Chapitre deuxième : L'inconnue du passé
> Point de vue externe
Tom Elvis Jedusor était un jeune homme qui, de son être, se dégageait une certaine froideur malgré ses traits doux et fins lui donnant un air charismatique. Ce comportement froid, assez distant qu'il prenait à l'égard des autres lui donnait des airs à la fois détachés mais aussi supérieurs au reste du commun des mortels.
Il n'était pas rare de voir Tom se promener seul dans les couloirs de Poudlard. Étant préfet-en-chef, il avait de nombreuses responsabilités, comme veiller à la discipline des élèves aux niveaux inférieurs au sien mais également de faire en sorte que ces mêmes élèves se sentent en sécurité à l'intérieur de l'enceinte du château. C'étaient des tâches qu'il ne prenait pas particulièrement plaisir à effectuer, notamment parce qu'à ses yeux, il avait tellement mieux à faire que de surveiller une bande de bambins. En contrepartie, il avait des avantages non négligeables, comme participer à certaines décisions importantes impliquant le bon fonctionnement de l'école, mais aussi il possédait sa propre chambre de préfet-en-chef située dans un coin reculé du château, dans un ancien dortoir abandonné près des cachots.
Près d'une demie-heure auparavant, Tom s'était réveillé en sursaut après avoir fait ce même rêve qu'il faisait depuis quelques mois déjà. Ce rêve dans lequel une jeune femme disparaissait devant ses yeux, sous des rires déments qui glaceraient le sang à n'importe quel Moldu ; plutôt dire que c'était un cauchemar. À chaque fois, un sentiment indescriptible le saisissait, lui donnant l'impression que ce rêve était beaucoup plus important qu'il n'y paraissait aux premiers abords. Pourtant, il y faisait toujours abstraction après avoir retrouvé ses esprits, suite à sa balade nocturne quotidienne pour se changer les idées et ainsi chasser le souvenir de ce rêve.
Une faible lumière filtrait par les rares fenêtres de l'escalier menant aux cachots, annonçant l'aube naissante. Comme à son habitude, Tom venait de terminer sa balade et redescendait vers son dortoir, les pensées qui le torturaient un peu plus tôt étant à présent chassées de son esprit.
Il descendait les escaliers d'un pas las, la fatigue le prenant peu à peu lorsqu'il entendit un souffle saccadé provenant vers la droite, à l'autre bout du couloir. Sans plus attendre, Tom sortit sa baguette magique d'un pan de sa robe de sorcier avant de se diriger, les sens aux aguets, vers l'entrée d'une salle de classe dont la porte était close, verrouillée.
— Alohomora, murmura-t-il.
La porte s'ouvrit dans un faible déclic et Tom entra dans la pièce plongée dans la noirceur absolue.
— Lumos !
À l'extrémité de sa baguette apparut un halo de lumière vive et Tom continua de s'avancer, prenant soin de vérifier où il posait ses pieds. Le souffle qu'il avait entendu plus tôt semblait s'être intensifié. Tom approchait de ce qu'il ignorait de ce que c'était, de l'inconnu qui lui faisait face dans le noir. Malgré cela, Tom n'avait pas peur ; il n'avait jamais peur.
Soudain, sa chaussure entra en contact avec une surface molle. Tom abaissa sa baguette en même temps que son regard et vit ce qui lui semblait être une touffe de cheveux bruns emmêlés. Il se pencha. Au-dessous de lui se trouvait une jeune femme portant des vêtements étranges, déchirés par endroit et sales. Les yeux clos, elle respirait fortement comme si elle peinait à trouver son souffle, comme si elle mourrait à petit feu. De temps à autre, de petits sifflements s'échappaient de son souffle, de même qu'elle était parfois prise de faibles soubresauts, couvrant ainsi son corps de spasmes.
— Qui es-tu ? demanda-t-il, sachant qu'il y avait peu de chance qu'il reçoive une réponse de la jeune femme à moitié inconsciente.
Effectivement, elle ne répondit pas, sans doute incapable d'émettre le moindre son mis à part son souffle saccadé.
Alors que Tom se releva, son regard se posa sur une chaîne en or que la jeune femme tenait fermement entre ses doigts. Il se pencha et vint prendre l'objet, non sans une légère difficulté à tel point la main de la jeune femme était repliée en un poing serré. Une fois l'objet entre ses propres doigts, il ne lui fallut à peine une seconde pour comprendre ce que c'était. Un retourneur de temps.
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— ...vous avez bien fait de l'amener à l'infirmerie, je vous en félicite, dit Armando Dippet en faisant les cent pas derrière son bureau alors que Tom se tenait devant lui, les mains jointes dans son dos.
Tom écoutait sans grand intérêt les paroles de Dippet qui continuait à se frotter le front tout en faisant des allers et retours derrière son bureau beaucoup trop grand pour lui. Étant le directeur de Poudlard, Armando Dippet n'avait pas la prestance de ce que Jedusor considérait comme un homme de pouvoir. Mis à part que Dippet avec une taille plus petite que la moyenne, il présentait couramment des signes de nervosité. D'ailleurs, une rumeur circulait dans les couloirs de Poudlard, prétendant que Dippet passait tellement de temps à se faire du souci que c'était pour cela que son front était dégarni. Apparemment, à en croire les ragots, Dippet s'était lui-même arraché les cheveux, provoquant ainsi une calvitie précoce.
— Oui, vous avez vraiment…
— Monsieur ? le coupa Tom calmement alors que Dippet sursauta en entendant la voix de son interlocuteur.
Dippet se tourna vers Tom, non sans se frotter le front à nouveau. Tom n'attendit pas la moindre réponse et poursuivit.
— Je me demandais, lança-t-il d'un ton calculé, ce qu'il adviendra de l'inconnue.
Dippet souffla, comme s'il avait retenu sa respiration pendant tout le temps où Tom avait pris la parole.
— Eh bien, commença-t-il. Il est vrai qu'on ne sait rien de cette jeune demoiselle et selon le professeur Dumbledore, il est préférable de l'interroger quelques jours après quand elle se réveillera. Afin qu'elle n'ait pas de choc post-traumatique, voyez-vous, ajouta précipitamment Dippet.
Tom ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en coin qui ressemblait davantage à un rictus. Dippet ne pouvait faire un pas sans demander l'avis d'Albus Dumbledore, le professeur de métamorphose de Poudlard ; probablement le seul homme que Tom tenait en respect, d'ailleurs.
— ...et je me disais que peut-être que vous pourriez lui tenir compagnie. Je veux dire, puisque vous êtes préfet-en-chef, je me disais que vous pourriez peut-être lui faire visiter le château, l'intégrer auprès des autres élèves ; enfin, vous voyez, ce genre de choses.
Dippet s'assit derrière son bureau, puis commença à ranger les parchemins se trouvant sur la surface du meuble.
Tom hocha la tête, approuvant ce que le directeur venait de lui demander.
— Oui, monsieur.
Ce fut tout ce qu'il dit avant de quitter le bureau de Dippet, alors que celui-ci ne se préoccupa aucunement de son départ.
Tom retourna à sa chambre préfectorale, non sans être plongé dans ses pensées à nouveau. Ce sentiment d'intrigue qu'il ressentait face à cette inconnue l'agaçait, mais encore plus le fait qu'elle reflétait une part de mystère dont il n'avait que peu l'habitude étant donné que Tom parvenait toujours à trouver des réponses à ses questions sur le moment. Il prit cela comme un nouveau défi, une distraction pouvant le tirer ne serait-ce que quelques temps de son quotidien. Après tout, ce que Tom voulait, il l'obtenait inévitablement. Et connaître la raison pour laquelle cette jeune femme se trouvait dans cette salle de classe avec, en plus, un retourneur de temps, faisait maintenant parti de ses nouvelles priorités. Oui, il était bien déterminé à découvrir la vraie nature de cette inconnue. Ce que Tom ne savait pas encore, c'était qu'il ne sera pas au bout de ses surprises.