La deuxième épreuve passée, tout semble redevenir normal. Sauf que je continue à ne pas dire un mot devant Potter, que celui-ci me jette de temps en temps des coups d’œil avant de se détourner en rougissant parce que je l’ai flag. Sarah a bien sûr remarqué, mais comme d’habitude, elle attend que je vienne lui en parler. Une habitude, chez nous.
C’est pas que ça me perturbe sentimentalement, c’est plutôt que c’est incroyablement gênant. Ca vous arrive souvent, vous, d’embrasser sauvagement un professeur ? Hein ? C’est bien ce que je pensais. En plus, se faire embrasser…comme ca ! Je reconnais que ce n’est pas avec ma maigre expérience que je peux en parler en connaissance de cause, mais avec ce type… Tout d’un coup, je me suis senti…femme. C’était la première fois que j’avais envie de me jeter sur un homme et de lui faire des choses mal vues au niveau moral. C’est bizarre à expliquer, mais c’est comme ça. Honnêtement, je ne m’y serais jamais attendu, comme ça. C’est vraiment arrivé comme ça, au petit bonheur de la chance. Et je suppose que lui aussi, il a aimé. Sinon, il m’aurait pas embrassé, après tout.
Avant, je le considérais comme le professeur Potter, ce pauvre type qui s’est retrouvé avec le monde à sauver alors qu’il ne savait même pas manger tout seul. Et soudain, il devient Potter, ce type irrésistiblement sexy qui embrasse comme un dieu et qui me fait frémir. Ca fait idiot, dit comme ca… Ca fait même midinette, en fait ! Ca m’énerve de constater que j’ai cédé au charme de Harry Potter comme la moitié des femmes de ce monde…
Mais ça ne change rien du tout au problème. C’est un prof, moi une élève. Et c’est tout. N’est-ce pas ?
Heu, bon, bref.
De toute façon, je n’ai pas trente six milles solutions… Je vais oublié tout ca, et continuer mon bonhomme de chemin sans plus me poser de questions. Et je vais finir ce foutu Tournoi, aussi. Comment perdre en beauté ? Je me le demande…
En attendant, je me concentre sur toute sortes de choses très variées. Et puis, j’ai trouvé de quoi m’occuper. Le rugby. Ou, pour être plus exacte, le futur match Stade Toulousain/Stade français… Il était évident pour tout le monde qu’on allait les écraser, ces… ceux-la, quoi.
***
Plus que une semaine avant le match. Claire refuse de me parler depuis que j’ai essayé de lui expliquer les règles du jeu. Elle dit que dans ces moments là, je suis dangereuse pour la santé publique. Elle a même supplié Sarah de m’aider à régler mes problèmes parce que, selon elle, c’est franchement lamentable. Elle comprend rien à rien. J’ai même plus le droit d’être enthousiaste ?
***
Plus que deux jours. Amanda m’a traité d’hystérique. Venant de la part de quelqu’un qui, en début d’année, avait hurlé en voyant Harry Potter le survivant, c’est franchement le bouquet.
…
Comment il est revenu dans la conversation, lui ?
***
Un jour.
Sarah m’a traité d’hystérique. Même pas qu’elle me soutient moralement dans la difficile épreuve que va être ce match vital pour cette saison. Et c’est sensée être ma meilleure amie.
Le match est cette après-midi !!! Il me presse trop ! Les autres ne veulent pas venir le regarder avec moi. Je comprend pas pourquoi. Sarah m’a demandé comment je ferais pour justifier mon hystérie après le match. Elle a rien compris. De chez rien. Ca n’a rien à voir avec Potter. Bon, elle a même pas insinué que c’était de sa faute, mais quand même.
-OOOOOOOOOUAAAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIS !!!!
Je bondis du canapé de la Salle sur demande et commence aussitôt une danse de la victoire absolument pas gracieuse mais qui, en l’occurrence, sert plus à exprimer ma joie qu’autre chose. En sautant dans tout les sens et en hurlant « Qui ne saute pas n’est pas Toulousain ! » ou d’autre slogans de mon bon Toulouse, je sort de la Salle sur demande. Je croise de temps en temps des gens que je salue joyeusement en les entraînant dans une danse entre la polka, la samba et le n’importe nawak avant de continuer mon chemin. Je croise Sarah et la petite rousse. Je n’ai que le temps d’entendre Sarah dire : « Tiens, ils ont gagné » que je suis déjà dans un autre couloir.
Je continue mon épopée, croise madame Maxime qui doit maintenant se demander comment sa meilleure élève peut-elle être aussi dingue. (Vous ais-je déjà dis que je suis la meilleure élève de ma promotion ? Oui ? Et ben j’en rajoute une couche !! Faut pas croire, c’est pas pour rien qu’elle a tout fait pour que je participe à ce foutu Tournoi !!)
En somme, j’ai la pêche, et mon cerveau ne peut pas penser à des choses trop développées. Ce n’est absolument pas lié à la bouteille que je me suis enfilé pendant le match.
Ah ! Potter ! Le beau Potter ! Potter ! Hou, hou !
Il me regarde bizarrement. Pourquoi ?
Je sautille gaiement. Ben qu’est-ce qu’il a ? Un balai là où il faut pas ?
Allez, je me dévoue pour l’aider ! Je le prend par le visage, l’attire à moi, l’embrasse, le relâche et commence à sauter encore une fois. Il a l’air tout choqué… C’est alors que je suis en l’air que je me rends compte soudain de ce que je viens de faire. Une demi seconde plus tard, je me retourne et le regarde, complètement effarée.
-Je… je…
Il soupire.
-Bien, miss Malfoy, nous allons aller dans mon bureau.
Merde, merde, merde. Parmi toutes les choses idiotes que j’ai fait dans ma vie, celle-là est pas loin d’être l’une des plus grosses.
Potter ne dit rien, me fait juste entrer dans son bureau sans rien dire.
Je le regarde, bien décidé à ne rien dire (pour une fois…).
-Alors ? Dit-il en s’asseyant sur le coin de son bureau.
-Alors quoi ? je demande.
-Qu’avez-vous à répondre pour justifier votre comportement ?
-Heu, en fait, c’est juste un hasard, le truc, c’est que le Stade a gagné, et vous étiez là, et…heu, en fait, vous aviez l’air mal à l’aise, et pis, la bonne humeur m’a rendu euphorique, et heu, comment dire ? En fait, c’est juste un hasard, une erreur de calcul, je veux pas dire que je vous ai confondu avec un autre, mais…Je commence à débiter d’une traite
-Ho, ho… Zen !
Je lui fais un grand sourire angélique.
-Je suppose que cet arrière goût d’alcool y est sans doute pour beaucoup, aussi…
Je lève les yeux, l’air innocent.
-Alcool ? Vous pensez ?
Il hausse un sourcil.
-En attendant, vous accumulez les coups de chance, imaginez si une personne passait par là… d’autant plus que c’est la deuxième fois, et…
-Attendez, c’est pas la même chose !
-Ha bon ?
-Ben non, la première fois, c’est vous qui avez commencé !
Il a l’air perplexe.
-Je ne pense pas, non.
-Ah si ! C’est pas mon genre de faire ce genre de truc…
-Qu’est-ce que vous venez de faire à l’instant ?
-Si j’ai pas bu avant, c’est pas mon genre d’embrasser le premier venu. Or, ce jour là, j’était aussi peu imbibé qu’un sopalin® propre. C’est de votre faute.
-Parce que c’est mon genre, d’embrasser des jeunes élèves ?
-Les stars, ca aiment jouer au bad boy…
-Non, mais vous êtes sérieuse ?
-Vous en faites pas, j’en parlerai pas, mais j’y suis pour rien.
-C’est vous qui m’avez embrassé.
-Sûrement pas.
-Bien sûr que si. C’était pas fait exprès, vous ne vous êtes pas contrôlé, et c’est tout.
-Vous vous jugez à ce point irrésistible ? Ca en est pathétique.
-La preuve, regardez ce que l’alcool vous a poussé à faire.
-J’aurais roulé une galoche au premier venu !
-C’est la première chose que vous avez faite après votre match ? Où l’avez-vous regardé ?
-Dans la salle sur Demande, mais je ne vois pas l’intérêt de…
-Et vous voudriez me faire croire que vous n’avez croisé personne entre la salle sur demande et l’endroit où nous nous sommes croisé, soit quatre étages et une bonne trentaine de couloirs plus loin ?
J’ouvre la bouche, puis la referme.
-Ca ne change rien au problème, tout est de votre faute ! Je déclare soudain, furieuse contre cet arrogant insupportable.
-Sûrement pas !
-Si !
- Non ! Reconnaissez une bonne fois pour toute que c’est vous qui m’avez embrassé, et c’est tout !
-Je ne suis absolument pas attiré par vous ! Je scande avec conviction.
-Vraiment ?
Et, soudain, je me retrouve dans ses bras, mes lèvres sur les siennes.
Vu comme ca, c’est vrai que…
La surprise passée, je commence enfin à réagir. Il passe un bras autour de ma taille, mes mains vont dans ses cheveux.
Bon, d’accord, j’avoue tout, cet homme me rend dingue tellement il est beau… Et il embrasse comme un Dieu !
Je ne saurais dire combien de temps on reste, appuyé sur son bureau, à nous embrasser comme si nos vies en dépendaient. Et soudain, il s’éloigne brusquement, les yeux écarquillés.
-C’est pas vrai, j’ai pas fait ca ! Merde ! jure-t-il doucement.
Et avant que je n’aie le temps de réagir, je me retrouve soudain à la porte de son bureau après qu’il se soit excusé.
J’ai froid.