Je relisais Huis Clos de Sartre, et soudain l'inspiration m'est venue...et puis j'en avais un peu marre des couples traditionnels et des grands sentiments, des amoureux qui se crient "je t'aime mon amour, même la mort ne pourra nous séparer"! Donc voici ma manière de protester contre la dictature de l'eau de rose (vous allez dire que je peux parler, étant donné qu'il est possible que cette fic tourne aussi à la romance...j'essaierai de me restreindre autant que possible)
Ca commence selon le point de vue de Bellatrix, puis je repasse à une focalisation neutre...
Bonne lecture!
J’ai mal. J’ai mal. J’ai mal.
Il n’y a plus aucun doute, je suis entière. Il n’y a pas un seul centimètre de peau que je ne sente pas de manière exagérée…douloureuse. Très douloureuse. La prochaine fois que je le vois, je le tue.
A trois j’ouvre les yeux. Courage. Un…deux…
…Trois ! Pour ce qu’il y a à voir, je pourrai tout aussi bien les refermer. Ce n’est que le plafond grisâtre d’une cellule rongée par l’humidité. Déprimant. Mais ne nous arrêtons pas aux détails. Seconde étape : je me lève.
Comme le serviteur obéissant que je lui ai appris à être, mon corps obéit. Non sans quelques protestations. Après tout, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’un misérable gardien d’Azkaban sache effectuer à la perfection des sorts de guérison. Mes yeux se rétrécissent soudain : à moins qu’il ne l’ait fait exprès…pour que je sente encore la douleur de ses coups. Je vais le tuer.
Avec application, j’exerce toutes mes articulations. La douleur peu à peu s’atténue. Je termine par mes mains, que j’ouvre et referme plusieurs fois. Je me souviens parfaitement du craquement de mes phalanges sous son pied, juste avant que je ne perde entièrement conscience. J’ai encore le cri de rage de Rodolphus qui résonne dans mes oreilles.
Rodolphus…si j’avais été sage, si je n’avais pas essayé de tuer ce pauvre gardien, peut-être que l’on nous aurait laissés ensemble. Il n’a jamais été un grand causeur, mais au moins ça m’aurait fait de la compagnie. Si l’ennui avait été trop grand, que nous n’ayons plus pu nous supporter, au moins j’aurais pu m’occuper à le rendre fou par ma méchanceté (il aurait fait la même chose, évidemment…nous nous ressemblons tant !). Je suis sûre que j’aurais gagné.
En attendant, il faut bien admettre que le bilan n’est pas très positif : pas de Rodolphus, et je suis enfermée dans une crasseuse et sordide cellule d’Azkaban, avec comme seule perspective pour le reste de mes jours ces mêmes murs grisâtres, les visites épisodiques des Détraqueurs, et la vindicte d’un gardien de prison frustré. Ennui, désespoir, douleur. J’ai vingt-deux ans. Je peux encore espérer – redouter – vivre une cinquantaine d’années…
Une soudaine vague de détresse s’abat sur moi. Je ne peux pas vivre ainsi. Si seulement il y avait ici quelque chose de coupant pour m’entailler les veines…Ce serait fini.
Rien ne peut être pire que ma situation : seule dans ma cellule pour les décennies à venir, destinée à devenir folle, insensiblement, à cause de la solitude… Je suis en Enfer.
C’est alors que je lève les yeux.
Je révise mon jugement : il peut y avoir pire que ma situation d’il y a quelques minutes, il y a ma situation actuelle. Merlin je ne peux pas y croire.
Non, non, non, non, non, non !
L’Enfer, c’est les autres. C’est je ne sais plus quel auteur Moldu qui a dit cela. Honte sur moi, mais je dois bien reconnaître que pour une fois, les vers de terre ont raison.
Dans la cellule d’en face, ce que j’avais pris pour une vieille couverture miteuse, c’est…lui. Mon cousin détesté.
Sirius.
Je suis maudite : à ce moment précis, il lève les yeux. Je suppose qu’il va vouloir parler. Il a toujours été en manque d’affection… Qu’il crève.
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« Sirius »
Le ton de Bellatrix n’avait rien d’amène. Mais ils n’allaient pas rester pendant des heures à se contempler en chiens de faïence ; ils étaient des gens civilisés, tout de même ! Sirius devait bien avoir quelques restes de bonne éducation…
« Bellatrix »
Il jeta son nom comme un crachat. Son agressivité ne toucha cependant pas le moins du monde la jeune femme, bien au contraire : un sourire que certains n’auraient pas hésité à qualifier de sadique étira ses lèvres, alors qu’elle s’approchait des barreaux d’un air provoquant :
« Si tu pouvais te voir, cousin. Tu fais peur à voir. Quelle déception pour la population féminine de Poudlard ! »
« Je n’aurais jamais cru que tu étais sensible à mon charme, Bella. »
« Dans tes rêves », siffla-t-elle entre ses dents.
Il y eut un nouveau silence, lourd d’animosité, que vint enfin rompre Sirius d’un ton presque mondain :
« Je vois qu’ils ont enfin fini par t’attraper. Je devrais sans doute m’en réjouir, mais je dois avouer qu’en ce moment précis j’ai quelques difficultés… »
« J’ai toujours su que tes intérêts particuliers te tenaient plus à cœur que le bien commun, malgré toutes tes dénégations. »
Mais il continua comme s’il ne l’avait pas entendue :
« Je suis un peu déçu cependant. La plupart des Aurors sont des incapables, et pourtant tu t’es faite avoir. Il semblerait que je t’ai surestimée. »
« Essaye un peu de te tirer des pattes d’Alastor Maugrey, et tu pourras parler », pensa Bellatrix. Mais elle ne le dit pas tout haut. A la place, elle susurra avec un sourire qui aurait du le rendre méfiant :
« C’est que j’étais prise dans une occupation tellement passionnante… »
« A savoir ? Egorger des enfants ? »
Le sourire de Bellatrix s’élargit, s’apparentant étrangement à celui d’un requin :
« Pas exactement. Je m’amusais à torturer Frank Longdubat et sa femme. Tu les connaissais, je crois ? »
Le regard qu’il lui lança était de pure haine. Ses mains serrèrent si fort les barreaux que ses jointures blanchirent :
« Tu me dégoutes. Si jamais je sors de cette cage, je te jure que… »
« Mais, mon cher cousin, tu ne risques pas de sortir de cette « cage » avant bien longtemps. »
Il s’était repris un peu, et lui lança avec un sourire mauvais :
« Tout comme toi. »
Bâtard. Comme si elle pouvait l’oublier… Elle lui jeta un regard plein de rancune, alors que son expression était redevenue glaciale. Il finit par lui dire d’un ton agacé :
« Au moins débarrasse-toi de ce sang. »
Elle eut l’air surprise, puis suivit son regard sur son bras droit. Du sang séché recouvrait sa peau à partir du coude jusqu’à l’épaule, puis la tache reparaissait au niveau de son col.
« Quoi, la vue du sang des enfants que j’ai égorgés te gêne ? Petite nature… »
Il n’y avait nul besoin pour lui de savoir que le sang qui la recouvrait était le sien. Si l’idée des meurtres qu’elle avait commis le répugnait, elle n’allait pas se priver pour apparaître la plus ignoble possible…
Sur un coup de tête, elle enleva la chemise de son uniforme de prisonnier et, sans se soucier de l’image qu’elle offrait aux regards, se mit à doucement frotter pour que le sang se décolle, juste à la naissance de ses seins. Elle n’avait jamais été très pudique…
Au bout d’un moment, elle releva la tête vers Sirius qui la regardait, les yeux exorbités. Elle ne lui était pas tout-à-fait indifférente, il fallait croire. Son regard descendit un peu plus bas, où elle distingua un léger renflement au niveau de l’entre-jambe. Elle eut un sourire :
« Je ne savais pas que je te faisais de l’effet, cousin… »
Son visage se ferma aussitôt, et il répondit :
« Tu es un bout de viande assez attrayant, je dois l’admettre. C’est sans doute parce que je n’ai pas vu de femme depuis plusieurs mois… »
Bellatrix se retint de se mordre la lèvre. Elle ne trouvait rien à répondre à cela. Autant l’idée de mettre son cousin mal à l’aise lui plaisait, autant celle de n’être qu’un moyen pour lui d’assouvir sa libido ne présentait aucun attrait. Elle remit sa chemise, sous le sourire moqueur de Sirius, ravi de l’avoir réduite au silence.
Elle se préparait à lui lancer une remarque bien sentie lorsqu’ils entendirent le pas lourd de gardiens s’avançant dans le couloir. Ils s’arrêtèrent à leur niveau. Le gardien-chef – celui que Bellatrix avait en vain tenté de massacrer – se tourna vers la jeune femme et lui dit avec un sourire hideux :
« Pas pour toi, ma belle, mais bientôt, je peux te l’assurer… »
Il saisit le trousseau de clefs et ouvrit la cellule de Sirius. Celui-ci s’était reculé jusqu’au mur du fond, les traits livides. Bellatrix lut avec dégoût la peur dans ses yeux. Elle avait envie de lui hurler : « sors de là, sois un homme ! Fais honneur à notre nom, pour une fois ! ». Le rire du gardien sembla comme un écho à ses pensées :
« Allez, Black, viens par ici ! Fais pas ton timide, tu sais bien qu’ils t’attendent… »
Les deux autres se saisirent de lui, chacun par un bras, et le traînèrent hors de la cellule. Il ne montra aucune résistance ; c’était comme s’il était un corps privé de toute vie. Bellatrix regarda le groupe s’éloigner dans le couloir. Mais, n’y tenant plus, elle demanda :
« C’est qui « ils » ? Ceux qui l’attendent ? »
Le gardien-chef se retourna, et eut à nouveau ce sourire qui lui donnait envie de casser une à une toutes se dents jaunes :
« Les Détraqueurs, ma beauté… »
Un peu court, j'admets. Mais je vous serai éternellement reconnaissante si vous laissiez une toute petite, petite review... Please (yeux larmoyants)??