Le quatorze février, le jour le plus niais de l'année, tout ce romantisme qui suinte de tout et de tous me dégoûte, encore plus maintenant qu'Elle n'est plus en vie...
Même dans cet endroit éloigné de tous où ne passent que de rares moldus je peux sentir l'influence ouatée et gluante, de la joie et du bonheur des autres. Foutue empathie ! Ce don s'est développé il y a une dizaines d'années maintenant... Cela vient-il de toi, petite fée ?
Tu es morte depuis déjà dix ans, petite fée, si tu savais comme je m'en veux, et comme tu me manques! J'ai toujours eu cette débauche de sentiment en horreur, mais maintenant c'est de pire en pire. Sans toi, tout est de moins en moins supportable, la joie, l'amour, la douleur, la peine, la vie... Et toi, petite fée, tu l’aimais cette fête ?
Tu sais, la vie sans toi ressemble chaque jour un peu plus à la mort... Tel un vampire je prends vie la nuit, dans mon sommeil, quand je peux te voir, te toucher, te prendre dans mes bras, t'aimer... Et chaque jour je meure un peu plus, dans ton absence, dans ton silence, je souffre, pour mieux revivre la nuit quand tu pénètre enfin dans mes rêves et que tu m’aimes avec la douceur d'un ange. Que dis-je? Avec la douceur d'une déesse, de ma déesse...
Je deviens folle !!! Je parle toute seule, pour toi, pour personne, pour moi, pour qui voudras bien m'entendre. De l’air! Il me faut de l’air! J’étouffe dans cette maison où tout sens le renfermé, le vieux et la douleur… Je sors dans mon petit jardin, "jardin…", c’est un bien grand mot. Rien d’autre ne pousse que de la mauvaise herbe, quand quelque chose pousse sur cette terre sablonneuse et calcaire. Peu de jardins doivent être aussi froids et tristes que celui-ci…
Je n’en peu plus de cette vie, ou plutôt devrais-je dire de cette mort… Il faut que je parte d’ici, pour aller où ? Je ne veux pas être seule, je ne veux pas être accompagnée non plus… Où irais-tu toi, petite fée ? Comme si la question se posait… A la bibliothèque de Poudlard bien sur !
Tout à coup, je comprends pourquoi tu aimais tant cet endroit, petite fée, il est tellement calme et apaisant qu’on en oublierai presque nos problèmes… Presque… Un parchemin traîne sur une table, quelque chose est écrit dessus…
Survivre
Quand plus rien n’a de goût,
Quand tout me semble futile,
Plus rien ne me fait sourire,
Plus rien ne me rend heureuse.
Est-ce vivre ?
Ou survivre ?
Quand tout autour de moi
Hurle ton absence,
Et que rien ne te ramène à moi,
Je me sens partir.
Mon âme me quitte, pour aller
Te retrouver, où que tu sois.
Je ne peux plus vivre.
Je ne fais que survivre.
Je lâche le parchemin qui tombe au sol, sans un bruit, une larme coule sur ma joue, lentement elle cours le long de mon visage pour en tomber et s'écraser au sol, en des milliers de gouttelettes scintillantes, je ne suis pas la seule à souffrir aujourd’hui.
J’entends des pas qui viennent vers moi, je me cache derrière une étagère en silence. Mais toi tu me vois, hein, petite fée ?
Un groupe de fille avance vers moi, en gloussant, elles posent chacune une photo d'un garçon sur la table où j’ai trouvé le poème, elle ne remarquent même pas le parchemin échoué au sol. Elles sortent leurs baguettes et les pointent sur les photos… Non, elles ne vont tout de même pas lancer ce vieux sort ???
Tout en agitant leurs baguettes d’un geste formant un cœur, elles lancent : Cupidonus ! Des cœurs roses et scintillants jaillissent de leurs baguettes et frappent les photos posées sur la table. Les garçon sembles étonnés, puis les images brillent un instant et les garçons des photos regardent maintenant les jeunes filles avec des yeux d’amoureux transis. Elles gloussent de plus belle et repartent en récupérant les photos. Merlin ! Ce sort est vieux comme… comme Poudlard !!! Le connaissais-tu, petite fée ?
Et dire que ces pauvres garçons sont sûrement tous déjà avec quelqu’un, mais qu’à partir du moment où le sort est jeté jusqu’à ce soir minuit leurs coeurs et leurs yeux ne verrons que les jeunes filles qui les aurons envoûtés… Couples brisés en perspective… J’ai toujours trouvé ce sort inutile et débile, aujourd’hui je le trouve pathétique, briser un couple, voler l’amour d’une personne pour une seule journée. Comme si le monde avait besoin de la Saint Valentin pour s’aimer ! Comme si ce jour là il fallait absolument être accompagné, même mal, tout ce qui compte c'est de ne pas être seul.
Où est l'amour dans tout ça, tu le vois toi, petite fée?
Je sors de derrière l’étagère, silencieuse comme une ombre, et sur le mur en face de moi, je vois une photo de toi, petite fée, accompagnée de Potter et Weasley, la légende parle de toi comme une des meilleures élèves que Poudlard ai connu et d'eus comme des héros… Merlin ! Ces souvenirs affreux me reviennent…
Comment ai-je pu te faire ça, petite fée ? Je ne mérite pas de vivre…
Un mot, une phrase, un texte, une histoire. Son histoire, mon histoire, notre histoire. Violente, parfois douce, trop courte, finie…
Je sors mon poignard de ma robe, sa lame glaciale frôle la peau blanche et souple de mon bras.
Je ne l’avais pas revue depuis cinq ans et elle était là, au milieu de ce combat, dans le camp ennemi, aux côtés de cet enfoiré de Potter et de Weasley! Le trio gryffondorien, comme on les appelait...
L'acier glacé entaille lentement ma chair et le sang perle, contrastant avec la pâleur livide de mon poignet.
Et moi bien sur j’étais toujours au côté du Seigneur des Ténèbres. Il était peut être le seul homme que j’ai jamais aimé… Mais pas la seule personne que j'ai aimée.
Je presse la lame froide un peu plus sur ma peau et des sillons carmin coulent maintenant abondamment mais lentement sur mon bras gauche.
Et elle était belle, si belle, si puissante, si pure, je la désirais, je l’ai eue. Je l’ai stupefixiée et emmenée chez moi. Elle était dans mes bras, je touchais sa peau douce, je sentais son parfum entêtant, je voulais embrasser sa bouche pulpeuse, je voulais caresser son corps offert ou plutôt volé…
Des gouttes rouges tombent peu à peu de mon bras vers le sol, mon regard parcours le trajet de chacune d'entre elles.
Tout en elle appelait à la luxure, mais je n’ai rien fait et je la déposais juste sur le lit de la chambre voisine à la mienne et l’y enfermait avec un sort de mon invention. Elle était trop intelligente pour que j'utilise un sort commun qu'elle aurait annulé en deux temps trois mouvements...
La vie s'écoule peu à peu de mon corps, bientôt je ne serais plus qu'une coquille vide... Mais j'en suis déjà une depuis si longtemps, cela ne changera donc pas grand chose...
Pendant plusieurs jours je l’ai gardée enfermée sans lui révéler qui j'étais, mais un jour elle a réussi à arracher mon masque de mangemort et quand elle m’a reconnue, elle m’a craché au visage.
Je prends le poignard dans ma main gauche et m'ouvre lentement les veines de mon bras droit, l'afflut de sang augmente et souille maintenant la totalité de mes deux avants bras.
Moi par colère je l’ai giflée. La semaine qui suivit, je n’allais pas la voir et envoyait mon elfe de maison à ma place pour lui apporter sa nourriture. Mais elle me manquait trop et je suis retourné la voir.
Le sang dessine maintenant des signes mystiques sur le sol de bois brun de la bibliothèque de Poudlard, je ne peux pas les quitter du regard, je suis comme hypnotisée, est-ce toi qui fais ça petite fée?
Je lui ai permis de sortir de sa chambre tout en la maintenant dans la maison, je lui faisais confiance, mais elle a tenté de s’enfuir. Alors on s’est battue, à mains nues, sans baguettes, sauvagement, violemment, elle était plus frêle que moi, je l’ai vite maîtrisée et je lui ai fait subir plusieurs doloris pour la punir, puis de nouveau je l’enfermais dans sa chambre.
Tu aurais gardé un oeil sur moi depuis là haut? Je n'ose même pas y croire, pas après ce que je t'ai fais...
Mais je m’en voulais trop, je ne pouvais pas dormir, je suis allée la voir, elle était prostrée sur le lit et pleurait. Elle avait encore mal, très mal, je le sentais. Je lui ai demandé pardon, elle m’a ignorée mais je suis quand même restée avec elle, je l’ai même soignée du mieux que je pouvais. Je crois que ça lui a fait du bien.
C'est étrange ces souvenirs qui me reviennent alors que je suis en train de mourir, sont-ils beau? Sont-ils laids? Mon esprit s'affaiblis et ne fais plus la différence. Mais pourquoi je ne revois que ces souvenirs et pas le reste de ma vie? Après tout, cela n'a plus vraiment d'importance...
Plus tard je lui ai amené des livres, et elle a eut l’air d’apprécier car elle les lisait tous très vite et m’en demandait tous les jours des nouveaux. Ce petit rat de bibliothèques me plaisait et il m’arrivait souvent de passer des heures à la regarder lire.
Ma vue se brouille, et pourtant je vois ton visage plus clairement que jamais, tu encore plus belle que dans mes souvenirs, es-tu là petite fée? Me vois-tu sur le point de te rejoindre?
Un jour j’ai voulu l’embrasser, elle m’a repoussée, et par honte d’avoir été repoussée, plus que par rage, mais aussi par chagrin, je l’ai tuée. Elle que j’aimais plus que tout, elle qui était si belle, elle qui était si pure, elle qui était si douce. Elle, Hermione Granger.
J'arrives petite fée, me montreras-tu le chemin pour venir jusqu'à toi?
Depuis ce jour maudit, je me suis retirée dans un endroit perdu, connu de moi seule. Même Le Seigneur des Ténèbres n’a pas pu m’arracher ce renseignement par légilimencie. Il a du me faire rechercher, après tout j'étais son agent le plus fidèle et le plus cruel. Je lui ai probablement manqué pendant ses séances de torture sur les moldus, les sang-de-bourbe, et les traîtres à leur sang...
Ici je finis ma vie, sans magie, baignant dans mon sang, à Poudlard, où la magie à commencée pour moi, pour me punir d’avoir tué...un ange.
Bellatrix Lestrange.