Cette fic a été présentée au concours Kindadrabble d'Imaginary Night. C'est très court. Je l'ai un peu retravaillée depuis, j'espère qu'elle vous plaira.
Des éclairs aveuglants déchirent les lourds nuages sombres, presque malsains, qui tourbillonnent au dessus de moi. Leur éclat lance une lumière trop blanche, crue, sur les rues de Londres. Mes pupilles dilatées ne réagissent même plus à cette agression. Je passe sans les voir devant des ruelles sordides, où des silhouettes anonymes se hâtent vers quelque abri de fortune. Le vent glacial s’engouffre soudain dans les plis de ma cape, l’ouvrant largement à la pluie battante. Je n’en ai cure. Le tonnerre résonne sans cesse à mes oreilles, noyant tous les sons alentours. Je suis aveugle et sourd…
Mes lèvres sont sèches et je passe ma langue dessus pour les humecter. Je goûte ainsi quelques gouttes de pluie qui se sont aventurées sous ma capuche. Elles sont étrangement amères. Je porte une main hésitante à mon front, pour constater que ma blessure s’est rouverte. Mon sang se mêle à l’eau du ciel, maculant mon visage d’étranges peintures de guerre. Je hausse les épaules. Je peux bien saigner encore un peu… Je rejette mon capuchon, laissant le déluge nettoyer mon visage.
Je continue à marcher, droit devant moi, sans fin, sans but, essayant de sortir de mon esprit les images d’horreur de cette journée. Sans résultat. Mais est-il seulement possible d’oublier ce genre de chose ? Je me rappellerai à jamais de leurs cadavres, trop nombreux et trop jeunes, au milieu de ceux des Mangemorts. Les cris des combattants me vrillent encore le cerveau. Ils sont morts et moi je vis. Quelques instants, la tentation de les rejoindre se fait sentir. Mais l’instinct de survie, encore trop fort, fait taire mon désir. Je vivrais donc encore un peu.
J’ai lutté comme les autres durant cette bataille, pour ma vie, pour mes idées, pour la liberté. Dans une valse presque sensuelle, je prenais la vie de mes adversaires avec un plaisir trouble. J’ai vu le père et le fils se combattre, le frère tuer la sœur et les traîtrises fleurirent plus vite que les champs au printemps. Je ne sais si notre monde pourra se relever de cette épreuve. Le loup en moi reste étrangement silencieux, comme paralysé par cette expérience. Ce soir, j’ai dansé avec la Mort.
J’entends à coté de moi la sirène des pompiers moldus. Dans mon dos, un bâtiment en flamme, comme un terrible feu de joie, illumine le quartier de lueurs sanglantes. La pluie battante renvoie ces lumières en kaléidoscope de couleurs criardes. Des myriades d’étincelles s’échappent dans les airs, sifflant au contact de l’eau, disparaissant aussi vite qu’elles étaient nées. Le Ministère de la Magie finit de se consumer dans un brasier impressionnant. Cette nuit, le Seigneur des Ténèbres est mort…