La jolie sorcière aux cheveux bouclés se tourna vers le jeune homme qui lui faisait face. Il y avait des larmes dans ses yeux, mais elle n’avait plus le choix. Il fallait qu’elle le fasse. Ce n’était plus possible.
- Drago, je suppose que tu as compris pourquoi j’étais là…
Il secoua la tête.
- Non, Hermione, je t’en supplie, ne me dis pas cela…
- C’est fini, Drago. Toi et moi, c’est fini !
Les mains du jeune homme se crispèrent sur sa robe de sorcier. C’est d’une voix mal assurée qu’il reprit la parole :
Ne me quitte pas,
Il faut oublier
Tout peut s’oublier :
Qui s’enfuit déjà,
Oublié le temps
Des malentendus,
Et le temps perdu
A savoir comment…
Oubliée ces heures
Qui tuaient parfois
Le temps du bonheur
A coup de pourquoi…
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas, répétait-il d’une voix suppliante, comme si sa litanie avait pu changer leur destin à tous les deux.
Hermione releva la tête vers lui. Elle était en larmes. Elle soupira :
- Le bonheur, il est derrière nous, Drago. Nous ne le rattraperons jamais.
- C’est faux ! s’écria-t-il. Tout est encore possible. Je refuse de perdre espoir.
- Drago, je t’en prie, sois réaliste… Ne me rends pas les choses encore plus difficiles. Notre amour est condamné.
- Non ! répliqua-t-il. C’est nous deux qui sommes condamnés, si tu m’abandonnes…
Ne me quitte pas.
Je t’inventerais
Des mots insensés
Que tu comprendras.
Je te parlerais
De ces amants là
Qui ont vu deux fois
Leurs cœurs s’embraser.
Je te raconterai
L’histoire d’un roi, mort,
De n’avoir pas, l’amour rencontré…
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Son visage était baigné de pleurs. Il poursuivit :
- Si tu me quittes, je ne survivrais pas, Hermione…
- J’ai choisi mon camp, Drago. Et toi aussi, malheureusement…
- Tu ne crois tout de même pas cela sérieusement !
- Tu étais prêt à tuer Dumbledore, si Rogue ne l’avait pas fait à ta place ! Pensais-tu vraiment que toi et moi nous pourrions continuer à nous voir en secret, comme nous le faisions depuis deux ans, après ça !
- Je ne l’aurais jamais fait, Hermione ! Essaye de comprendre, s’il te plaît… Je n’avais pas le choix.
- On a toujours le choix !
- Tu aurais préféré que ce soit moi, qui meure ?
Hermione ravala ses larmes.
- N’essaye pas de m’attendrir. Je ne t’aime plus. Je ne peux plus t’aimer.
Drago fit quelques pas dans sa direction.
- On a vu souvent
Rejaillir le feu
D’un ancien volcan
Qu’on croyait trop vieux.
Il est, paraît-il,
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu’un meilleur avril…
Il était tout contre elle à présent. Il tenta de prendre une de ses mains dans les siennes, mais elle recula vivement, comme si ce contact l’avait brûlée. Il se laissa tomber à ses pieds.
- Moi je t’offrirai
Des perles de pluie
Venues des pays
Où il ne pleut pas.
Je creuserais la terre
Jusqu’après ma mort
Pour couvrir ton corps
D’or et de lumière…
Hermione se laissa tomber à terre, submergée par la douleur. Cette fois, elle ne résista pas quand Drago lui prit la main.
- Je ferai un domaine
Où l’Amour sera Roi,
Où l’Amour sera Loi,
Où je serai Reine… murmura-t-il.
Cette dernière phrase arracha un sourire triste à Hermione. Ils étaient tous deux agenouillés sur le sol de pierre froide. D’une main tremblante, il ôta les cheveux trempés de larmes, qui pendaient devant les yeux de la jeune fille.
- Le Bien, le Mal… ce ne sont que des mots… Seul notre Amour est réel, ma chérie. Tu ne peux pas m’abandonner… Sans toi je n’existe pas.
Elle secoua la tête.
- Comment peux-tu dire cela ? Le Bien et le Mal sont bien réels ! Et ils rendent notre Amour impossible !...
Elle se releva, ressentant le besoin urgent de s’éloigner le plus possible de lui.
- Je crois que je l’ai toujours su, ajouta-t-elle. Mais je refusais de l’admettre. Toi et moi, c’est tout simplement impossible ! Tu ne crois en rien de ce en quoi je crois ! Après la mort de Cédric, j’ai pensé… oh ! je me suis trompée, soupira-t-elle.
La mort de Cédric, à l’issue du tournoi des Trois Sorciers… C’est ce jour-là qu’ils avaient commencé à sortir ensemble. Parce que Hermione avait cru voir, dans les yeux de Drago, qu’il ne soutenait pas les Mangemorts, que comme elle, il était glacé d’horreur par l’affreux meurtre qui venait d’être commis. Alors elle lui avait accordé sa confiance… et son amour. Pour lui, elle avait appris à transplaner, de façon tout à fait illégale, puisqu’elle n’était pas majeure, et ils avaient pris l’habitude de se retrouver ici, dans la Chapelle du Manoir des Malefoy. Leurs rendez-vous étaient restés secrets ; elle ne pouvait rien dire, même à Harry et Ron. Si les parents de Drago l’avaient appris, son amour pour une « Sang-de-Bourbe » lui aurait probablement coûté la vie.
- Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, sanglotait-il. Enfin, mon Amour ! s’écria-t-il. Je suis du même côté que toi, je l’ai toujours été. Tu le sais ! Je sais que tu le sais !
Hermione secoua la tête sans répondre.
- Ecoute moi, s’il te plaît. Dumbledore savait très bien ce que je préparais, d’accord ? Et il savait aussi que je ne l’aurais jamais tué… Mais je devais garder ma couverture le plus longtemps possible, tu comprends ?
- Mais pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Toute l’année, tu m’as fuit, tu as évité toutes mes questions… A l’époque, je n’aurais demandé qu’à te croire, mais maintenant, ce n’est plus possible…
Drago avait esquissé un geste pour la prendre dans ses bras, mais au dernier moment, il recula.
- Très bien, murmura-t-il.
Je ne vais pas pleurer
Je ne vais plus parler.
Je resterai là
A te regarder,
Et à t’écouter
Chanter et puis rire.
- Comme s’il était possible que je rie à nouveau ! hurla Hermione. Tu crois peut-être que moi je peux vivre sans toi ?!
Drago posa ses deux mains sur les épaules d’Hermione et la regarda droit dans les yeux, si intensément, que c’en était presque insupportable. Elle se dégagea de son étreinte en criant :
- Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne peux plus vivre avec toi !...
Drago sécha les larmes qui coulaient sur ses joues d’un geste rageur.
- Tu ne pourras pas m’empêcher d’être à tes côtés ! Même si tu ne veux plus de moi. Dans ce cas, je préfère mourir pour te prouver que je t’aime, que je n’ai jamais cessé de t’aimer !
Il déglutit avec peine. Hermione le fixait sans comprendre.
- Tu as raison, Hermione, notre amour est maudit. Aussi il va causer ma mort, mais pas notre séparation : je ne cesserai jamais de t’aimer.
Laisse moi devenir
L’ombre de ton ombre
L’ombre de ta main
Je ne dirai plus rien mais je ne te quitterai pas…
Tout en parlant, il s’était rapproché de l’autel, sur lequel était posé un petit poignard, qui servait aux sacrifices. Il le saisit d’une main qui ne tremblait pas et l’appuya contre son cœur. Hermione, comprenant enfin où il voulait en venir, se précipita en hurlant :
- DRAGO, NON !
Elle lui arracha l’arme des mains. Drago la serra contre lui de toutes ses forces. Elle enfouit son visage contre sa poitrine, elle pouvait à peine parler, tant les sanglots qui la secouaient étaient violents. Cependant, Drago réussit à comprendre :
Ne me quitte pas,
Ne me quitte pas…
Drago déposa un baiser enfiévré sur son front.
- Non, Hermione, je ne veux pas te quitter. Mais tu as raison, ce n’est plus possible pour nous deux… Si je meurs, je deviendrais un fantôme, car la force de notre amour m’attachera à la terre. Et je pourrais veiller sur toi, pour l’éternité…
Les ongles de sa compagne s’enfoncèrent dans son avant-bras.
- C’est hors de question. Je ne veux pas que tu meures… Je t’aime, Drago Malefoy, chuchota-t-elle.
Leurs lèvres se rejoignirent pour un long baiser passionné, avant qu’il ne réponde :
- Moi aussi je t’aime, Hermione Granger.
Alors qu’ils s’embrassaient à nouveau, la porte de la petite chapelle privée s’ouvrit violemment. Les deux amants sursautèrent mais restèrent collés l’un à l’autre. Dans l’embrasure de la porte se dessinaient deux silhouettes menaçantes. Hermione ne comprit pas immédiatement, mais Drago les avait tout de suite identifiées. Lucius Malefoy et Bellatrix Lestrange. Celle-ci s’écria :
- J’en étais sûre ! Je te l’avais bien dit ! Ton fils est un traître !
Drago avait fait passer Hermione derrière lui et la protégeait de son corps. Mais ce n’était pas après elle qu’en avait Bellatrix, du moins dans l’immédiat. Elle tendit sa baguette à Lucius en réprimant un rire
malsain :
- C’est à toi de le faire, je crois…
Lucius n’hésita qu’une fraction de seconde :
- Avada Kedavra !
Un éclair de lumière verte jaillit de la baguette, et le jeune homme s’effondra. Hermione hurla. Ce n’était pas possible. Ce n’était pas vrai. Elle se laissa tomber à côté de Drago, prenant sa tête sur ses genoux.
- Drago, je t’en prie, ne sois pas mort, s’il te plaît ! Ne me laisse pas ! Drago ! Je t’aime, ne me quitte pas !!!
Cependant, c’était un cadavre qu’elle étreignait. Les couleurs de la vie avaient déjà quitté les joues cireuses du jeune homme. Hermione releva la tête. Bellatrix avait récupéré sa baguette et avançait vers elle, un rictus de démente sur le visage.
Sans même réfléchir, Hermione transplana. Instantanément, elle se retrouva dans sa chambre, chez ses parents, au premier étage d’une petite maison de la banlieue de Londres. Tout était calme, silencieux. Rien de tout cela ne semblait réel. Hermione s’effondra sur son lit, submergée par le chagrin.
- Chut, Hermione, je suis là…
Elle se redressa vivement. Drago se tenait debout, à quelques pas d’elle. Certes, c’était un Drago transparent et vaporeux, fait d’ombres et de souvenirs, mais c’était tout de même Drago. Hermione ravala ses larmes et sourit au fantôme. Elle tendit la main vers lui, s’attendant presque à pouvoir le toucher…
Note de chapitre:
C'est une songfic donc je me suis laissée porter par la musique en revenant sur mon motif favori : le couple impossible et sublime formé par Drago et Hermione
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