait été intelligent de la part de la protectrice des arbres. En plus, Charlie serait une précieuse aide pour elle, puisqu'il ne craignait pas le feu, qu'il y était habitué et connaissait ses dangers mieux que personne.

 

Et elle ? Gabrielle ne savait pas faire grand chose d'exceptionnel. Elle aimait juste écrire, parler, trouver la formule juste. Elle pourrait essayer de convaincre le Ministère. Et puis elle avait de l'énergie à revendre, et tout cela la révoltait aussi. Il faisait de plus en plus chaud, et si rien ne se passait, la Terre serait aussi chaude qu'un volcan d'ici à quelques années. Au moment où elle allait prendre la parole pour répondre, Charlie le fit aussi, et c'est d'une seule voix qu'ils disent d'accord. La fille a l'air toute contente, elle leur demande leur nom.

 

"- Charlie et Gabrielle. Et toi ?

 - Eloïse. Eloïse Midgen."

 

 

Le lendemain (à trois c'est bien...à quatre c'est mieux)

 

Trois silhouettes marchent vers le manoir des Rowle. Trois silhouettes pas encore très sûres d'elles et de leur décision. 

 

"- Vous pensez vraiment que c'est une bonne idée ? Rowle était un Mangemort je vous rappelle, demande Charlie.

 - Oui on sait, mais il est mort aujourd'hui, et ce n'est pas lui qu'on vient voir, répond Eloïse.

 - J'espère seulement que sa grand-mère n'a pas les mêmes idées que lui sinon je pense que ce sera difficile de travailler avec elle, ajoute Gabrielle.

 - Je ne pense pas qu'une aussi grande scientifique puisse avoir des opinions aussi nauséabondes... Même si ça m'étonne que ça puisse exister chez des gens, tout simplement... Penser qu'une personne est meilleure à cause de son sang, conclut leur nouvelle amie..."

 

En se renseignant sur les Feudeymons, ils avaient en effet trouvé un livre très complet d'une certaine Isabella Rowle, et en creusant un peu plus, avaient découvert que cette érudite était spécialisée dans les feux magiques, et que malgré son grand âge, poursuivait ses recherches au manoir Rowle où elle habitait seule désormais. D'où leur destination. 

 

Le manoir est grand, et a l'air ancestral. La porte de bois est gigantesque, et on y toque à l'aide d'un loquet d'un poids assez considérable. 

La porte s'ouvre. 

Une petite elfe de maison se tient dans l'encadrement.

Une petite elfe à l'air assez paniquée.

 

"- Bonjo-boujour, qu'est-ce que vous faites ici ?

 - On aimerait voir ta maîtresse, Mrs Rowle, c'est important.

 - Elle-elle n'est pas disponible pour le moment...

 - Elle le sera bientôt ? 

 - J-je ne pense pas, elle est assez malade...

 - Tu lui diras que des personnes s'intéressent à son travail sur le Feudeymon, qu'elles en ont besoin pour éteindre des incendies, sauver des forêts, d'accord ?

- C'est pour ça ? Vous avez besoin de ses connaissances, c'est ça ?

- Oui, on aimerait bien le faire tout seuls mais je crains que nous n'en manquions cruellement.

 - Je-je peux peut-être faire quelque chose pour vous alors. Rentrez."

 

Gabrielle, Charlie et Eloïse la suivent donc dans les couloirs sombres ornés de tableaux du manoir. 

Ils arrivent dans la cuisine ; un plat mijote dans un coin et émet une fumée brune et chaude.

 

"- Je peux vous aider, mais vous devez me promettre de garder pour vous tout ce que je vous direz, leur annonce l'elfe."

 

Ils hochent la tête. Devant leur approbation, elle continue.

 

"- Bon, voilà. Je m'appelle Illy, et je vis seule dans cette maison depuis plus d'un an. Quand ma maîtresse, que vous cherchez, est morte, elle m'a fait promettre de cacher son décès, et de conserver la maison en l'état. Je ne connais pas ses raisons, mais je suis une elfe, j'obéis.

Mais ne partez pas. Quand je suis entrée à son service, Isabella m'a appris tout ce qu'elle savait, et je l'ai toujours aidée dans ses expériences. On a écrit le Traité de pyromagie ensemble à quatre mains. Et je continue toujours à étudier le sujet. Alors, s'il vous plaît, je sais que je ne suis qu'une elfe, mais je peux vous aider ! Voir le monde se réchauffer inlassablement me désespère plus que tout ! Parce que c'est lié aux Feudeymons, il faut que vous le sachiez !"

 

Ils se regardent un instant. Ayant tous trois côtoyé Hermione et sa SALE, ils savent bien que les elfes ne sont pas inférieurs aux sorciers. Et elle a l'air compétente, très compétente, bien plus qu'eux qui s'engageaient sur une route qu'ils ne connaissaient pas. Et ils acceptent sa proposition. Parce qu'elle avait une étincelle dans le regard, la même que celle dans les yeux d'Eloïse quand elle parlait des arbres, ou Charlie des dragons. 

 

Une étincelle preuve d'un engagement total et complet. D'une détermination forte et sans faille. D'une passion sans limite. Une étincelle que tout le monde devrait avoir dans les yeux, au moins pour un jour.

La Terre s'en porterait mieux. 

 

L'été qui suivit (pas vraiment des vacances !)

 

Ainsi, le petit groupe s'était formé. Quatre marginaux pour lutter contre les incendies et le réchauffement climatique.

 

Illy faisait des recherches, des observations, et enrichissait sans cesse son carnet de nouvelles preuves et connaissances. Beaucoup de sorciers n'auraient jamais cru qu'une elfe puisse faire ça mais elle le faisait justement mieux que la grande majorité d'entre eux. 

 

Charlie était au plus près des feux ; il était le meilleur pour repérer l'origine du Feudeymon, l'endroit à atteindre pour l'éteindre. C'était là qu'il préférait être, les flammes rouges lui rappelant celles crachées par les dragons qu'il aimait plus que tout. 

 

Eloïse protégeait les arbres en danger à l'aide de sortilèges, et elle communiquait avec les sylves qui leur communiquaient de précieuses informations. Arbres qu'elle préférait aux humains : un arbre ne se moque pas, pas comme les élèves de Poudlard qui ont ri de son apparence physique et de son acné pendant toute son adolescence. 

 

Et Gabrielle. Gabrielle faisait un peu de tout, elle aidait ça et là, elle n'avait pas de talent particulier, elle. Enfin peut-être. C'était toujours elle qui écrivait les articles, créaient les slogans et affiches qu'ils allaient apposer la nuit sur les murs du Chemin de Traverse. Elle signait GIEC, et envoyait les articles qui résumaient leurs découvertes et alertaient sur les dangers des feux anonymement aux différents journaux. 

 

Au début, seul le Chicaneur les prenait, mais avec le temps, le GIEC avait acquis une certaine notoriété, qui ne provoquait malheureusement pas d'actions chez les dirigeants. 

 

Mais ils persévéraient. Ils avaient travaillé tout l'été, de juin à septembre, puis s'étaient séparés avant de se retrouver en juin 2004. Et leur activité avait repris de plus belle. 

 

 

Un soir d'août 2004 (Prologue d'un grand bouleversement)

 

"- Des Feudeymons spontanés."

 

Illy a parlé, tous arrêtent ce qu'ils sont en train de faire. 

 

"- Qu'est ce qu'il y a ? Tu as trouvé quelque chose ?

 - Oui. J'ai résumé tout ce que j'ai trouvé, j'ai écrit un raisonnement, vous me direz ce que vous en pensez. 

Donc, les Feudeymons spontanés. Parce que la plupart de ceux que nous éteignons n'ont pas été créés par des sorciers. Sur les 56 de l'année dernière, seuls deux avaient été allumés par un pyromane, qui est mort brûlé dans le second. C'est ça le problème. Parce que les criminels, on peut les arrêter (enfin pas nous mais les Aurors, c'est pareil). Pas les feux qui se déclenchent tous seuls comme des grands. 

Il faut donc qu'on s'attaque à la cause. La cause de ces Feudeymons spontanés est le réchauffement climatique. Le problème, c'est que c'est aussi la conséquence. C'est un cercle vicieux : plus il y a de feux, plus la Terre se réchauffe. Et plus la Terre se réchauffe, plus il y a de feux. Donc, il faut qu'on agisse sur l'un des deux facteurs pour réussir à diminuer ou supprimer l'autre.

Et comme les Moldus sont en grande partie responsables du réchauffement climatique, on ne peut pas faire grand chose là-dessus. Je ne dis pas que la communauté magique est innocente de ce crime, mais elle est bien moins coupable que le monde moldu. 

Nous devons donc nous attaquer aux Feudeymons ; je vais vous résumer ce que nous savons sur les conditions nécessaires à leur formation. Tout d'abord, ils se forment majoritairement en été, quand il fait le plus chaud. Ensuite et surtout, on n'en a retrouvé qu'à proximité d'habitations sorcières. 

C'est ce point qui nous intéresse, car cela signifie que les sorciers émettent quelque chose qui déclenche, s'il est mis dans des conditions adéquates, autrement dit, à un moment où la chaleur est forte, un Feudeymon. Ça ne peut pas être "la magie" déjà parce qu'on ne sait pas ce que c'est exactement, et aussi parce qu'elle est partout, sinon on ne pourrait utiliser nos pouvoirs nulle part. 

Donc c'est autre chose. J'ai plusieurs théories : cela pourrait être un ingrédient de potion, bien que c'est peu probable que toutes les maisons à proximité des feux aient eu cet ingrédient-là précisément. C'est forcément quelque chose d'autre. Quelque chose qu'on a tous chez nous, et que les Moldus n'ont pas. Un balai, une baguette, une chouette... De la poudre de cheminette. Elle est dispersée dans l'atmosphère quand elle brûle, c'est sûrement un réactif important. Je penche pour cette solution, mais tout reste encore à prouver. Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?"

 

Ils restent cois, regardent leur amie. Elle a tout récité d'un coup, sans reprendre sa respiration. Ils savent qu'Illy n'y peut rien, qu'elle veut à tout prix faire ses preuves en tant que scientifique elfe. D'où, même devant ses amis, son stress, qui s'exprime ainsi. 

 

Et les trois sorciers hochent la tête. Ils ne peuvent pas faire grand chose d'autre, l'elfe est bien plus intelligente qu'eux. Seule Gabrielle lève la main, comme si elle était dans une classe devant un professeur. 

 

"- Est-ce que tu peux répéter ? C'est pour le prochain rapport, ça pourrait être intéressant, non ?"

 

Des sourires se peignent sur les visages de Charlie, Eloïse, Illy, Gabrielle, malgré la gravité de la cause qui les a réunis. Un peu de beau dans le laid, un peu de joie dans le désespoir.

Quoiqu'il arrive, tout ça aura au moins eu un point positif. Ils se sont rencontrés.

 

Car l'amitié, telle les fleurs qui poussent au pied des volcans, grandit parfois dans les cendres.

 

 

Deux jours plus tard (quand tout explosa. Littéralement)

 

Encore une chaleur extrême. Les quatre compagnons suent à grosses gouttes tandis qu'ils marchent vers le milieu de la prairie qu'ils ont choisie pour l'expérience. 

 

L'expérience. Ils avaient beaucoup réfléchi là-dessus : est-ce que, pour essayer de trouver un moyen d'arrêter les Feudeymons spontanés, ils avaient le droit d'en allumer un, ou de réunir des conditions qui allaient certainement le faire ? Et s'ils le faisaient, seraient-ils capables de le maîtriser ? Ce n'était pas la même chose d'éteindre un incendie déjà là, d'arriver vers lui, que de réguler un qui apparaîtrait à leurs pieds. Et où l'allumer ?

 

Eloïse avait choisi l'endroit. Un endroit loin du monde, et surtout, loin des arbres. À cinq cent mètres. Personne ne sera mis en danger. À part eux. 

 

Ils se sont entraînés sur de nouveaux feux pour être prêts, même Illy a participé. Ils sont prêts. En tout cas c'est ce qu'ils se répètent depuis la veille. 

 

 

Un petit feu de bois a été allumé au milieu du champ. Il ne semble absolument pas nécessaire, vu qu'il fait déjà tellement chaud que des vapeurs de chaleur s'élèvent du sol mais il l'est pourtant.

 

Gabrielle sort de sa poche un petit sachet de tissu, qui tient dans sa main. De la poudre de cheminette. Elle regarde les autres, leur demande d'un regard s'ils sont prêts. Regard affirmatif. Elle jette la première poignée de poudre dans le feu. Une fumée verte s'en élève maintenant. Puis c'est tout. Ils attendent. 

 

Illy fait des mesures de la composition de l'atmosphère toutes les cinq minutes, au bout d'une demi-heure, c'est Charlie qui rajoute de la poudre au feu. Puis Eloïse trente minutes plus tard. 

 

Ils attendent encore un peu, en viennent à penser que les Feudeymons et la poudre de cheminette n'ont aucun lien entre eux. 

 

Mais le brasier s'élève soudain, et il n'y a plus de contestation possible.

 

 

Un Feudeymon gigantesque s'élève, un Feudeymon non pas invoqué par un sort, mais par la "pollution" de l'air. Tous reculent d'un transplanage vers l'arrière, et lèvent leur baguette pour viser l'origine du feu (excepté Illy qui lève sa main, prête à claquer des doigts comme elle le fait toujours pour utiliser sa magie).

 

Mais le point central, bien que visible, est bien plus insaisissable que ceux habituels : il bouge presque, et les autres flammes semblent le protéger. Sûrement à cause de la concentration en poudre de cheminette, bien plus importante qu'à l'ordinaire. 

 

Et l'incendie continuait d'avancer. Non, il n'était décidément pas habituel. Si inhabituel qu'ils sont tous hébétés. Si inhabituel qu'Illy, qui n'a pas l'habitude du combat contre le feu et aussi un cerveau qui marche plus vite que son corps, s'arrête un instant pour l'analyser mentalement. Un instant de trop. Les flammes sont sur elle. Elle a à peine le temps de s'en rendre compte qu'il est déjà trop tard.

 

 

Mais Charlie l'a vu avant, lui. Il se jette sur elle pour l'écarter du danger. Il aurait pu utiliser un sortilège, mais dans ce genre de cas, où il faut réagir avec le cœur plus qu'avec l'esprit, il s'est senti moins sorcier qu'humain. Et il a réagi comme tel. 

 

Et c'est efficace. Illy est hors de danger.

Et ça a un prix. Le feu dévore son bras gauche.

 

Illy a repris ses esprits, et réagit en conséquence.

Elle lui prend le bras et elle transplane. Ce faisant elle crie un dernier message :

 

"- Allez les filles ! Je l'emmène à Sainte-Mangouste et vous, vous vous occupez d'éteindre cette chose !"

 

 

Eloïse et Gabrielle n'acquiescent même pas, déjà trop occupées à réagir. Elles ne se regardent pas, omnubilées par le feu gigantesque. Feu qu'elles n'arrivent pas à éteindre. Surtout maintenant qu'elles ne sont que deux. Elle n'ont pas assez d'énergie magique pour ça.

 

Mais une seconde suffit. Une seconde, un regard. Un regard bien plus éloquent que des mots. Un regard qui balaye les alentours. Le feu s'est rapproché de la forêt. 

 

Voir Charlie blessé a rendu les deux filles pleines de colère. Surtout Gabrielle, qui le considère presque comme son grand frère.

Mais les arbres sont en danger. Et Eloïse enrage. Elle est en permanence connectée à eux tant elle a passé de temps à les observer, à les comprendre. Elle les a aidés, de toute ses forces.

 

Elle ferme les yeux un instant. Elle a confiance en Gabrielle qui la protège. 

Elle écoute les arbres, les sylves derrière elle. Ils paniquent, ils crient. 

Elle crie plus fort qu'eux.

Elle leur demande de l'aider. 

Pour eux, pour Gabrielle, pour elle.

Contre ce démon

qui brûle, qui brûlera tout si on ne l'arrête pas.

Pour une fois, qu'ils lui rendent ce qu'elle leur a donné. 

 

Au moment où Gabrielle allait céder, Eloïse sent une force prodigieuse grimper en elle. Une force qu'elle n'a ressenti qu'une fois, le jour où elle a rencontré les sylves pour le première fois. 

 

Une force suffisante pour éteindre le Feudeymon.

En elle, la force de cinq, de dix, de cent arbres qui lui la prête.

Une force que, seule, elle parvient à contrôler.

 

Au moment où Gabrielle s'évanouit près, trop près de flammes, un éclair bleu jaillit de sa baguette. Un éclair doté d'une vie propre, qui traverse les flammes pour atteindre leur origine.

 

Et là, tout s'arrête. 

Eloïse s'effondre à son tour, le sourire aux lèvres.

 

Le lendemain (panser les plaies de la Terre)

 

Toutes les fenêtres du manoir Rowle sont fermées en cet après-midi d'été.

D'abord pour conserver une fraîcheur relative à l'intérieur.

Et aussi parce que deux filles dorment là depuis le veille.

 

Gabrielle se réveille en sursaut. Le silence, l'obscurité, l'étonnent et l'apaisent en même temps. Le silence après le tumulte.

Elle vient de sortir d'un rêve, un rêve étrange où ils luttaient contre un Feudeymon gigantesque qu'ils avaient eux-mêmes allumé. Charlie perdait un bras, Illy et lui partaient, et Eloïse et elle étaient submergées par les flammes.

Un rêve ou une réalité ?

 

Elle se retourne sur son lit. Sur celui d'à côté, Eloïse semble encore dormir profondément.

 

Gabrielle s'extrait du fin drap qui la recouvre, et se lève, et atteint péniblement le couloir.

Elle se sent vidée, aussi bien magiquement que physiquement. 

Elle rejoint la cuisine, le lieu où ils se retrouvent toujours. 

Illy est là.

Illy est là !

 

"- Hum, hum...

 - Gabrielle ! Qu'est-ce tu fais debout ? Il faut que tu restes allongée si tu veux que tes blessures se soignent complètement !

 - Illy ? Tu peux me dire ce qui s'est passé ? Je...je ne m'en rappelle pas, ou alors je ne veux pas m'en rappeler, je ne sais pas. Où... où est Charlie ?

- OK Gab. Je vais tout t'expliquer."

 

Et Illy raconta à Gabrielle ce qui s'était passé après son évanouissement. Comment Eloïse avait éteint le feu à elle toute seule. Comment les soignants de Ste-Mangouste avaient été formidables et avaient tout de suite pris en charge Charlie qui ne perdra pas son bras, mais devra rester encore à l'hôpital quelques jours. 

Et puis comment elle avait interprété toutes les données qu'elle avait récoltées. Comment ils avaient bien eu raison, que c'était la poudre de cheminette la responsable des Feudeymons spontanés. 

 

Enfin, elle s'excusa amèrement de les avoir embarqués dans cette histoire qui leur avait coûté des blessures plus ou moins graves.

Gabrielle ne lui en voulait pas, aucun d'entre eux ne lui en voudrait d'ailleurs. Ils étaient un groupe et avaient pris la décision tous ensemble. Maintenant, à eux d'assumer les conséquences.

Elles sont dures, mais le GIEC se relèvera autant de fois qu'il le sera nécessaire.

 

Deux jours plus tard (et parfois du pire ressort le meilleur)

 

Illy, Eloïse et Gabrielle sortent de l'hôpital avec Charlie. Il peut enfin le quitter après trois jours de convalescence, le temps de vérifier que les maléfices causés par la brûlure du Feudeymon sur son bras avaient bel et bien disparu.

 

Maintenant qu'ils étaient au complet, ils pouvaient agir.

Non pas qu'ils n'avaient rien fait pendant ces trois jours. Illy avait rédigé un rapport scientifique en bonne et due forme sur le lien entre cheminette et Feudeymon. Gabrielle aussi avait essayé d'écrire un article, mais sans grand succès. Eloïse avait quant à elle eu une sorte de révélation : lorsqu'elle s'était connectée aux arbres pour éteindre l'incendie, une vision lui était venue. Sans doute un vieux souvenir réactive par l'adrénaline, mais elle avait l'intime certitude que l'arbre qu'elle avait entraperçu leur serait utile, voire essentiel pour leur combat.

 

Quant à Charlie, il avait reçu une lettre. Une lettre de Roumanie, qui l'avait beaucoup inquiétée.

 

"- Euh, les filles ? Ma collègue Horia vient de m'envoyer quelque chose. Elle aussi a un peu bossé sur le sujet des Feudeymons, mais plutôt du point de vue éleveuse de dragon. Et ce qu'elle a découvert n'est pas très réjouissant... Les Feudeymons dégagent une substance qui attire de manière irrésistible les dragons. Et ils ne peuvent pas ne pas la rejoindre. Ils brisent leurs chaînes s'ils sont attachés, traversent tout le pays s'il le faut. Ce type de feu est comme une sorte de drogue pour eux. Et comme la drogue, elle leur fait du mal : même les dragons sont brûlés par le Feudeymon. Si un jour j'envisage d'arrêter le combat rappelez-moi ça s'il vous plaît. Et ça te fait un élément de plus pour ton article Gab !".

 

Encore des petits sourires. Souvent, Gabrielle se disait que si les sourires produisaient de l'énergie, les Moldus auraient arrêté de polluer depuis longtemps. Et le petit groupe du GIEC aurait été là plus grande centrale énergétique au monde.

 

 

Les jours suivants furent laborieux, occupés. Chacun travaillait dans son coin, sur un sujet, et après une semaine comme ça, ils auraient une réunion pour tout mettre en commun et décider de la suite des choses après la découverte (d'autant plus que la fin de l'été approchait). Bientôt, tous reviendront à leur vie respective, et il fallait décider quoi faire de tout ce qu'ils avaient trouvé.

 

Gabrielle avait beaucoup hésité pour son article. En fait, elle avait peur de l'avis de ses amis, qu'ils la trouvent trop agressive, ou au contraire trop indulgente. Alors elle avait beaucoup lu, et avait un jour écrit d'un jet un article plus long que d'habitude, dans lequel elle avait tout écrit. Tout. Leurs expériences, leurs découvertes. Leurs peurs et leurs espoirs. Peur de l'avenir, espoir en l'humanité, espoir qu'elle devienne meilleure. 

 

Elle ne s'était pas encore décidée sur un seul point : devait-elle signer comme d'habitude GIEC, ou bien ajouter, pour la première fois leurs vrais noms. Ça représenterait la fin du GIEC, en tout cas, d'une époque. Mais Gabrielle avait déjà l'impression qu'une ère se terminait pour en ouvrir une autre. La découverte avait fracturé le fragile équilibre maintenu depuis deux ans. Maintenant, le GIEC se devait d'attaquer, et non plus de défendre. Faire front contre ses ennemis plutôt que de soigner les blessés. 

 

De toute façon, tout se déciderait à la réunion. Ce soir.

 

28 août 2004 (à l'aube d'une ère nouvelle)

 

Les visages sont graves. C'est assez rare pour être souligné et Gabrielle sourit malgré elle à cette idée : non, étonnamment, ici où l'ont parlait sans cesse de catastrophes, les tristesses étaient vite chassées. C'est ça l'amitié, la vraie. Mais elle se retend de nouveau, angoissée à l'idée d'entendre les réactions des autres. Mais elle avait le temps, elle présentera tout ça en dernière. Toujours le même ordre, Charlie pour introduire, Illy pour tout expliquer, Eloïse qui parlait des infos reçues des arbres, et Gabrielle qui modifiait son article du jour en fonction de leurs prises de parole.

Et elles arrivent justement. Charlie.

 

"- J'ai pas mal travaillé sur les dragons ces derniers jours. 

 - Très étonnant, ne peut s'empêcher de l'interrompre Eloïse. 

 - Très drôle. Bref, si je peux parler sans qu'une certaine jardinière me coupe la parole, je vais peut-être vous expliquer ce que j'ai trouvé ?"

 

La "jardinière" objecte qu'elle n'en est pas une mais une étudiante en magibotanique, mais sourit de toutes ses dents. Et écoute.

 

"- Bon, voilà. J'ai cherché un antidote pour les "désintoxiquer" car on a découvert qu'en plus de les rendre fous sur le moment, le Feudeymon affecté durablement les dragons qui ont été à son contact plusieurs fois. Ils deviennent très agressifs, et attaquent des animaux sans but précis, alors qu'ils ne chassent d'ordinaire que pour se nourrir. Et ils souffrent, ça se voit. Dans leurs yeux, leurs écailles, leurs griffes, leurs naseaux. Partout. Cette "drogue" fait un mal fou, à eux comme aux autres, mais ils continuent de la chercher désespérément. C'est très inquiétant, et je ne pense pas pouvoir parvenir à des solutions juste de manière théorique, sans tests. Horia a déjà commencé de son côté et je compte la rejoindre au plus vite pour l'aider dans ses recherches. Elle a obtenu des financements là-bas, parce que même les gens stupides qui se fichent de la souffrance des dragons se sentent concernés, étant donné que le nombre d'attaque a doublé depuis les premiers feux... Donc ça vous va si je pars ? L'été est bientôt fini, et je ne vous serais pas très utile ici..."

 

Lui répondent un tonnerre de "bien sûr", "pas de soucis" et puis des "vraiment ?", "c'est horrible" à propos des effets désastreux des Feudeymons sur les dragons. 

 

Illy prend à son tour la parole, serrant contre elle un dossier qui semblait faire mille pages, et qui n'en comptait que sept il y a quelques jours.

 

"- J'ai approfondi ce qu'on a trouvé l'autre jour, j'ai extrait tout ce que je pouvais de mes relevés. J'étais obligée, je suis la seule à ne pas avoir été blessée, je vous répète que je suis désolée et que tout est de ma faute pour ce fiasco . J'aurai dû prévoir ce qui s'est passé, vous de mieux vous préparer.

 - Certainement pas ta faute !

 - Sans toi, je n'aurais plus de bras, et je serais peut-être mort !

 - Et même si c'était le cas, tu crois vraiment qu'on t'en voudrait ?"

 

Illy essaie d'objecter, mais la ferveur de ses amis ne souffre aucune contestation. Alors elle continue.

 

"- Bon d'accord, ce n'est pas... uniquement...de ma faute. Il n'empêche que je devais tout exploiter au maximum, parce que si je veux présenter ça - elle montre son dossier - à d'autres scientifiques, il faut que je travaille plus que tout le monde, parce que je suis une elfe de maison, et que personne ne va me prendre au sérieux. Pourtant, ces découvertes sont primordiales ! Il est indubitable que c'est la poudre de cheminette, qu'elle soit utilisée pour le transport comme la communication, qui déclenche les feux. Ça va être compliqué de la faire interdire, parce qu'il y a des intérêts financiers derrière, mais on peut informer les gens, les prévenir que ce qu'ils font fait monter la température, provoque des Feudeymons, brûle des forêts, torture des dragons ! J'ai encore confiance en eux, les sorciers, malgré tout ce qu'ils ont fait aux elfes. Ils sont capables du pire, mais aussi du meilleur, enfin je l'espère. J'aimerais les aider dans les recherches. Je sais qu'avec l'appui d'autres scientifiques, je pourrais faire des merveilles... Voilà comment je vois l'avenir, pas très joyeux, mais si on fait quelque chose, il reste encore de l'espoir."

 

Illy secoue la tête, l'air pas forcément convaincue parce qu'elle disait.

 

"- C'est ce que m'a dit ma maîtresse avant de mourir. Toujours espérer. Elle parlait autant de la guerre, qui revient toujours, et de ce changement climatique. Elle était bien plus engagée que moi, au début, ça m'énervait, je ne comprenais pas, et je faisais ces recherches seulement pour commémorer sa mémoire, mais maintenant, j'ai compris. Je ferais tout, tout."

 

Gabrielle sent monter une émotion en elle ; jamais Illy ne s'était confiée comme ça à eux auparavant. Le temps passe, et elle stresse de plus en plus à l'idée de passer après eux. Même si ce n'est pas un concours ou si c'est le cas, ils sont tous dans la même équipe. 

 

Eloïse les regarde d'un air impatient ; c'est vrai que depuis le début de la réunion, elle a l'air de brûler de leur dire quelque chose.

 

"- C'est à moi de parler alors ? Bon, voilà, j'ai un truc incroyable à vous dire ! J'ai découvert un truc grâce aux sylves...

 - Très étonnant 

 - Hilarant Weasley, même pas assez d'humour pour faire des blagues tout seul sans voler celles des autres... Toujours est-il que ce que j'ai trouvé est une solution contrairement à vous, et pas un problème. J'ai passé un certain temps à essayer de me rappeler de ce que j'avais vu, j'ai lu beaucoup de livres pour essayer de savoir ce que c'est et j'ai finalement trouvé quelque chose aux archives de la bibliothèque magique de Londres, j'ai pu accéder à celles concernant la Botanique et j'ai trouvé...ça !"

 

Elle sort de son sac un livre assez épais doté d'une flamboyante couverture rouge.

 

"- C'est un recueil de la totalité des lois passées par le Ministère de la Magie entre le XVIIème et le XIXème siècle. Et dedans, j'ai trouvé un charmant décret de 1647, qui ordonnait à tout sorcier trouvant un Quercus purus aureus de le couper, puis de s'en débarrasser à l'aide d'un sortilège de Disparition, puis de brûler les alentours dans un périmètre de cinq mètres pour détruire tous les éventuels restes laissés au sol. Ah oui, c'est vrai, vous ne savez pas ce que c'est... Pardon. Tous les arbres du genre Quercus sont des chênes et ce chêne-là justement a disparu autour de ses années.

Pourquoi ont-ils ordonné ça me direz-vous ? Et bien à l'époque, des Langues-de-plomb ont remarqué que ces arbres "absorbent" en quelque sorte la magie, tous les sorts lancés à proximité d'eux sont beaucoup moins puissants. Et ça a justifié le génocide de ces arbres. Le terme génocide peut paraître fort, mais on connaissait déjà les sylves à ce moment-là, et les sorciers n'ont pas hésité à tuer des êtres vivants, avec lesquels ils peuvent dialoguer, juste pour protéger leur petite magie. Et le pire, c'est que la nouvelle s'est diffusée, et que des lois similaires ont été proclamées dans presque tous les pays du monde à cette époque. Et quand cela n'était pas fait, les habitants le faisaient d'eux-mêmes. J'ai vérifié, tout produit issu du Quercus purus fait partie de la liste des produits de contrebande magique et est par conséquent interdit et détruit.

Mais d'après les mêmes chercheurs de l'époque, jamais un Feudeymon n'a pu être allumé à proximité de ces arbres. Ils absorbent les braises comme la magie. C'est pour ça que je pense que replanter des Quercus purus pourra diminuer le nombre d'incendies, voire même arrêter totalement tous feux magiques. Mais pour ça, il faut en retrouver.

C'est ça que m'ont montré les sylves l'autre jour. Qu'il y en avait encore sur Terre. Je vais partir à leur recherche, je laisserai les sylves me guider, et je suis sûre que j'en retrouverai. Par de nombreux points, les arbres sont bien plus intelligents que les hommes, et je ne pense pas que ces chênes se soient laissés faire comme ça. Ça prendra sûrement du temps, mais je retrouverai le Quercus purus aureus. Il le faut. Et si je n'y arrive pas...bah, j'espère que vous aurez fait du bon travail. Hein Gab ?"

 

Gabrielle sursaute. Eloïse a fini. Elle était songeuse, emportée par l'espoir de son amie, par la colère qui perçait en elle quand elle parlait de la suppression des arbres. Est-ce qu'elle atteindrait son objectif ? Sûrement, une détermination pareille ne peut pas faillir. Non ? 

Quant à elle... Est-ce qu'elle a fait du assez bon travail ? Est-ce qu'elle en fera ? Toute la question est là. Et pour l'instant, il y a l'article. 

 

C'est maintenant qu'elle doit le présenter. Gabrielle se sent soudain aussi angoissée que le jour de ses examens finaux à Beauxbâtons. D'autant plus stressée que les personnes à qui elle va le présenter, elle ne voudrait pour rien au monde les décevoir. À près tout, qu'est-ce qu'elle faisait là, elle ? Elle n'était pas une grande scientifique, une botaniste novatrice, un éleveur de dragons passionné. Non, juste une petite Française qui aime écrire et se révolter. 

 

Mais tant pis, c'est maintenant. Gabrielle s'entend parler. Elle lit son article, comme ça sans préambule. Son article annoté de tout ce qu'elle a appris. 

Quand elle se tait, les autres se dévisagent un instant. Puis ils l'applaudissent doucement. Et enfin ils parlent. 

 

"- C'était pas un article comme ceux de d'habitude, c'est un vrai discours ! Je parie que tu vas tous les convaincre, Gab.

 - Oui, c'est presque de la politique ! On ferait un parti, du genre "Les sorciers pour la Terre" !

 - Et tu serais notre présidente !"

 

Gabrielle respire enfin, soulagée, rassurée par l'enthousiasme de ses amis. Même s'il reste un point à éclaircir.

 

"- Est-ce que vous pensez qu'on devrait mettre nos noms ? Ou je signe GIEC comme d'habitude ? Je ne sais pas... J'ai une intuition. On ne gagnera rien en restant dans l'anonymat total..."

 

C'est Illy qui lui répond avec son long sourire qui s'étend sur tout ton visage.

 

"- Peut-être pas tout, juste un indice pour qu'ils comprennent grosso modo qui on est dans qu'ils sachent par exemple qu'il y a une elfe de maison parmi nous, ça nous enlèverait toute crédibilité à leurs yeux. Je te laisse trouver un moyen, avec ton imagination, tu vas trouver, c'est sûr."

 

Sur ce, ils se séparent. Juste un moment d'espoir. Les incendies sont loin maintenant. 

Pour l'instant au moins.

 

31 août 2004 (quand les choses changent)

 

Quand les sorciers de Grande-Bretagne se réveillèrent ce matin-là, et qu'ils prirent leur Gazette du Sorcier pour la feuilleter comme tous les matins, ils ne savaient pas encore qu'ils s'apprêtaient à lire l'article fondateur d'une série d'événements divers et variés, allant de la création d'un Département de la Nature, de la Terre et de l'Écologie au Ministère de la Magie, de la réintroduction en Europe du chêne pur provoquant la diminution immédiate du nombre de Feudeymons spontanés, de la nomination officielle de la première elfe de maison à la prestigieuse Guilde des Scientifiques Sorciers pour ses travaux sur ces mêmes feux, et à la fondation d'une brigade anti-incendies magiques à l'initiative d'un des découvreurs du remède d'une maladie étrange qui toucha bien des dragons.

 

Non, ils ne le savaient pas encore, ils ouvrirent juste le quotidien à la première page, et s'arrêtèrent sur l'article â la une. 

 

J'ACCUSE

Je ne sais pas si vous connaissez Émile Zola, un célèbre auteur moldu de mon pays. En 1898, il fit paraître une lettre ouverte dans un journal, lettre dans laquelle il dénonçait les coupables d'une injustice criante envers un membre juif de l'armée française, accusé de trahison à cause de sa religion. Un article mythique. Le titre de cette lettre : J'accuse. 

Aujourd'hui, je me permet de reprendre ses mots, parce que j'accuse à mon tour. Mais pas seulement quelques personnes. Non, j'accuse beaucoup plus de monde. En fait, je NOUS accuse tous, tous autant que nous sommes. Je nous accuse d'allumer des incendies, puis de détourner le regard quand il faut les éteindre. Je nous accuse d'égoïsme, de stupidité et d'autres défauts qui pourraient être acceptables s'ils n'avaient pas aujourd'hui des conséquences épouvantables sur toutes les autres espèces. 

J'écris comme vous vous en doutez sûrement pour le compte du GIEC dont je suis membre. Je viens ici vous déposer nos résultats de cette année, résultats qui sont si clairs qu'il serait indécent de ne rien faire et de ne pas réagir. Oui, le GIEC est un groupe, nous sommes quatre et vous entendrez sûrement parler de nous dans les mois qui suivront. Enfin, toujours si ceux qui ont le pouvoir réagissent et font quelque chose contre ces Feudeymons. 

Oui, les Feudeymons spontanés, ceux qui brûlent les forêts de notre pays comme celles des autres, ceux qui se multiplient et qui vont continuer de se multiplier si on ne fait rien. Ceux que vous vous obstinez à ignorer depuis maintenant deux ans que nous vous prévenons. 

Mais maintenant, vous ne pouvez plus nous ignorer par ignorance justement, non maintenant, nous avons des preuves, des causes, des solutions, des coupables et même des alliés. Non, maintenant, vous ne pouvez plus détourner les yeux. 

Tout ça grâce à une poignée de gens. Grâce à une grande scientifique méconnue, qui, si vous acceptez de l'écouter et de l'entendre, vous expliquera que les Feudeymons spontanés se forment à cause de nous. De nous, et de notre consommation excessive de poudre de cheminette. Poudre de cheminette qui, en brûlant, libère dans l'atmosphère des particules, qui, en présence de magie, déclenchent les incendies et contribuent ainsi à la hausse de températures que nous observons depuis des années et qui est la cause des canicules que nous avons à affronter. 

C'est pourquoi il faut que nous faisions drastiquement notre consommation, au mieux que nous l'arrêtions totalement. Bien sûr, ces quelques lignes vont faire bondir ceux qui la produisent, mais s'ils ne connaissaient pas les risques, ils sont inconscients. Et s'ils les connaissent, ils sont criminels. Au moins j'ai la certitude qu'il y aura une réaction à cet article, même si être attaqués en justice n'était pas notre objectif. 

D'autant plus que les arbres ne sont pas les seules victimes de ce désastre écologique. Des éleveurs de dragons roumains et anglais ont prouvé qu'ils en souffrent également, et il est pratiquement certain que d'autres espèces magiques sont impactées. 

Même si les arbres sont également des espèces magiques. Tous. Et oui, on ne vous l'apprend pas sur les bancs de Poudlard mais chaque arbre abrite un esprit capable de penser, et même d'interagir avec certains sorciers. Les Grecs les nommaient dryades mais ils préfèrent être appelés sylves. Ce sont des êtres vivants à part entière et ils méritent d'être pris en considération. 

D'autant plus que même si vous n'êtes pas sensibles à eux, ils peuvent apporter l'une des solutions au problème auquel nous devons faire face. Et oui. Connaissez-vous le Quercus purus aureus ou chêne pur ? Un arbre jadis abondant dans nos forêts, et aujourd'hui dissimulé aux confins du monde après son extermination par les sorciers pour son effet de bloque-magie. Un arbre qui bloque également autre chose. Les Feudeymons. Oui, d'après les recherches historiques de l'une d'entre nous, cet arbre serait capable de freiner considérablement la propagation des feux. Voilà pourquoi nous recherchons actuellement cet arbre. 

En attendant que nous le trouvons, et même après cela d'ailleurs, je vous demande juste de pour une fois faire quelque chose. Ou plutôt justement de ne pas faire quelque chose. J'appelle au boycott de la poudre de cheminette. Vous verrez, les effets seront immédiats. Laissons un répit à la Terre qui nous a tant donné.

Et puis aidez-nous à porter des mesures pour protéger nos forêts, le nombre sera notre force. Et je ne m'adresse pas uniquement aux sorciers. 

Renversons ce système antropocentré qui place le sorcier au-dessus de toutes les autres plantes et créatures magiques. 

Si nous faisons quelque chose, peut-être ne fera-t-il pas 50 degrés à l'ombre dans dix ans. 

Réagissez. Vous avez un pouvoir.

G, I, E et C.

Note de fin de chapitre :

Déjà, merci beaucoup pour votre lecture, si vous avez un avis sur mon texte, n'hésitez pas à m'en faire part dans une review 

Merci à PititeCitrouille pour ce concours ❤️ sur un sujet qui me tient vraiment à cœur et lisez les autres textes quand ils arriveront, parce qu'on ne parle jamais assez d'écologie !

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