Cette petite histoire fait suite à Mon sorcier Bien-aimé, mais je pense qu'on peut la lire toute seule. Sachez cependant que cet épisode met en scène les enfants de Harry et Ginny, et leurs nombreux cousins. Je vous livre un petit récapitulatif de la famille, pour que vous ne soyez pas trop perdus.
Lily Potter, 6ème année Gryffondor : 16 ans
James Potter, 4ème année Poufsouffle, 14 ans
Sirius Potter, 3ème année Serdaigle, 13 ans
Samantha Potter, 1ème année Serpentard, 11 ans
Les Weasley-Delacour : Arthur (Gryffondor) et Charles (Serdaigle) - ont terminé leurs études -, Paul (Gryfondor - 6ème année) et Simon (Poufsouffle - 2ème année)
Les Weasley-Deauclair : Ulysse (Gryffondor – 7ème année) et Hector (Serdaigle – 5ème année)
Les Weasley-Granger : Gédéon (Gyffondor – 5ème année) et Ivan (Gryffondor – 3ème année) et Cyblèle (Serdaigle – 1ère année)
Duncan Stratford, 4ème année Serpentard, 14 ans
Les enfants de Fred et George n'ont pas encore intégré Poudlard
Annonce : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.
Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera
"Serpentard !"
La proclamation du Choixpeau frappa la Grande Salle de stupeur. C'est dans un silence incrédule que la jeune Samantha Potter posa le Choixpeau sur le tabouret et marcha résolument, la tête haute, vers la table des vert et argent.
Elle n'était pas très grande pour ses onze ans. Ni très épaisse, d'ailleurs. Elle avait la chevelure noire de jais des Potter, les yeux émeraude des Evans et les taches de rousseur des Weasley. C'est sans un regard pour ses frères et sœur, ni pour ses nombreux cousins roux, qu'elle traversa le réfectoire et s'assit aux côtés de ses nouveaux camarades. Ces derniers étaient tellement stupéfaits qu'ils ne l'applaudirent même pas pour lui souhaiter la bienvenue. Au moins, ils ne me sifflent pas, pensa Samantha, pour se donner du courage.
Ils se contentèrent de la dévisager. Serrant les dents, elle leur rendit crânement leur regard. L'un après l'autre, ils se détournèrent et reportèrent leur attention sur la cérémonie qui avait repris. Un seul lui retourna un sourire. Elle le connaissait assez bien. Il s'appelait Duncan Stratford et c’était le fils d'un collègue de son père. Ils se voyaient très régulièrement car leurs parents se fréquentaient. Il était en quatrième année, comme son frère James Potter, avec qui il était très ami.
James… qui devait lui aussi la regarder de la table des Poufsouffles, tout comme Lily qui entamait sa sixième année chez les Gryffondors et Sirius, depuis trois ans chez les Serdaigles. Samantha se rendit compte qu'elle s'était installée le dos aux autres tables. Elle songea un instant à se retourner, pour tenter de les apercevoir, mais elle renonça. Elle devait prouver à tous qu'elle ne regrettait pas son choix et qu'elle n'avait pas besoin de rechercher l'approbation de ses aînés. Le Choixpeau le lui avait dit : ce serait à elle de faire accepter sa décision.
Il lui avait aussi affirmé que ses parents comprendraient. Elle sentit son estomac se contracter. Elle n'en était pas si sûre, maintenant, et elle craignait leur réaction. Certes, son père appréciait le père de Duncan, bien qu'il soit un ancien Serpentard, mais quand il évoquait ses années à Poudlard, il n'avait pas de mots assez méprisants pour parler de ceux qui appartenaient à cette maison.
Le seul nom de Drago Malefoy faisait durcir son regard, même si l'épouse de ce dernier était une amie de sa mère, et que Kat Malefoy venait régulièrement leur rendre visite, sans son mari mais avec ses deux fils, Tibère et Néron. Samantha appréciait beaucoup ces derniers, bien qu'ils soient un peu plus jeunes qu'elle.
La suite de la soirée fut perdue pour Samantha. Elle ne retint rien du discours de la directrice McGonagall, ni du délicieux repas qui suivit. Toujours dans le brouillard, elle suivit les préfets de cinquième année qui leur indiquèrent le mot de passe pour accéder à la salle commune située dans les cachots. Elle monta docilement dans son dortoir. Ses nouvelles compagnes de chambre, fatiguées par la longue journée, rejoignirent rapidement leur lit.
Dès qu'elle fut certaine qu'elles étaient bien endormies, Samantha griffonna un mot pour ses parents. Elle ne voulait pas qu'ils apprennent la nouvelle d'une autre source qu'elle. Elle ouvrit la fenêtre, qui donnait sur les douves du château, et se servit de son sifflet magique pour appeler Prométhée, le hibou qui lui avait été offert pour fêter son entrée à Poudlard.
Quand elle se coucha à son tour, Samantha se remémora le message qu'elle avait envoyé : Cher papa, chère maman, Le voyage s'est bien passé et je suis bien arrivée à Poudlard. J'ai été répartie à Serpentard. Je vous embrasse. Sam. C'était sobre et clair. Elle ne pouvait pas faire mieux. Elle pensait qu'elle aurait du mal à s'endormir, mais elle sombra très vite dans un sommeil réparateur.
Elle fut éveillée le lendemain par ses compagnes de chambre qui papotaient en s'habillant. Elle les écouta se présenter les unes après les autres. Elle fut étonnée d'apprendre que seulement deux d'entre elles avaient leurs deux parents issus de Serpentard. La troisième avait un père Serpentard mais une mère Poufsouffle. Quant à la quatrième, ses parents étaient tous deux de Serdaigle. Samantha songea à Duncan Stratford dont la mère était moldue. Elle se dit que le Choixpeau savait peut-être de quoi il parlait en lui affirmant qu'elle serait plus à sa place qu'elle ne l'imaginait dans cette maison.
Elle écarta les rideaux qui entouraient son lit.
"Bonjour", dit-elle à la cantonade.
Les quatre jeunes filles la fixaient du regard, mais elles semblaient plus curieuses que désapprobatrices.
"Je m'appelle Samantha Potter, se présenta-t-elle à son tour. Mes parents étaient Gryffondor et j'ai une sœur qui l'est aussi. J'ai aussi deux frères. L'un est à Poufsouffle et l'autre à Serdaigle.
- Tu es la fille de Harry Potter ?" lui demanda timidement une des filles.
Cette question n'étonna pas Samantha. Lily l'avait prévenue. Ils demandaient toujours ça.
"Oui, répondit-elle. Il est Auror, ajouta-t-elle pour bien montrer qu'elle ne se prévalait pas des exploits les plus connus de son père.
- C'est marrant que toi, tes frères et ta sœur soyez tous dans des maisons différentes, remarqua une autre.
- C'est comme ça", répondit brièvement Samantha, comme si sa répartition était des plus banales.
Elle se détourna et s'habilla rapidement. Les cinq filles descendirent ensemble dans la salle commune. Des élèves plus âgés leur indiquèrent le chemin de la Grande Salle.
Cette fois, Samantha prit soin de s'installer face aux autres tables. Elle n'eut pas à chercher longtemps le reste de sa famille : Lily se dirigeait vers elle, récupérant James et Sirius au passage.
"Bonjour petite sœur, tout se passe bien ? demanda Lily.
- Je te conseille la gelée de citrouille, elle est aussi bonne que celle de grand-mère, lui indiqua James, souriant.
- La course aux points va être intéressante cette année, fit malicieusement remarquer Sirius.
- Et encore, Sam ne fera pas partie de l'équipe de Quidditch, répondit James.
- Qu'en sais-tu ? Papa y est entré en première année, lui opposa son frère.
- Il n'y a aucun poste de libre, coupa Lily. J'ai vérifié.
- Elle est encore vexée qu'on lui ait soufflé la coupe l'année dernière, fit James en faisant un clin d'œil à Samantha.
- Cette année, t'as intérêt à t'accrocher à ton balai, Potter, lui rétorqua sa sœur aînée.
- Tu rêves, si tu crois que tu vas la récupérer, Potter, lui répondit le Poufsouffle.
- Je suis sûr que c'est nous qui l'obtiendrons, prétendit le Serdaigle.
- On verra bien qui est le meilleur, Potter", dirent à l'unisson les trois joueurs de Quidditch, avant d'éclater de rire, entraînant leur benjamine dans leur bonne humeur.
La petite réunion familiale ne passait pas inaperçue et le message était clair : Samantha était incluse dans la solidarité mâtinée de compétition, qui caractérisait les relations de la fratrie.
"Bon, c'est pas qu'on s'ennuie, mais je n'ai pas l'intention de faire perdre des points aux Gryffondors en arrivant en retard en cours ce matin, déclara Lily. On se revoit plus tard, conclut-elle s'éloignant.
- Elle doit avoir une idée beaucoup plus intéressante qu'un simple retard pour faire perdre des points à sa maison, supposa James avec un petit rire.
- Tant mieux pour nous, commenta Sirius. A tout à l'heure, Sam", lança-t-il avant de que les deux garçons ne retournent auprès de leurs camarades.
Le cœur tout réchauffé par la visite, Samantha se servit copieusement de céréales et d'œufs brouillés. Elle entendit cependant un de ses camarades maugréer : "Toujours à faire leurs intéressants, ces Potter". Mais elle n'eut pas le temps de s'en offusquer, car c'était l'heure du courrier et son cœur fit un bond en pensant que ses parents lui avaient sans doute répondu.
Quand Prométhée se posa devant elle, elle récupéra d'une main tremblante la lettre qu'il lui tendait. Mais ses inquiétudes étaient sans fondement. Ses parents la félicitaient pour son entrée à Poudlard et l'assuraient qu'ils lui faisaient confiance pour réussir, quelle que soit sa maison. Dans un post-scriptum son père ajoutait que le Choixpeau lui avait, à lui aussi, proposé Serpentard, trente ans auparavant. Elle se demanda si c'était vrai. Son père était tellement… Gryffondor ! Enfin, c'était gentil à lui de chercher à la rassurer.
Le sourire aux lèvres, elle fit largement honneur au petit-déjeuner.
Le premier cours fut moins idyllique. Le professeur Rogue ne s'était pas bonifié avec le temps. Son aversion pour les Potter était devenue une tradition profondément ancrée dans la légende poudlardienne, au même titre que les farces et attrapes des Sorciers Facétieux ou le tartan à dominante rouge que la directrice arborait à chaque match de Quidditch.
Dès qu'elle prit place dans l'humide salle de classe, Samantha sentit sur elle le regard brûlant du maître des potions. Elle se remémora les conseils de Lily et des autres. Feindre l'indifférence et rester stoïque face à l'inévitable perte de points qui solderait tous les cours se tenant dans les cachots. Samantha se demanda si ce serait la haine du Potter ou la volonté de voir triompher la maison de Salazar qui l'emporterait chez l'intransigeant personnage. Elle était assez lucide pour savoir que de toute façon, le professeur ne l'épargnerait pas.
Conformément à son attente, il ouvrit les hostilités dès que le dernier élève fut assis :
"Mais quel honneur ! L'ultime Potter assiste à notre cours. Saurons-nous en être digne ? demanda-t-il la voix dégoulinante d'ironie. Eh bien, Potter, voyons votre niveau. Quand vous avez des furoncles, quels ingrédients vous faut-il pour tenter de recouvrer figure humaine ? "
Samantha entendit quelques rires étouffés. Il lui sembla bien qu'ils provenaient autant de sa propre maison que des Gryffondors qui partageaient le cours. Elle se carra sur sa chaise et répondit, remerciant silencieusement Lily de l'avoir obligée à apprendre par cœur son livre de potions de première année "pour l'honneur de la famille" :
" Je prendrais des orties séchées, des crochets de serpent écrasés, des limaces cornues et, une fois le chaudron hors du feu, j'ajouterais des épines de porc-épic", récita-t-elle de sa voix la plus neutre.
Le visage du professeur resta impassible. Il observa quelques secondes de silence, balançant sans doute entre la tentation d'accorder des points à sa maison et la répugnance à féliciter une Potter. Samantha attendait le verdict avec intérêt, comprenant que le désagréable bonhomme était en train de définir sa ligne de conduite pour les sept années à venir.
Finalement, il lâcha :
"Vous pensez sans doute impressionner vos camarades en jouant au singe savant. Cela ne vous empêchera pas de vous retrouver en retenue si j'ai à me plaindre de vous, Potter !"
Puis il se détourna et commença le cours sans plus lui accorder la moindre attention. Samantha se le tint pour dit : elle ne ferait pas gagner de points à sa maison pendant ce cours, mais elle n'en ferait pas perdre non plus. Par contre, elle pouvait d'ores et déjà commander des litres de Nettoie-Tout de la mère Grattesec.
Les chaudrons allaient briller désormais.
La semaine passa sans incident notable. Samantha s'habituait à sa nouvelle vie. A la suite de ses frères et de sa sœur, ses cousins étaient venus lui parler.
Tout d'abord Cybèle, bien sûr, la fille de l'oncle Ron et de la tante Hermione. Elle était également en première année. Les deux fillettes avaient toujours été très complices et elles se mirent en équipe dès le premier cours que les Serpentards et les Serdaigles partagèrent. Ses frères Gédéon et Ivan ne tardèrent pas à venir l'embrasser lors d'une récréation.
Paul et Simon Weasley-Delacour ne manquaient pas de la saluer gentiment quand elle les croisait dans les couloirs. Il faut dire qu'un de leurs frères avait inauguré l'échappée des Weasley hors du bastion de Gryffondor en intégrant Serdaigle, quelques huit ans auparavant.
Même Ulysse et Hector Weasley-Deauclair avaient admis la connaître quand ils s'étaient croisés dans la Grande Salle. Bon, on ne peut pas dire qu'ils avaient débordé de chaleur et de tendresse, mais l'oncle Percy n'était pas très expansif non plus. Sans compter que l'insigne de préfet en chef d'Ulysse semblait lui être monté à la tête, mais il était vrai qu'assumer cette haute fonction dans la maison où sévissait la terrible Lily était susceptible de constiper n'importe qui.
Samantha savait cependant que certains restaient choqués de son attribution. Dans les couloirs et dans la Grande Salle, on la montrait du doigt et des chuchotements sonores la désignaient comme "la Potter de Serpentard". D'autres semblaient la plaindre.
L'appellation légèrement méprisante des premiers la remplissait de fierté et elle traitait la pitié mal placée des seconds par le mépris. Car même si la voie qu'elle avait suivie n'était pas la plus facile, son attribution la comblait.
Elle avait d'innombrables fois maudit le destin qui l'avait fait naître en dernière position. Sa mère avait beau lui répéter qu'avec les années, l'avance de ses aînés s'estomperait avant de disparaître, Samantha ne voulait pas attendre. Le Choixpeau l'avait bien compris. Il fallait qu'elle se démarque pour suivre son propre chemin, lui avait-il expliqué, et ainsi prouver sa valeur.
A Poudlard, même les première année pouvaient gagner des points. Il suffisait d'être attentif en classe et de savoir ses leçons sur le bout des doigts. La première fois qu'une bonne réponse de sa part avait été récompensée par "un point pour Serpentard", elle en avait ressenti une joie infinie et cela avait balayé les quelques doutes qu'elle nourrissait encore sur la pertinence de la décision du vieux chapeau.
Oui, elle pouvait être fière des victoires de sa maison, sans en partager les mérites avec quiconque. Et chaque point qu'elle faisait gagner aux siens était une victoire personnelle sur la brillante Lily, le discipliné James ou le studieux Sirius.
Certains Serpentard cependant ne paraissaient pas très satisfaits de la voir partager leur salle commune. Ils interrompaient ostensiblement leurs conversations quand elle passait près d'eux, la dévisageant avec insistance. Elle les ignorait de son mieux.
Deux semaines après la rentrée, elle ne put rester plus longtemps indifférente à l'hostilité de ses ennemis. Un soir, en montant se coucher, elle constata que sa malle avait été forcée et vidée. Il ne lui restait que les vêtements qu'elle avait sur le dos et le contenu de son sac de classe.
En constatant l'étendue du désastre, elle ne dit rien. Non qu'elle se défiât de ses compagnes. Elle s'entendait même plutôt bien avec elles. Beth Warrington et Esthel Flint n'étaient pas très chaleureuses à son égard, mais pas hostiles non plus. Elle avait par ailleurs de bons rapports avec Helen Baddock et Suzy Carmichael. Mais elle ne voulait pas voir la compassion ou la pitié dans leur regard. Elle avait honte aussi. Fallait-elle qu'elle soit cruche pour se faire ainsi voler toutes ses affaires !
Elle se contenta donc d'ôter sa robe d'uniforme derrière les rideaux fermés de son lit et de se coucher dans les vêtements qu'elle portait en dessous. Si la petite fille versa quelques larmes en s'endormant, personne ne l'entendit.
Mais le lendemain, quand l'une de ses compagnes lui demanda de lui prêter ses notes de potions, elle ne put cacher qu'elle ne les avait plus. Les filles de son dortoir finirent par comprendre ce qui s'était passé et en furent horrifiées :
"Il faut que tu ailles voir les préfets, s'écria Helen Baddock.
- Je ne vais pas les embêter avec cela. Et que veux-tu qu'ils fassent. Je ne sais pas qui est le coupable.
- Mais que vas-tu faire ?
- C'est mon affaire ! dit rageusement Samantha.
- Tu veux que je te prête des vêtements propres ?" lui proposa Suzy Carmichael
Samantha lui emprunta un tee-shirt, fit une toilette rapide avant de descendre manger. Elle veilla à ne pas avoir l'air contrarié, et laissa traîner ses oreilles pour tenter de déterminer qui lui avait joué ce mauvais tour, mais en vain.
Elle songea un moment faire part à ses frères et sœur de ses déboires, mais elle préféra garder le silence. Elle n'allait pas pleurer dans leurs robes dès son arrivée. Il fallait qu'elle leur prouve qu'elle était parfaitement capable de s'en tirer toute seule et que le Choixpeau ne s'était pas trompé.
Dans la matinée, elle fit perdre trois points à sa maison car elle n'avait pas amené son livre en botanique. Alors qu'elle repartait en cours après le déjeuner, Duncan Stratford l'attrapa par le bras et l'entraîna dans un recoin :
"C'est vrai ce qu'on raconte, Samantha ? On t'a pris toutes tes affaires ?
- C'est pas tes oignons !
- Je commence à comprendre pourquoi Rogue prétend que les Potter sont des monstres d'arrogance, soupira Duncan en la dévisageant d'un air moqueur. C'est mes oignons si tu n'as pas tes livres et que tu fais perdre des points à notre maison, figure-toi. Et puis, t'as rien à faire chez les Serpentards, si tu ne sais pas faire la différence entre tes ennemis et tes alliés. Je vais faire ma petite enquête. Je te tiens au courant. En attendant, essaie de rattraper les points que tu as perdus.
- C'est pas gagné, soupira Samantha. J'ai potions cet après-midi, et j'ai pas mon livre non plus.
- Ce n'est pas dans l'habitude de Rogue de nous en retirer, mais passe à la bibliothèque, pour voir s'ils n'en ont pas un exemplaire. Et tiens-toi tranquille, hein ! C'est déprimant tous ces chaudrons impeccables. Nous qui nous donnons tant de mal pour les remplir de potions bien gluantes !"
Il lui sourit et la poussa fermement en direction de la bibliothèque. Bien qu'elle n'aimât pas se sentir redevable envers quiconque, elle se sentait réconfortée par la gentillesse de Duncan et soulagée qu'il lui propose son aide. Au moins, cela resterait une affaire interne aux Serpentards.
Elle ne prit finalement qu'une heure de retenue ce qui était plutôt une bonne performance. Duncan ne vint pas lui parler, et elle se retrouva, le soir venu, aussi démunie que la veille. Suzy lui prêta d'autres vêtements et Esthel Flint lui passa ses notes de métamorphose pour quelle puisse faire son devoir pour le lendemain.
Le lendemain, juste avant le déjeuner, Duncan vint la cueillir à la sortie de son cours. Sans un mot, il l'entraîna à sa suite dans les couloirs du château. Encore mal familiarisée avec les lieux, elle fut vite perdue. Elle commençait à ne pas se sentir trop rassurée quand il la poussa fermement derrière une armure, avant de continuer son chemin, l'abandonnant sur place.
Affolée, elle se détournait pour le suivre quand une main surgit d'une alcôve se trouvant derrière le chevalier et lui attrapa le bras. Elle sursauta, glapissant de terreur, mais elle entendit le rire de Lily.
"Emotive, petite sœur ?
- Mais que fais-tu là, lui dit Samantha, furieuse d'avoir montré sa peur.
- Dis donc, tu vas pas m'engueuler quand même ! Pourquoi tu nous as rien dit pour tes affaires ?
- Cela me regarde ! Je suis capable de me débrouiller sans vous.
- Cela regarde les Potter, petite dinde ! lui répondit sèchement Lily. Pourquoi crois-tu qu'on t'ait fait ça, à toi ? T'auraient-ils tellement bourré le mou, chez les si supérieurs Serpentards, que tu as honte de nous maintenant?
- Calme-toi Lily. C'est normal qu'elle soit bouleversée, intervint la voix apaisante de James. Qu'aurais-tu fais à sa place ?
- Exactement ce que j'ai fait quand je me suis retrouvée, il y a cinq ans, dans la même situation, idiot. J'ai demandé de l'aide aux cousins Weasley pour démasquer les coupables et j'ai écrit à oncle Fred et oncle George pour leur demander de m'envoyer une petite cargaison bien spéciale.
- Bon, on ne va pas se disputer, dit Sirius qui était coincé derrière son frère, et que Samantha n'avait pas encore remarqué. Ils ne vont pas tarder à arriver, de toute manière.
- Qui ça, "ils" ? demanda Samantha.
- Les deux abrutis de cinquième année et leur copine de sixième année qui ont forcé ton coffre, bien sûr, répondit Sirius. Je leur ai envoyé un message leur donnant rendez-vous ici. Chacun croit que c'est l'autre qui en est l'auteur."
Des pas se firent entendre et trois adolescents arrivèrent. Alors que les garçons demandaient à la fille la raison de sa convocation et que cette dernière leur demandait pourquoi ils voulaient la voir dans ce couloir plein de poussière, un Expelliarmus fut lancé de derrière une armure et trois baguettes volèrent dans les airs.
James et Sirius se placèrent derrière les cinquième année, tandis que Lily, entraînant Samantha à sa suite, coupait la retraite de leur complice.
"Bonjour ! leur lança aimablement l'aînée des Potter.
- Qu'est-ce que vous nous voulez ? demanda l'un des Serpentards, qui cachait tant bien que mal son appréhension derrière son agressivité.
- Vous faire comprendre que vous avez commis une petite erreur de stratégie en vous attaquant au clan Potter, répondit Sirius en jouant négligemment avec sa baguette.
- Vous n'avez pas le droit de jeter des sorts dans les couloirs, aboya la fille.
- Ferme-la, Derrick, lui rétorqua Lily. Le vol aussi est interdit. Tu ne t'en es pas privée, pourtant.
- Vous en faites toute une histoire pour un petit bizutage, fit Derrick d'une voix méprisante. Elle a eu peur, le petit bébé ?
- Quand on détruit les affaires que l'on a "empruntées", ce n'est plus du bizutage, répliqua froidement James. C'est une brimade. J'aurais cru qu'une préfète saurait faire la différence, termina-t-il, en fixant l'insigne qu'elle portait fièrement sur sa poitrine.
- Tu veux me dénoncer ? Ma parole contre la tienne, riposta-t-elle, refusant de se laisser intimider.
- On ne va pas embêter ce brave Rogue avec ça ! susurra Lily. On va juste vous montrer que, nous aussi, on aime taquiner nos petits camarades."
Elle et James s'accordèrent du regard puis lancèrent chacun une fiole en direction des pieds des trois Serpentards. En touchant le sol, les flacons se brisèrent, délivrant une épaisse fumée bleue qui enveloppa les trois complices.
Samantha, reconnaissant le genre de produit que vendaient ses oncles, recula précipitamment pour ne pas se retrouver dans le champ du sortilège. Quand la fumée se dissipa, elle put constater que ses trois ennemis se trouvaient en sous-vêtements. Les deux garçons étaient engoncés dans des caleçons ornés de fleurs criardes et Derrick portait des dessous de coton blanc où folâtraient des ours en peluche.
Samantha éclata de rire, non seulement devant le tableau qu'ils offraient, mais aussi en voyant leur air horrifié. Mais bientôt, l'horreur fit place à la colère, et Lily, James et Sirius durent user de sorts d'expulsion pour empêcher les trois furieux de leur sauter à la gorge. Samantha se promit de mettre les bouchées doubles en défense contre les forces du Mal, pour ne plus continuer à faire figure de potiche lors de ce genre d'affrontement.
"On se calme ! finit par dire Lily. Je crains que la bêtise et la violence ne vous servent à rien cette fois ci. Il n'y a aucun antidote pour mettre fin à l'illusion que produit cette poudre. Elle cessera naturellement de faire effet dans six heures exactement. Par contre, si vous tentez de jouer aux apprentis sorciers, cela va durer plus longtemps. Environ une demi-heure supplémentaire par contre-sort tenté. Comme vous êtes assez bêtes pour vous retrouver en petite tenue jusqu'à l'année prochaine, on ne vous rendra vos baguettes qu'en temps utile. N'ayez pas peur, on n'est pas des voleurs, nous !"
Sur ces bonnes paroles, les deux frères Potter, hilares, rejoignirent leurs sœurs et tous quatre reculèrent, leurs baguettes levées, puis s'engouffrèrent dans un passage dissimulé derrière une tapisserie. Toujours en riant, ils coururent dans l'étroit passage, pour déboucher dans le hall d'entrée désert.
"Vous n'avez pas peur qu'ils nous suivent, demanda Samantha, qui avait repris son sérieux.
- Pas de danger, lui fit Sirius, il faut connaître le mot de passe.
- C'est nouveau cette poudre, non ? demanda-t-elle encore. Les jumeaux n'ont jamais réussi à rendre leurs sortilèges d'illusion aussi tenaces."
Ses aînés éclatèrent de rire.
"Ça, c'est de l'intox, gloussa Sirius. En fait, un simple finite incantem suffit.
- De toute façon, ils n'ont plus de baguette, renchérit James.
- J'ai presque envie qu'ils tentent le coup et demandent à quelqu'un de les aider, pouffa Lily. Je suis déçue quand je pense qu'ils vont se cacher toute l'après-midi et que personne ne profitera du talent de styliste de nos très chers oncles."
Les quatre jeunes gens se regardèrent et se remirent à hurler de rire.
"Il ne vaut mieux pas que nous rentrions tous les quatre dans la Grande Salle en même temps, fit remarquer Sirius, quand ils se furent un peu calmés. McGo flairerait tout de suite l'embrouille. Je crois que je vais aller faire un petit tour en bibliothèque.
- Tu passes avec moi aux cuisines ? lui proposa Lily. J'irai ensuite me promener dans le parc.
- Moi et Sam on va rejoindre les autres, dit James.
- Merci à tous, dit timidement Samantha.
- De rien, ma belle. T'en fais pas, si l'un de nous a des problèmes, tu feras partie du comité de soutien, sourit Sirius.
- Et puis, pour te punir de nous avoir caché tes ennuis, on t'a collé un petit handicap. Tes petits camarades vont sans doute se voir retirer une vingtaine de points, chacun, pour les cours qu'ils vont sécher cet après-midi. Va falloir cartonner pour rattraper soixante points d'un coup, petite sœur", lui lança narquoisement Lily en désignant les sabliers géants.
"Vous me le paierez !" s'écria Samantha, indignée.
Ses frères et sœurs qui échangèrent un sourire entendu :
"Elle est bien à sa place chez les Serpentards, notre petite Sam, gloussa Sirius.
- Ce sera d'autant plus chouette de les écraser, déclara Lily d'un air gourmand.
- Compte pas trop là-dessus, lui rétorqua farouchement la benjamine des Potter.
- Elle te fait marcher, la calma James. Depuis qu'elle est ici, les Serpentards n'ont jamais été vraiment écrasés. Ils ont même gagné la coupe des Quatre maisons, il y a deux ans.
- Mais cette année-là, ils se sont rétamés au Quidditch, lui opposa Lily.
- Dis, Lily, tu n'oublies rien ?" lança soudain Sirius.
L'interpellée tendit à sa petite sœur les trois baguettes confisquées.
"Cela m'était sorti de l'esprit", prétendit Lily, tentant de prendre l'air repentant.
James leva les yeux au ciel pendant que le Serdaigle expliquait à Samantha :
"Tu les donneras à Duncan, il saura quoi en faire.
- T'es sûr qu'on doit les rendre ? Moi, j'ai tout perdu ! s'insurgea Samantha.
- T'en fais pas pour cela, dit James d'un ton apaisant. Duncan a retrouvé tes affaires et il s'en occupe. Elles sont abîmées mais réparables. Il te les remettra dans ton coffre. Il faudra d'ailleurs qu'on t'apprenne un sort pour le fermer de manière plus efficace. Allez, on y va, conclut-il. Je parie qu'on a raté les entrées.
- Tu ne pense qu'à manger, le taquina Lily.
- Qui va faire du charme aux elfes pour avoir du rab de gâteau ? lui rétorqua son frère.
- Il faut bien que je gâte le calamar de temps en temps, dit Lily. Il s'ennuie dans son lac.
- Qu'est ce que tu mijotes encore ? demanda Sirius.
- Mais rien ! Qu'est ce que tu vas chercher ?"
La réponse de Sirius se perdit, alors que le Serdaigle et la Gryffondor dévalaient l'escalier menant aux cuisines. Le Poufsouffle et la Serpentard se faufilèrent discrètement jusqu'à leur table pour faire honneur au repas.
Samantha ne fut pas sans remarquer que certains de ses camarades la fusillaient du regard et fixaient d'un air mécontent les places vides de Derrick et de ses amis. D'autres ne cachaient pas leur amusement. Une troisième catégorie la fixait d'un air calculateur. Sans doute se demandaient-ils comment exploiter à leur profit cette première année teigneuse et qui avait des liens inédits avec les trois autres maisons.
Duncan Stratford lui lança un léger clin d'œil. En le lui rendant, elle se demanda ce que penserait sa famille si elle avait un petit copain Serpentard.