(Susan)
B.A.M ! Pourquoi B.A.M, vous demandez-vous sans doute ?
D’abord parce que c’est l’acronyme de nos trois noms de famille : Bones (Susan), Abbott (Hannah) et Midgen (Eloise).
Deux Poufsouffles et une Serdaigle. Un mélange plus détonant que ne le soupçonnent les communs des mortels diplômés de Poudlard.
Ensuite parce que nous trouvons cet acronyme assourdissant comme des cymbales, alors que nulle trompette ne nous salue sur notre passage (elles sont réservées au Golden Trio qui a vaincu Voldemort, oui nous osons prononcer son nom, ainsi qu’à leurs proches, amis, famille, et caetera), évocateur comme de la dynamite (de véritables bombes à retardement), ou comme nos habituelles chutes dans l’escalier (ok, ce genre d’infortune est typique de la seule Hannah, mais nous sommes solidaires dans l’adversité).
Mais éclairons votre lanterne…
Le contexte : post-Poudlard, Voldemort et ses acolytes morts ou goûtant aux joies de l’hospitalité d’Azkaban avec de zélés Détraqueurs (repentis eux-mêmes) en guise de G.O, Harry, Hermione et Ron fêtés par le monde sorcier, récompensés par le Ministère et traqués par la Gazette de Rita Skeeter, Harry sort avec Ginny et Ron avec Hermione, Neville et Luna ne devraient pas tarder à faire de même, les oiseaux gazouillent et Severus Rogue, réhabilité car agent double (voire triple, quadruple, quintuple…je parie qu’il ne le sait plus lui-même), prépare des potions d’Amortentia dans son joyeux cachot du donjon des Serpentards dont il est à nouveau le berger incontesté, heureux mentor d’une nouvelle génération de petits serpents…
J’admets exagérer, mais pas tant que ça, je vous assure ! Le monde sorcier s’étourdit ; un an que la Grande Menace a disparu et que l’on veut oublier ses méfaits.
Quant à nous trois, nous n’avons pas fait grand-chose. La destruction de Voldemort s’est faite en petit comité (entendez l ’Ordre du Phoenix, dont nous ne faisions pas partie) et nos seuls faits d’armes sont demeurés anonymes, mais je reviendrais sur ce point un peu plus tard…
Je suis Susan Bones, pour vous servir. Issue d’une longue lignée de sorciers qui n’a jamais basculé dans la folie mangemorte, c’est néanmoins grâce à mes amies que j’ai découvert et adopté la culture moldue. Car Hannah est une « sang-mêlée » et les deux parents d’ Eloise sont moldus. D’autres raisons, plus personnelles, font que je ne peux que me réjouir que Voldemort ait été rayé de la carte, lui et ses sept morceaux d’âme.
Donc nous voilà, fraîchement diplômées de Poudlard, un an après.
Je suis actuellement une formation pour devenir professeur. Transmettre à des bambins extasiés ce qui me passionne. Accordé, les « bambins » ont quelques années à peine de moins que moi, sont loin d’être charmants, polis, et émerveillés par cette matière en particulier, mais je compte bien changer ça.
Où je compte enseigner ? Mais à Poudlard, gros malins !
Ce que je compte enseigner ? Euh…Potions ? Okay, je fais moins la maligne à présent. Mais il s’agit de ma matière de prédilection, et si Sévérus Rogue en personne n’a pas su m’en dégoûter…eh bien, je suppose que ma motivation n’est plus à démontrer.
Une dose de ci, quelques gouttes de ça…Dans tous les films moldus sur les sorciers, on voit une vieille sorcière penchée sur son chaudron tout fumeux…Comme c’est vrai, le côté mystérieux, la surprise finale des cobayes qui testeront (involontairement pour la plupart) mes charmants flacons qui se teintent des couleurs de l’arc-en-ciel lorsque je les remplis; j’aime faire « ma petite cuisine » aux noms si savoureux d ’élixirs et de préparations édulcorées…
Sauf que bien sûr, je ne suis pas si vieille- j’ai dix-neuf ans- et je suis plutôt séduisante…même si je n’ai personne dans ma vie, merci de me le rappeler Hannah, mais c’est ton cas aussi. Et celui d’Eloise- je sais que tu n’as rien dit, Ella, mais je trouve cette précision nécessaire.
Oui, autant vous le dire tout de suite : Eloise a bientôt dix-huit ans, Hannah et moi en avons dix-neuf, le monde sorcier clame « peace and love »…et notre vie sentimentale est un désert sec et aride sans aucune oasis à l’horizon…
---------------------------------------------------------(Hannah)
Je coupe Susan tout de suite et je me présente : Hannah Abbott, autre Poufsouffle. Avant que Susan ne reprenne son numéro de « pourquoi sommes-nous seules alors que nous sommes jeunes, jolies et enjouées », je crois bon de vous livrer quelques informations sur notre vie passée d’écolières.
Nous nous sommes rencontrées il y a huit ans de cela. Tout d’abord, j’ai fait la connaissance de Susan lors de la partition ; nous nous sommes assises l’une à côté de l’autre après avoir été envoyées à Poufsouffle, à sept minutes d’intervalle. Nous avions un point commun : notre déception de ne pas avoir été classées suffisamment bonnes pour Gryffondor.
Mon père, le seul sorcier de la famille, y avait été et fut assez déçu que je ne suive pas ses traces. Il n’avait pas une opinion très élevée des Poufsouffle, mais comme je lui fis remarquer, sur le conseil de Susan qui, elle, devait annoncer l’effarante nouvelle à une cohorte de parents, oncles, grands-tantes, tous gryffondoriens dans l’âme, « tu aurais préféré Serpentard ? ». Il ne pouvait rien répliquer à ça, et il se tint coi les six années suivantes, d’autant plus que mes résultats étaient assez satisfaisants, « pour une Poufsouffle ». Entendez par là que j’avais minimum des « A » comme acceptable dans la plupart des matières, avec des « E » comme efforts exceptionnels en DCFM, Soins aux créatures magiques (les cours d’Hagrid me passionnaient…de loin, car Susan me retenait d’une poigne d’acier lorsque je voulais m’approcher pour jeter un coup d’œil), Divination (je rougis car je ne crois pas trop à ces trucs, surtout avec Trelawney, mais la lecture hebdomadaire de mon horoscope et de celui de mes amies dans des magazines moldus me fournissaient une grande source d’inspiration lorsque je devais lire les feuilles de thé) et en Herbologie (l’année où Neville était mon binôme, mes notes sont montées en flèche…et puis il était si gentil en cours que nous avons passé des heures à discuter plantes, non que je sois branchée herboriculture, mais j’ai toujours eu un faible pour Neville et sa timidité…).
Non, Susan, je n’avais pas le béguin pour Neville ! Je trouve juste mignon qu’un garçon soit maladroit. Nous avions tellement de points communs qu’il aurait pu être mon jumeau ! Nous avions le même talent inné pour gâcher irrémédiablement nos potions, sauf que j’avais Susan pour me couvrir et m’empêcher in extremis de verser la limace de trop qui annihilerait l’équilibre entre les ions négatifs et positifs de la mixture...Tout un Art … que je ne possède pas.
Vous pensez peut-être que Susan et moi sommes des filles gentilles, charmantes, mais un peu bêtes, et disons-le « gourdes », n’est-ce-pas ? C’est ainsi que tout le monde nous voit, nous autres Poufsouffles : bien braves…mais n’ont pas inventé la poudre ?
Eh bien, je proteste ! Nous sommes loin d’être des cracmols, sachez-le ! Nous sommes tenaces, et surtout, loyaux ! Prenez Cedric Diggory : il était entré dans le Tournoi des Trois Champions ; un Poufsouffle était l’un des meilleurs sorciers de sa génération. Cedric…si beau, si courageux, si honnête. Trop parfait peut-être, j’en avais fait le héros dont j’aurais aimé l’attention. Il a été mon premier amour, sans le savoir. C’est pour le venger que j’ai rejoint l’A.D l’année suivante, sans trop hésiter, entraînant Susan avec moi. Susan qui partageait un peu ma situation, puisqu’elle avait perdu un oncle, une tante et des cousins adorés dans une attaque de Mangemorts. Cette année fut sombre pour nous, d’autant plus qu’ Eloise avait refusé de venir avec nous. Ella a toujours été indépendante, et les grands groupes ne l’intéressaient pas. Elle préférait pratiquer la magie seule, ou avec nous, mais pas en public, au cas où elle se laisserait aller. Il est certain qu’à l’époque, ce qu’Eloise avait entrepris était assez délicat, et elle avait jugé plus sage d’apprendre à contrôler seule certaines de ses…capacités. Nous ne lui en avions pas tenu rancune, étant parfaitement au courant de sa situation. Cependant, nous nous entraînons encore toutes les trois, comme autrefois, histoire de ne pas perdre la main, Ella parce qu’elle aime pratiquer la magie le plus souvent possible, Susan pour le fun, et moi…pour mon job.
Je vais bientôt passer les évaluations d’Auror. Je suis chanceuse car bien que cumulant tous les défauts pour cette profession: je suis une femme dans un milieu très phallocrate (entendez bandes de gros machos), je ne suis ni héroïque Gryffondor ni cérébrale Serdaigle ni, à la rigueur, rusée Serpentarde et je ne suis pas une pro en Potions ou en Transfiguration (même si l’aide de Susan pour la première de ces disciplines m’a aidé à limiter les dégâts lorsque j’ai passé mes OWLS et NEWTS), bien que cumulant tous ces défauts disais-je, je bénéficie d’un indiscutable « O » comme Optimal en DFCM (motivation + entraînement intensif avec Ella et Sue) et de circonstances (plus aucun Mage Maléfique à l’horizon, une paix durable instaurée) qui incitent les jeunes mâles assoiffés d’action à poursuivre une carrière dans le Quidditch, comme Harry Potter (il a fait son travail, après tout), Ron Weasley, Draco Malfoy (un autre repenti), Oliver Wood et j’en passe. Sans ces graines de joueurs professionnels, on ne se bouscule pas au portillon des concours d ’Aurors...et l’on est bien obligé de prendre ce qui se présente, pourvu que les candidats aient un minimum de qualifications.
C’est ma chance, la chance d’obtenir le job de mes rêves de petite fille. J’ai osé y croire, et c’est en passe de se réaliser. Et au fond de moi, je sais qu’il reste bien des menaces à neutraliser et que je ne passerai pas mes journées à traquer ce menu fretin de Mondugus Fletcher.
---------------------------------------------------------(Eloïse)
Je me permets d’interrompre la liste des ambitions professionnelles de mes amies pour vous présenter la petite dernière du Trio Infernal, ainsi que deux septième année assez sottes et à Serdaigle (il y a des idiots dans toutes les maisons, je soutiens la politique anti-discrimination poudlardienne ou sexuelle d’Hannah) nous avaient un jour surnommées en nous voyant toutes les trois, soudées comme nous le sommes aujourd’hui…et nous n’étions qu’en troisième année.
Durant mes années à Poudlard, on m’a connue pour mon acné remarquable, paraît-il. Je suis heureuse de vous affirmer qu’elle a disparu. Cette phase de l’adolescence m’était indifférente, car je n’attachais pas énormément d’importance à mon physique- je ne suis pas Serdaigle pour rien : l’intellect avant tout !- mais les récriminations de ma mère « pourquoi n’es-tu pas plus féminine ? » et les railleries de mes camarades ont abouti à ceci : de guerre lasse, j’ai utilisé une crème moldue et pourtant magique puisque mon teint un peu mat est devenu lisse, et que les rougeurs qui m’envahissaient invariablement lors de périodes de stress intense ont disparu. L’anxiété est toujours là, mais j’ai appris à la dissimuler.
Comment ai-je rencontré mes amies ? En double-cours de Potions. Je partage l’aversion d ’ Hannah pour ce travail ingrat et méticuleux. Pour moi, la magie est plus sauvage, plus fascinante...En tant que Serdaigle, je ne remplissais pas les pré-requis habituels : je n’étais pas une élève brillante ; à l’inverse d’Hermione Granger que j’admire, (malgré le fait qu’elle ait un jour utilisé mon acné comme base de comparaison pour le châtiment qui fut infligé à une Serdaigle nommée Marietta) je ne retenais pas tous les détails de mes lectures scolaires et je ne m’investissais pas autant dans toutes les disciplines. Je luttais pour rester éveiller en Herbologie, Potions et Astronomie (et ne parlons pas de ces fadaises divinatoires), j’étais nulle en Transfiguration (l’utilité de transformer des choses inutiles, comme une tasse de thé pour ceux qui comme moi sont accros à la caféine, en des choses encore plus inutiles, comme une souris lorsqu’on envisage d’adopter un chat…dans un futur plus ou moins proche ?). Les seuls cours qui me passionnaient étaient ceux du Professeur Flitwick (ensorceler une plume pour qu’elle vole comme celles de mes taies d’oreiller…c’est si poétique !), ou DFCM à la limite, pour son côté spectaculaire.
L’arithmancie était aussi un de mes amours, particulièrement pour traduire des textes anciens. Je l’ai beaucoup utilisée…pour des recherches personnelles. J’aimais lire, mais uniquement ce qui m’intéressais. Je squattais la bibliothèque aussi souvent qu’Hermione Granger, mais je n’empruntais jamais les mêmes livres. Voilà pourquoi mes résultats furent médiocres : mis à part trois « O » dans les matières citées ci-dessus, des « A » dans tout le reste. Avec moi, c’était souvent tout ou rien, d’où les connaissances magiques qui sont miennes à présent : rares, peu conventionnelles, et à la limite de l’illicite. Seules Hannah et Sue sont au courant de mes développements personnels, et elles en ont profité d’ailleurs.
Nous partageons la même passion pour la Magie, et ce sont mes meilleures amies : intelligentes, complices et surtout, loyales. Je sais qu’elles ne me trahiront jamais et pour quelqu’un de méfiant comme moi, c’est reposant de ne pas toujours être sur ses gardes. Je comptais d’ailleurs revenir dans le monde magique que j’avais quitté après la chute de Voldemort, afin de passer un an dans le monde moldu, à louer une minuscule chambre d’étudiantes. Ce qui ne voulait pas dire que je renonçais au monde magique, bien au contraire ! Mais je suis ainsi passée au rang d’insignifiante aux yeux du ministère qui a ainsi relâché sa surveillance (assez difficile à déjouer) sur tous les habitants du monde sorcier.
Aujourd’hui, je pense sérieusement m’installer définitivement dans le monde magique. J’ai déjà trouvé un job d’enfer comme bibliothécaire adjointe à Hogsmeade, avec des horaires très flexibles, et un descriptif exaltant : passer toute une matinée (ou tout un après-midi) dans la pénombre feutrée d’une bibliothèque, au milieu d’une variété extraordinaire de livres consultables à tout moment … sans compter un accès illimité à la Réserve, que je comparerais à la Section Interdite de la bibliothèque de Poudlard, mais en plus dangereux encore. Je parle d’expérience, mais chut ! J’en ai déjà trop dit pour l’instant…
Susan vit encore avec ses parents, hébergeant temporairement Hannah dont les parents ont déménagé. Quant à moi, ma mère a réalisé son vieux rêve (ainsi qu’un de mes espoirs secrets) en partant s’installer à Miami, d’où elle m’envoie des mails débordant de crème solaire, de dolce vita et, là où les choses se détériorent, de vains espoirs que je sortirais davantage pour rencontrer un « gentil garçon ». Ma mère n’a jamais compris l’attrait irrésistible qu’exerçait la magie sur moi ; c’est un monde qu’elle ne cherche pas à connaître et c’est très bien ainsi. Je dispose d’une liberté incroyable…du moins c’est ce que je croyais jusqu’à ce que Susan se mette à évoquer nos vies sentimentales !
Elle est tombée sur la tête ! Je suis très bien comme je suis, et je ne me suis jamais intéressée autrement que platoniquement au sexe opposé. Je veux des amis, et c’est tout ! Sue n’en démord pas et dit que je refuse de considérer cette option car j’aurais peur du rejet, d’un coeur brisé, etc. Elle croit dur comme fer que j’ai avoué avoir été attirée par Zacharias Smith pour brimer ses talents d’entremetteuse. Pourtant, c’est bien le seul garçon dont je me sois sentie proche, car j’appréciais son esprit critique exacerbé. J’aurais voulu que nous soyons amis, point final. Je n’en veux pas plus, et par pitié Sue, je n’en demande pas plus ! Ne fais rien qui pourrait compromettre la carrière d’Hannah ni ma petite vie tranquille, en incluant notre santé mentale !
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(Susan)
Ici Susan, je reprends les rênes de la conversation. Je vous prends à témoin : Hannah a perdu sa maladresse (en grande partie) , Eloise s’est débarrassée de son acné (totalement) et nous sommes toutes les trois disponibles ! Et pourtant, je ne rencontre que réticences de tous côtés : Hannah ne s’est jamais remise de la disparition de son premier amour (qui pourrait bien être le dernier si ça continue), Eloise reste indifférente à tout ce qui est jeune, sportif, et aimable (Zacharias Smith ! Son cas est désespéré !), et moi, après avoir eu le béguin pour : Harry Potter, Terry Boot, et…euh, personne d’autre, je n’ai pour perspective que le professorat, si le Professeur Rogue m’accepte comme collègue/assistante/remplaçante( ?), avec éventuellement la rencontre d’un collègue qui corresponde à mes attentes, peut-être professeur de Quidditch ou de DFCM ?
C’est décidé, que mes amies le souhaitent ou non, je vais (re)prendre en main la vie sentimentale des membres du B .A.M. Je laisse à Hannah et Eloise la charge de nos actions plus…occultes, dirons-nous, mais je fais un break. J’étais d’accord avec elles, au début, mais je trouve que mes amies commencent à sombrer dans la paranoia : peut-être qu’après tout, toutes les menaces ont été éradiquées et qu’aucun Mage Noir ne se profile à l’horizon. Peut-être que tous nos plans sont caducs telles les feuilles mortes de l’automne et que nous devons nous préparer à vivre l’été de notre vie…
Arrête de rire comme ça, Ella ! Je ne suis pas lyrique !
Note de chapitre:
Disclaimer : Harry Potter est à J.K Rowling. L’ intrigue de cette histoire (ou son absence totale) me revient.
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